Situé au côté Est de la Grande Mosquée de Tlemcen, Derb Sidi Saâd
est un passage qui lie la Rue de la Paix au Boulevard Colonel Lotfi.
A l’entrée de l’impasse, une petite «mesria» attire l’attention du passager,
son emplacement stratégique la situe juste sur les 5 arcades du derb, et bien
symétrique avec le minaret de la Grande Mosquée, lui permet de dominer le
passage. La «mesria» en question est un bureau appartenant à Monsieur
Belkacem qui exerce la profession d’écrivain public, il est en même temps
un des propriétaires de l’immeuble.
Si Belkacem a restauré son petit espace constitué du derb aux 5 arcades en forme
de voûtes, de la «mesria» et des petites échoppes occupées par des artisans.
Cette initiative personnelle de la part d’un citoyen reste à encourager et à en
féliciter. Si Belkacem, qui nous a révélé : «j’ai réagi de la sorte par intérêt
d’abord personnel, puisque écrivain public est mon gagne-pain, et notre petit
immeuble avait besoin d’être retapé, ensuite, par intérêt public car, j’ai pu réanimer
le Derb Sidi Saâd comme autre fois ;
en plus de ma fonction nous dit Si Belkacem, j’ai loué les miniscules
échoppes à des artisans tailleurs dont les activités se marient parfaitement
avec l’ancienneté et l’architecture de l’impasse, notamment un tailleur de
gandouras féminines, son voisin, de djellabas masculines en «wbar» (1), il
ne manque que le babouchier !
De la «mesria de Si Belkacem, on domine bien la vue de l’impasse ; à droite
de sa fenêtre, se dresse la «douira sacrée » de Sidi Saâd. Celui-ci est un savant
éminent, de son vrai nom Saîd ben Saâd, plus connu sous le nom d’ibn
Saâd. Il est né dans la ville de Tlemcen,il est le disciple d’un grand nombre de
professeurs, entre autres, l’imam, la perfection des savants Sidi Mohamed
Ibn El-Abbès, le Hafid Ettanassy et l’imam cheikh Senouci.
Sidi Saâd a bien laissé des oeuvres dont nous citons quelques unes :
1/ l’astre resplendissant touchant les vertus
des amis de Dieu.
2/ prière adressée à Dieu pour qu’il bénisse
le Prophète
3/ parterre de jonquilles ou les vertus des quatre saints de ces derniers temps
(1027).
Ibn Saâd mourut au Caire en mars/avril 1496. Dans la douira où il
habitait et méditait certainement car il était près de la Grande Mosquée et du
saint Sidi Bellahcène El-Ghomari (2).
Dans la douira sacrée, se dresse aujourd’hui makam Sidi Saâd, qui faisait
partie du quadrilatère sacré de la Grande Mosquée et qui appartient actuellement
aux biens «waqfs»; c’est un peu comme le makam d’Abdelkader
Djillani à El-Obbad qui, lui aussi, mourut à Baghdad et on lui construisit une
«kouba» en son honneur.
Voici les premiers vers d’un poème composé en l’honneur de Sidi Saâd par
un savant andalou (1028) :
«Lorsque tu iras à Tlemcen, dis à son prince Ibn Saad :
Ta science est supérieure à toute science,
et ta gloire surpasse toute gloire».
Si,un jour d’été, vous sentez une de ses
soifs, je vous conseille de vous rendre
au Derb Sidi Saad, où 2 jarres jumelles
se dressent à l’entrée de l’impasse et qui
rassasiront la soif de tout passant : c’est
la baraka saâdienne !
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 02/12/2010
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : KAOUADJI / DIB Faïza, DEA en Lettres modernes - PARIS
Source : tlemcen.e-monsite.com