Si certains médicaments de cette liste sont mis sous la loupe au niveau mondial, rien ne justifie leur déremboursement, selon les experts cliniciens.Une liste de près d'une dizaine de médicaments de différentes classes thérapeutiques est proposée au déremboursement par le Comité du remboursement du médicament (CRM), présidé par le docteur Bourkaïb, directeur de la sécurité sociale au ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Des notifications ont été donc envoyées aux différents laboratoires qui commercialisent ces produits pour information, tout en leur offrant la possibilité d'introduire des recours. Ce qui a soulevé de vives réactions et de l'inquiétude au sein de la communauté médicale, notamment pour certains produits utilisés jusque-là dans certaines pathologies lourdes et dont l'efficacité a été démontrée, à savoir le service médical rendu.
Si certains médicaments de cette liste sont effectivement mis sous la loupe au niveau mondial et dont certains ont été déremboursés dans leur pays d'origine ou simplement retirés du marché pour des effets secondaires démontrés comme certaines pilules (Diane 35) et un antidiabétique (Glucovance), rien ne justifie le déremboursement, selon les experts cliniciens, des autres médicaments essentiels. Un de ces produits est le traitement prescrit dans l'hypertrophie bénigne de la prostate (BPH), une maladie qui touche les hommes à partir de 50 ans.
Le président de la Société algérienne d'urologie, le Pr Dahdouh, chef de service d'urologie au CHU de Constantine, a estimé qu'il est inconcevable que les experts cliniciens ne soient pas associés à de telles propositions. «Notre souci est bien évidemment la bonne prise en charge de nos patients et aussi maintenir l'équilibre budgétaire de nos caisses de sécurité sociale, mais il se trouve que de telle décisions ne servent ni l'un ni l'autre», regrette le Pr Dahdouh. Et de préciser : «C'est justement pour cela que nous réagissons pour tenter de corriger ces décisions intempestives et pas suffisamment réfléchies. Je me suis permis d'écrire aux autorités concernées par ce dossier et nous souhaitons améliorer ce qui peut l'être», a-t-il ajouté avant d'indiquer que le traitement en question (Permixon), qui n'a ni générique ni équivalent, a montré son efficacité avec moins d'effets secondaires et à moindre coût et des études internationales le prouvent.
Le Pr Dahdouh souhaite que les experts cliniciens soient associés à de telles décisions, notamment dans la délivrance des autorisations de mise sur le marché des médicaments. Un autre produit d'une classe thérapeutique qui a aussi fait réagir les cliniciens est un anti-histaminique pour lequel des courriers ont été adressés au ministère de la Santé et à celui du Travail et de la Sécurité sociale. Les spécialistes en ORL s'interrogent sur les motivations de cette intention de déremboursement. Ce produit présenté sous forme de deux dosages pour adultes et enfants en comprimés et sirop est bien toléré chez les patients, notamment celui présenté sous forme de sirop et les comprimés à 5 mg. «Il y a un service médical rendu au même titre que tous les autres anti-histaminiques présents sur le marché», a-t-on noté.
De son côté, le directeur de la sécurité sociale et du CRM, le Dr Bourkaïb, estime que ce comité est dans son rôle de procéder à la réévaluation du service médical rendu des médicaments sur la base d'études et de données mondiales, dont la dernière méta-analyse concernant le Permixon. Laquelle étude réalisée dans un centre aux Etats-Unis où le Permixon n'est pas commercialisé, précisent les experts cliniciens, exclut justement ce médicament qui est l'extrait hexanique du Serenoa repens.
Le Dr Bourkaïb signale que pour le moment, rien n'est encore décidé et la voie du recours est ouverte. «Il ne s'agit que d'un avis émis. Les laboratoires concernés sont invités à la concertation et ils sont même conviés à présenter leurs recours à la commission autour d'une table. Certains recours sont en cours de traitement et le CRM est dans l'obligation d'alerter les laboratoires», a-t-il précisé avant de signaler que «la commission peut faire appel à des experts cliniciens, mais ce n'est pas obligatoire. C'est aussi le cas pour les associations de professionnels».
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Posté Le : 09/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamila Kourta
Source : www.elwatan.com