Algérie

Dépolitiser l'école



Dépolitiser l'école
L'organisation de la Conférence nationale sur l'éducation dans un lycée dédié aux mathématiques est en soi un diagnostic premier sur le mal qui ronge l'école algérienne. Les enseignants ne manquent pas de souligner que le coefficient des mathématiques est inférieur à celui de la langue arabe, notamment dans le palier moyen.Les élèves ont fini par maîtriser ce système régressif en préférant miser sur les matières littéraires ou l'éducation religieuse pour pouvoir contrebalancer les mathématiques ou la physique. Les autorités semblent avoir compris l'étendue de la baisse vertigineuse du niveau scientifique dans les écoles, puisque les responsables se résolvent à mettre sur le papier l'exigence d'une réforme urgente dans ce dossier. L'on se souvient du discours du Premier ministre, l'année dernière, rappelant que le développement d'une nation ne se base pas sur la poésie, même s'il avait illustré son propos par une improvisation non contrôlée.Après les nombreuses tentatives de réformer les programmes éducatifs, il serait temps de replacer résolument l'école dans son giron scientifique duquel elle n'aurait jamais dû s'écarter. Mais cette entreprise ne peut pas réussir sans relever un autre défi : délivrer l'école de l'emprise politique. Les spécialistes savent que c'est la cause première de la faillite du système éducatif et ils commencent à l'exprimer publiquement.La crise de l'école algérienne a atteint un tel seuil que l'on doit parler à présent d'un véritable plan de sauvetage. C'est parce que l'école a été gérée depuis des décennies comme s'il s'agissait d'une dépendance du pouvoir ou d'une annexe de la mosquée que l'on se retrouve, aujourd'hui, devant une faillite sans égale dans le Maghreb et dans le monde dit arabe. Le système éducatif a été conçu et mené comme un simple outil de conditionnement de la société, aux seules fins de garantir une quiétude pour le pouvoir en place.La forte teneur religieuse dans les programmes, jusqu'à la lisière du fondamentalisme, n'avait qu'un seul but : empêcher la formation de générations acquises aux idées du progrès, de démocratie et d'ouverture sur le monde, autant de perspectives mortelles pour les pouvoirs autocratiques. Résultat : le monstre intégriste sorti de l'école a failli engloutir la République. Les maux qui minent le système éducatif national sont notoires et les remèdes adéquats sont également à la portée du pédagogue le moins expérimenté, lequel dira simplement que l'école sert à apprendre aux élèves «à lire, écrire et compter».Mais dans un pays globalement sous régime politique, qui combat depuis l'indépendance le projet démocratique, le challenge des pédagogues peut s'avérer une gageure. Il est possible que les vraies réformes dans tous les secteurs de la vie nationale, pas seulement l'école, devraient attendre un renouveau politique au sommet de l'Etat, la fin de l'ère glaciaire et l'instauration d'un système démocratique.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)