Algérie

Dérive à l'iranienne



Les dernières élections présidentielles iraniennes, qui se sont soldées par la victoire contestée de Mahmoud Ahmadinejad, ont provoqué une sorte de déclic dans la société iranienne. Du jamais vu depuis la révolution déclenchée par l'ayatollah Khomeyni en 1979.Tout est parti du camp des trois adversaires du président sortant qui ont constaté, avaient-ils dit, une fraude massive digne de tous les pays du Tiers-Monde. On aurait dit que c'était l'étincelle qu'attendaient les Iraniens. Ces derniers sont alors sortis en masse pour dénoncer les dérives du régime, l'absence de démocratie, la répression qui touche toute la société, la misère. Le monde entier s'est mis à parler de deuxième révolution. Face à la déferlante, le pouvoir des mollahs a paniqué. Au lieu de calmer le jeu, de tendre la main aux contestataires et, pourquoi pas, de s'engager à refaire les élections, il a choisi la brutalité. Les pasdarans et les bassijs, ces miliciens piliers du système, ont déversé toute leur haine sur leurs concitoyens, tuant des dizaines de citoyens et blessant des centaines d'autres. L'un des candidats malheureux à l'élection présidentielle a révélé que des hommes et des femmes ont été violés dans les prisons, ce qui est en principe inimaginable et inadmissible dans un Iran qui se veut puritain et inattaquable sur le plan des m'urs. L'hypocrisie du système a été mise à nu. Malgré la réprobation internationale, Ahmadinejad a maintenu la répression aveugle. Appuyé avec vigueur par le guide suprême, l'ayatollah Khamenei, il a décidé d'aller jusqu'au bout de sa logique en organisant des procès spectacles qui rappellent étrangement les procès staliniens avec des mises en scène ridicules. Des « aveux » (rappelant ceux du chef du Toudeh Kanoury disant à la télévision qu'il était un agent de la CIA et sa pendaison peu après), la main de l'étranger et, pour faire bonne mesure, on nous présente une dangereuse Mata Hari, en réalité une pauvre étudiante française férue de civilisation persane. Pourtant, jamais les manifestants n'ont remis en cause la République islamique. En outre, les trois adversaires de Ahmadinejad sont des dignitaires du régime qui n'avaient aucunement l'intention de renverser le système. Sans doute, le pouvoir actuel a eu peur de la rue. Il se voyait déjà emporté par la tourmente, ce qui explique sa brutale réaction. C'est là un grand aveu de faiblesse qui laisse supposer que la République islamique est en train de vaciller sur ses fondements. Il faut dire que la pesante tutelle des mollahs n'a que trop duré et que le peuple iranien, dépositaire de la belle civilisation persane, a besoin de changement et a besoin de respirer. La chape de plomb a trop pesé.


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