Algérie

Dernier tour de table



Dernier tour de table
Et l'on nous propose de réécouter Yazid Zerhouni, l'une des personnalités reçues cette semaine à la présidence de la République dans le cadre des consultations sur la révision de la Constitution entamées par le pouvoir, sous la conduite d'Ahmed Ouyahia. Perplexe, l'opinion publique subit les déclarations de ces hommes politiques d'un autre âge, exposant leur vision de l'avenir et leurs propositions sur les mécanismes à mettre en place pour construire un Etat de droit.La seule fois où l'ex-ministre de l'Intérieur avait pu marquer l'opinion par une déclaration politique, ce fut lorsqu'il demandait à connaître ses prérogatives plusieurs mois après son installation, en 2010, au poste de vice-Premier ministre. Les participants à ces consultations connaissent mieux que le commun des citoyens le caractère fourbe du pouvoir, pour en avoir subi la violence de son fonctionnement interne et l'absence totale d'états d'âme dans l'instrumentalisation des carrières de ses éléments les plus fidèles. C'est, d'ailleurs, le cas de la personnalité chargée de conduire ce chantier de la révision constitutionnelle, éjectée l'année dernière, dans des circonstances humiliantes, d'un parti dont il avait pourtant fini par constituer l'identité politique et la vitrine médiatique.Il a été rappelé au c?ur du pouvoir lorsque l'équipe en place a décidé de se maintenir en dépit d'un tableau clinique au rouge. Cette illusion de dialogue pour asseoir un prétendu consensus n'est en fait qu'un dernier tour de table des anciens dignitaires d'un régime qui se sait finissant. Le reste des participants attirés par la table rédhibitoire d'Ouyahia est constitué de modestes ambitions pour reconquérir des secrétariats d'Etat perdus ou découvrir les rouages et les fastes d'un régime devenu une curiosité mondiale et un boulet pour la communauté nationale.En organisant de fausses consultations sur des dispositifs politiques censés engager l'avenir du pays, le pouvoir est en train de précipiter sa chute. Son absence de crédibilité est plus ravageuse que la corruption qui le mine. A travers ses man?uvres affichées ou sournoises, le clan qui tient les rênes du pouvoir travaille paradoxalement pour le rapprochement des forces politiques de l'opposition, longtemps concurrentes, parfois antagoniques.La décrépitude du régime, même s'il a mis en avant des figures chargées d'entretenir l'illusion de la vigueur et de l'action, est un signal, sinon une mise en demeure aux organisations politiques qui s'inscrivent dans une opposition pacifique, à unir leurs forces après des décennies de luttes bâties sur des options partisanes. La décomposition historique du régime s'accompagne d'une évolution non moins historique de l'opposition dont les différents compartiments se sont rendus à l'évidence de l'impossibilité d'une vie politique plurielle et démocratique sans le dépassement d'un système qui, plus d'un demi-siècle après l'indépendance, n'a toléré que l'alternance des clans au pouvoir et combattu toute alternative portée par la population.




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