Algérie

Déphasage



L'année qui s'annonce sera rude pour les Algériens. Obligés de serrer une fois encore la ceinture, ils seront surtout appelés à supporter la politique austère du gouvernement qui veut limiter son énorme déficit budgétaire par des hausses des prix des carburants. Des hausses qui ne sont pas justifiées sur une durée aussi longue de trois années et qui n'ont pas été observées jusque-là pour un pays exportateur d'hydrocarbures, à moins de vouloir occulter la mauvaise gestion des déficits. D'aucuns au sein du gouvernement, adeptes des hausses de tarifs de certains produits stratégiques, dont les carburants, sans se soucier de leur impact social et sur la stabilité politique du pays, estiment que c'est là un moyen de récupérer ce qui a été concédé sous forme de subventions sociales.Ce schéma dépassé et totalement inapproprié pour un pays comme l'Algérie présente l'inconvénient de ne pas offrir des solutions alternatives, souples socialement, avec une réelle flexibilité sur le plan financier. Le fond du problème est que des groupes comme Sonatrach et Sonelgaz ploient sous le poids d'un énorme endettement, et qu'ils ne peuvent supporter au risque d'imploser, et qui subissent une politique d'investissements absolument éculée qui n'a recours qu'aux financements publics, au lieu d'aller chercher des partenaires et des investisseurs sur le marché international. La hausse des prix à la pompe qui va impacter pour la troisième année consécutive le coût de la vie des Algériens, n'a d'autres raisons que celles de libérer l'Etat, à travers le Trésor, du poids du lourd endettement du groupe Sonatrach et sa filiale Naftal. C'est en quelque sorte une contribution déguisée mais obligatoire des contribuables à une politique de soutien public aux deux mamelles du pays, Sonatrach et Sonelgaz.
Pour autant, si le gouvernement actuel tape fort sur le porte-monnaie des contribuables, en particulier ceux concernés par la hausse des prix à la pompe, et ils sont le tiers des Algériens, il y a également les deux autres tiers qui subissent de plein fouet une politique financière un peu trop simpliste dans ses objectifs, en décidant d'imposer des hausses de tarifs des carburants, sans une étude préalable de ses effets autant sur le pouvoir d'achat des citoyens que sur l'économie nationale en général. Car si une infime partie de produits alimentaires est subventionnée, tout le reste va subir dès le début de l'année et sur tout le premier trimestre des hausses successives de l'ensemble des produits, qu'ils soient alimentaires, industriels, agricoles et, également, la longue chaîne des produits des services (billetterie, restauration, transports,…). En plus simple, la vie sera encore plus chère en 2018 par rapport à l'année précédente.
Certes, le gouvernement, fatalement, admet des concessions comme celle qui voudrait que toutes les hausses de prix soient compensées par une légère revalorisation des salaires. Pas cette fois-ci, car les caisses, selon Ouyahia, sont vides et donc assez vides pour motiver le recours à «la planche à billets». Les assurances du ministre des Finances que la politique sociale de l'Etat «veillera sur les couches sociales les plus défavorisées» ne sera en réalité, devant la déferlante qui s'annonce, qu'un paternalisme déplacé. Une certitude d'un membre du gouvernement loin des réalités sociales, ce qui, en l'espèce, montre le grand déphasage de la politique sociale prônée par le gouvernement et la dure réalité des choses pour la majorité des Algériens. Ceux qui appréhendent déjà l'effet des hausses annoncées sur leur niveau de vie. Car ce gouvernement, comme ses prédécesseurs, n'a pas prévu de coussins d'air pour amortir les effets sociaux indésirables de son impopulaire politique économique.


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