Survivre à la maladie ou aux contraintes d'une mauvaise prise en charge
médicale? Le choix n'est guerre facile pour les milliers de malades
insuffisants rénaux, qui se battent depuis des mois, entre la vie et la mort, pour
une négligence dans le protocole de traitement des hémodialyses.
Si sur le plan, prise en charge sociale, les insuffisants rénaux ne se
plaignent pas, sur le plan de la prise en charge médicale, par contre, leurs
inquiétudes pèsent lourdement sur l'état de leur santé.
Ils sont plus de 12.500 malades
recensés à travers tout le territoire national qui endurent le calvaire d'une
hémodialyse non conforme aux normes universelles, qu'ils doivent subir tous les
deux jours pour des séances de 4 heures chacune. Conséquence de cette dure
réalité, c'est toute la vie des malades qui est menacée, nous explique le
porte-parole de la Fédération nationale des insuffisants rénaux (FNIR), à voir
comment leur santé s'est détériorée avec les maladies qu'ils attrapent à cause
de cette négligence. Contacté hier, le représentant de la FNIR fera remarquer
que la majorité des insuffisants rénaux sortent de ces séances d'hémodialyse
avec des hépatites, des maladies cardiaques, des troubles d'estomac, des os
fragilisés… Leurs souffrances sont indescriptibles et nous interpellent, nous,
en tant que membres de la fédération à agir et tirer, encore une fois, la
sonnette d'alarme, sur les mauvaises prestations de services au niveau des
centres d'hémodialyse. «Aucun contrôle, aucun suivi ne sont assurés pour ces
malades qui doivent être traités régulièrement avec le respect du protocole de
traitement», souligne le même responsable. Tel que relevé par le porte-parole
de la FNIR, le malade doit être pesé avant de subir une hémodialyse et c'est en
fonction de son poids et de sa morphologie que le choix du rein artificiel se
fait. Pour un poids X, il faut un rein artificiel Y. La même démarche doit être
respectée pour les enfants, qui eux, doivent subir une hémodialyse pédiatrique.
Or, cette procédure n'est respectée dans aucun centre et ce sont les malades
qui payent les frais d'une telle négligence. «Admis au centre pour éliminer
toutes les charges que comportent leurs corps, les insuffisants rénaux sortent
avec des maladies plus graves encore », dira notre interlocuteur. Cette
situation devient plus complexe pour les patients, lorsque du côté du personnel
soignant, il y a défaillance et incompétence, lance le représentant de la FNIR,
qui n'hésite pas à critiquer le silence du ministère de la Santé, face au
calvaire des ces malades. « Le ministère refuse de nous recevoir. Depuis 2005,
aucun responsable de ce département ne nous a accordés une audience pour nous
écouter », dit-il. Pour faire entendre sa voix, la fédération compte organiser
une conférence de presse, dans les prochains jours, afin de sensibiliser les
pouvoirs publics sur la gravité de la situation. Un communiqué a aussi été
rendu public dans lequel cette organisation parle de dysfonctionnements et de
lacunes existantes dans la prise en charge médicale des malades et ce, malgré
les sommes colossales investies dans ce créneau par les pouvoirs publics. Parmi
ces lacunes, la fédération cite l'absence de réglementation et de guides de
recommandations adéquats, l'inexistence de prévention de la pathologie, de
suivi en amont, inexistence de suivi psychologique, diététique… protocole de
traitement ( hémodialyse ) non conforme aux normes universelles, dialyse
pédiatrique inappropriée, insuffisance des personnels médical et paramédical,
transplantation rénale encore au stade du balbutiement ( inexistence de plan
greffe), institut national du rein et établissement algérien des greffes
tardent à voir le jour, manque de produits stratégiques et immunosuppresseurs,
laxisme et complaisance des personnels concernés, absence totale de contrôle….
«Il est incompréhensible et inadmissible, qu'en 2010, le malade insuffisant
rénal soit devenu un malade lourd à multiples complications et médicalement
budgétivore. Le nombre (passé sous silence) de décès est effarant », est-il
mentionné dans le communiqué.
A ce rythme, estime la
fédération, bientôt, chaque quartier de nos villes et villages aura sa propre
unité d'hémodialyse et nous ne cesserons de compter nos morts. La FNIR, se dit,
de ce fait, disponible pour proposer son concours en vue d'une meilleure
compréhension et appréciation des mécanismes complexes de ces traitements afin d'asseoir
des solutions adéquates et pérennes en la matière.
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Posté Le : 23/02/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokhtaria Bensaâd
Source : www.lequotidien-oran.com