Algérie

Dépasser les discours d'intention


La médecine préventive pérenne doit s'appuyer sur l'amélioration des conditions de vie du citoyen et sur une politique qui prône l'accès pour tous aux meilleurs soins.Où en est la médecine préventive en Algérie' Pour répondre à cette question, des dizaines de médecins nationaux et étrangers se sont donné rendez-vous ce mercredi à la faculté de médecine de Constantine, à l'initiative du service d'épidémiologie et de médecine préventive du C.H.U de la ville.
Un exercice auquel s'est prêté, d'entrée de jeu, le Pr. Djamel Zoughaïlèche, épidémiologiste, qui dira: «Le développement et la promotion de la médecine préventive figurent, il est vrai, dans tous les programmes de santé publique en Algérie, mais pour autant les leviers mis en place pour les appliquer sur le terrain sont loin de donner les résultats escomptés.» Il cite au passage quelques-uns des points faibles déplorés à différents niveaux, notamment l'insuffisance de liens entre les acteurs en lice, l'absence de vision stratégique et d'actions d'évaluation ainsi que le manque de formation de médecins chargés de mettre en place les démarches de prévention et en assurer l'application.
L'accent sera mis également sur quelques-uns des dispositifs lancés par la tutelle pour booster ce secteur: les unités de dépistage en milieu scolaire, les PMI, les centres de vaccination, les unités de médecine préventive, les programmes nationaux de prévention et, cerise sur le gâteau, la récente création, au plus haut niveau du secteur de la santé, d'une direction générale de la médecine préventive.
Le Pr. Jean-Pierre Deschamps, un éminent épidémiologiste de Nancy, s'orientera pour sa part sur un autre terrain autrement plus escarpé. Se basant sur une expérience de plusieurs dizaines d'années, il estime que la promotion d'une médecine préventive pérenne doit, en premier lieu, s'appuyer sur l'amélioration des conditions de vie du citoyen et sur une politique articulée autour d'une stratégie prônant l'accès pour tous aux meilleurs soins de santé et ce quel que soit le rang social des citoyens.
Et d'ajouter: «Il faut le dire franchement, les citoyens issus des couches les plus défavorisées sont très loin de bénéficier des mêmes qualités de soins que les personnes nanties et de ce point de vue les bilans divulgués officiellement sont éloquents: par rapport aux couches aisées, le taux de mortalité est nettement plus important chez les accidentés de la vie. Quant à l'espérance de vie, elle est en France de 75 ans pour les démunis sociaux contre 85 ans pour la seconde catégorie.»
A noter enfin qu'en marge des travaux de cette conférence régionale, un hommage appuyé a été rendu à trois figures marquantes de la médecine préventive en Algérie, le Dr Ahmed Aroua, ex-recteur de l'université des sciences islamiques de Constantine, le Dr Jean Masseboeuf, militant de la première heure de la cause nationale et ex-médecin-chef de la CNAS de Constantine et le Dr Abdelkrim Ouchfoun considéré comme l'un des porte-flambeaux de la médecine préventive en Algérie.
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