Algérie

Dérapage du dinar, financement non conventionnel et tensions budgétaires



Cette contribution est une brève note sur le dérapage du dinar, le niveau des réserves de change et la problématique du déficit budgétaire.La solution réside en de nouveaux mécanismes de régulation conditionnant la dynamisation de la production locale dans des segments à valeur ajoutée au sein de filières internationalisées ainsi que des mécanismes de contrôle démocratiques reposant sur une plus grande moralité de ceux qui dirigent la cité. Cela rend urgent l'approfondissement de la réforme globale, notamment réhabiliter l'entreprise et son fondement le savoir, la réforme du système financier de distribution de la rente, inséré aux réseaux internationaux, actuellement de simples guichets administratifs, où les banques publiques contrôlent plus de 85 % du crédit octroyé, les banques privées malgré leur nombre étant marginales.
Des partenariats gagnant/gagnant pour pénétrer les marchés internationaux sont nécessaires notamment en direction de l'Afrique, continent d'avenir et à enjeux multiples, où l'Algérie peut avoir des avantages comparatifs. L'Algérie avec l'amenuisement de ses recettes d'hydrocarbures peut-elle continuer à généraliser ces taux d'intérêt bonifiés au profit de jeunes dont la majorité n'a pas la capacité d'être entrepreneurs et qui ne pourront pas rembourser même le principal ' Un bilan des avantages et des résultats des bénéficiaires des différentes agences d'investissement (exonération TVA, taux d'intérêt bonifiés) devient urgent afin d'éviter de dépenser sans compter pour une paix sociale fictive grâce, toujours, à une rente des hydrocarbures éphémère, laquelle, si elle est bien utilisée, devient une bénédiction, mais mal utilisée, elle est, par contre, une malédiction, source de corruption et de gaspillage.
Toutefois évitons la sinistrose. La situation est différente de la crise de 1986 avec le niveau relativement élevé des réserves officielles de change, bien qu'en baisse et le niveau historiquement bas de la dette extérieure pouvant surmonter les «chocs» externes, mais transitoirement, sous réserve d'une nouvelle gouvernance centrale et locale et d'une réorientation urgente de toute la politique socio-économique actuelle.
Le cas contraire, les réserves de change horizon 2020 tendront vers zéro avec un retour au FMI et des conditionnalités draconiennes et une dévaluation importante du dinar entraînant la hausse des taux d'intérêts des banques si elles veulent éviter leurs faillites. En résumé, les réserves de change étaient estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010, 188,8 milliards de dollars en 2011, 190, 66 en 2012, 194 milliards de dollars en 2013, 179,9 milliards de dollars en 2014, 114 milliards de dollars fin 2016 et à 100 milliards de dollars en novembre 2017, le niveau entre 2018/2020, dépendant fondamentalement de l'évolution du cours des hydrocarbures, les sections hors rente embryonnaires, dépendant des réformes structurelles.
En effet, les recettes en devises directement et indirectement avec les dérivées à plus de 98%, proviennent des exportations d'hydrocarbures, les exportations hors hydrocarbures non compris les dérivées d'hydrocarbures sont en fluctuent entre 300/ 500 millions de dollars. Le taux de croissance en 2018 via la dépense publique, principal moteur de l'économie en baisse selon le FMI, taux qui devrait être inférieur à 1% inférieur au taux de croissance démographique et donc le taux d'emploi avec un taux de chomage selon le FMI dépassant les 13% ainsi que les subventions généralisées non ciblées qui permettent d'amortir le taux d'inflation entre 6/7% en 2017, ainsi que le montant des réserves de change qui conditionnent la valeur officielle du dinar à plus de 70%, sont permis en grande partie à Sonatrach.
Car l'économie algérienne est dominée par la sphère informelle et le tissu productif public/privé est embryonnaire 95/97% de PMI/PME peu innovantes. Le financement non conventionnel, outre qu'il contribuera par le biais de l'octroi de crédits à accroître les importations avec le risque de réduire les réserves de change et non maîtrisée, pouvant accélérer le processus inflationniste qui jouera comme une épargne forcée au détriment des revenus fixes, et donc étant impôt indirect.
En ce mois de décembre 2017, Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach. Le temps en économie ne se rattrapant jamais, face à cette mondialisation irréversible, cela pose l'urgence, étant une question de sécurité nationale, de profondes réformes structurelles, supposant un consensus national, afin de dynamiser les sections hors rente dans le cadre des valeurs internationales.
L'optimisme béat de certains responsables inconscients de la gravité de la situation socio-économique, qui risque de déstabiliser le pays à terme, n'inaugurent rien de bon nous faisant penser aux pronostics faux des anciens dirigeants des années 1986, pensant que des solutions monétaires, schémas importés, peuvent résoudre les problèmes du fonctionnement de la société. En fait, il faut recadrer le débat, et par un langage de vérité, s'attaquer à l'essence et non aux apparences solutions à des problèmes mal posés.
(Suite et fin)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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