Départ raté

La campagne pour les législatives du 10 mai a commencé sur un air 'timide', sur fond d'hésitation, mais surtout un air de déjà-vu.
Si, pour les traditionnels FLN et RND, le ton est à la continuité, tablant principalement sur le programme présidentiel dont ils ont la charge de la réalisation, campagne oblige, en y assumant les ratages, pour les autres, le premier discours n'a pas été au niveau attendu. Surtout qu'il est empreint de trop de 'déjà entendu', de 'connu', souffrant de pauvreté, de génie et d'innovation.
Cette souffrance réside à la fois dans le stéréotype, un propos calqué, et la déconnection frappante de la réalité et du quotidien du citoyen.
Violence dans les stades, cherté de la vie, chômage, maux sociaux, désespoir, suicides et immolations ; une situation dramatique et dangereuse qui interpelle tout le monde, sauf les politiques, semble-t-il.
Manque d'imagination ' Déficit de rhétorique ' Et dire que les allures offensives de ces derniers jours pouvaient donner à espérer une campagne accrocheuse. Il n'en est rien. À peine l'occupation d'un terrain, depuis longtemps déserté et oublié, avec l'ambiance en moins.
N'ayant pas grand-chose à promettre, il aurait été plus judicieux pour les orateurs d'explorer d'autres pistes, d'autres sujets, pour ne pas dire dossiers, afin d'intéresser le public que de ressasser (et dans quelle langue !) les mêmes certitudes, réalisations et projets qui sont autant de chimères que d'illusions prouvant encore une fois le décalage, le fossé qui existe entre les politiques et le citoyen.
La volonté déclarée de ramener le changement par les urnes risque à ce rythme de s'évaporer dans les envolées lyriques fades dont on ne retiendra que la langue de bois et tout l'héritage qu'il suggère en filigrane.
Le reste des trois semaines donneront peut-être la chance aux nouveaux visages surtout de se faire connaître. L'espoir est permis !
D. B.