Algérie

"Depuis le 22 février 2019, le peuple algérien s'est autonomisé"



Le Dr Mouloud Lounaouci, l'un des principaux animateurs du Mouvement culturel berbère (MCB) d'Avril 1980, ainsi que l'ancien président de l'APW de Tizi Ouzou, Mahfoud Belabbas, ont animé, jeudi après-midi, au centre culturel Achour-Idir de Baccaro (Tichy), un café littéraire autour du thème "Un projet pour l'Algérie".Lors de leurs interventions, les deux conférenciers sont longuement revenus sur l'historique de la révolution pacifique en marche qui célébrera, aujourd'hui, sa première année d'existence, avant d'esquisser les contours de la nouvelle république qu'ils espèrent voir naître le plus tôt possible. L'ancienne figure emblématique du MCB soulignera d'emblée que la date historique du 22 février 2019 aura permis au peuple algérien de "s'autonomiser" et de se libérer héroïquement du joug du pouvoir.
Abordant le bilan d'une année de mobilisation sans faille, l'ex-détenu du Printemps berbère affirme que la révolution du sourire a réussi à arracher des acquis non négligeables. "Depuis le déclenchement de ce processus révolutionnaire pacifique, le pouvoir chancelle, le système s'effrite et ses clans s'entredéchirent", a-t-il soutenu. Néanmoins, l'orateur estime que le hirak devrait penser à mieux s'organiser autour de ses élites, lesquelles sont appelées à fédérer toutes les initiatives politiques et à rassembler toutes les énergies ?uvrant pour un changement démocratique en Algérie.
"Le concept de ?peuplecratie' est une forme de populisme qui n'aboutit à rien. Il n'existe pas de nation moderne ni de République démocratique sans l'implication de l'élite et de partis politiques", a-t-il martelé, avant de déplorer qu'"au bout d'une année de manifestations, la marche du vendredi devient un rituel". Pour son coanimateur, Mahfoud Belabbas, ce rendez-vous hebdomadaire s'apparente plutôt à une "psychothérapie".
Afin d'accélérer la chute du régime, les deux conférenciers invitent les hirakistes à sortir des sentiers battus. Ainsi, le Dr Lounaouci plaide pour "une révolution de conscientisation du peuple, à travers l'école et la mosquée, considérées comme les meilleurs outils de refondation de l'Etat national et de la nation". Pour ce faire donc, explique-t-il, "il s'avère vital d'engager une réforme du système éducatif et de dépolitiser le discours religieux".
Car, selon lui, l'arabisation de l'enseignement et les différents programmes scolaires conçus au lendemain de l'indépendance n'ont qu'un seul objectif : "Médiocriser le peuple." Et d'ajouter : "L'idéologie arabo-musulmane est synonyme de soumission." Plaidant pour une démocratie moderne, progressiste et citoyenne, le Dr Lounaouci se dit persuadé qu'"il ne peut y avoir de démocratie sans citoyenneté".
Toutefois, il tient à préciser que "la majorité démocratique se doit de respecter les droits de la minorité". "Non à la tyrannie de la majorité !", a-t-il insisté. Par ailleurs, le conférencier reviendra sur la nature du régime algérien qui est basé, selon lui, sur l'Etat jacobin. "Le pouvoir algérien, qui s'inspire du modèle jacobin, est à la fois omnipotent et omniprésent. Aujourd'hui, il faut savoir qu'il n'y a que la France et ses anciennes colonies qui demeurent des Etats unitaires centralisés", a-t-il souligné.
Quelle alternative alors pour ce système politique qui a montré ses limites ' Le Dr Lounaouci préconise, à ce titre, "un Etat unitaire régionalisé", appelé aussi "Etat-régions". Un projet politique cher au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui, de tout temps, a plaidé en faveur d'une "régionalisation modulable".
Selon le conférencier, hormis les fonctions régaliennes ( Défense nationale, Trésor public, diplomatie) qui seront du ressort de l'Etat central, représenté par un gouvernement national et un Parlement national, tous les autres pouvoirs seront confiés aux gouvernements et Parlements régionaux. Se projetant dans le futur, le Dr Lounaouci estime que l'Algérie de demain pourra jouer un rôle prépondérant dans une organisation supranationale qui regroupera l'ensemble des pays d'Afrique du Nord, une région anciennement appelée "Tamazgha".

K. OUHNIA


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