Algérie

Denis Martinez. Artiste peintre



Protection du legs partimonial De passage à Blida, sa ville de résidence en Algérie, Denis Martinez a pu « réserver » quelques moments de son précieux temps afin d?aborder des points relatifs à l?urbanisme sauvage, aux changements constatés au fil des mois et des années vers une défiguration du tissu ancien de la ville. Quelles impressions ressentez-vous de retour au domicile à Blida ? Quand je remonte le boulevard, je constate qu?il y a de la propreté et les enfants tiennent un langage correct. Garder les spécificités de chaque région est une bonne chose? Ah oui ! Les Algériens ont l?impression d?être partout dans la même ville ou chez eux lorsqu?on aborde la situation sur le plan architectural. Les parlers locaux sont là mais il n?existe plus de spécificité architecturale ! Timimoun, Khenchela, Saïda, Blida ou ailleurs : c?est le même cachet. Encore plus : l?Algérien qui va au Maroc ou en Tunisie s?étonne devant les beautés de chaque région avec pour chacune un label, un cachet alors que lui-même se construit une petite maison, pour ne pas dire une grande, dépourvue de toute âme. Que faire alors ? Je ne sais pas, mais il faudrait mettre un frein à la disparition de pans entiers de notre patrimoine. Dernièrement, un hammam a été démoli à Blida et son propriétaire s?enhardit en affirmant qu?il avait appartenu à un Algérien ayant aidé l?occupation française. D?accord pour le bonhomme mais le hammam appartient à l?histoire de la ville. D?ailleurs, je propose qu?il y ait des lois qui défendent tous les anciens hammams de Blida pour les préserver. Il est dommage qu?on laisse la vieille ville dépérir. Même certaines maisons peuvent devenir des musées thématiques comme la maison des Abed. Plus tard, les gens vont se rendre compte qu?il y a eu une grave erreur, ou faute culturelle commise. Il n?existe pas d?entretien de la vieille ville, des quartiers qui ont fait l?histoire de Blida. C?est une ville qui perd progressivement son âme, son caractère et qui se trouve complètement défigurée. Si un tourisme doit se développer aujourd?hui, que peut-on lui proposer à Blida, que vont voir les gens venant ici ? Il y a Sidi Kebir. Sidi Kebir, père fondateur de la ville : Cela doit être un lieu de visite permanent. Il faut restaurer l?endroit, obliger les gens à garder le cachet historique de la ville dans leurs nouvelles constructions. N?est-ce pas difficile ? Il y a un esprit mercantiliste obligeant à penser à la rentabilité de tout projet, un mercantilisme inculte. Tout tourne autour du commerce et les changements opérés dans le tissu de la ville font perdre même les repères. Comment cela ? Devant chez moi foisonnent les nouveaux commerces, de nouvelles spécialités qui voient le jour. Je ne suis pas contre mais lorsqu?on divise un commerce pour qu?il devienne deux ou trois autres, l?homme qui est venu une fois ne va plus trouver ses repères. Les choses se font sans réfléchir et le nombre d?activités se multiplie sur un espace réduit avec toutes les conséquences qu?on imagine. Il y a une absence de planification Il faut savoir d?abord si les responsables sont de la région ou se font aider par les sages de la ville, je veux dire des gens de culture, qui pensent culture qui ont une culture de la ville. Autre preuve de ce que j?avance se trouve être le cas d?un monument de la ville, Bahas le guembri. Mais encore? Voilà un bonhomme qui a émerveillé tous les Marseillais en 2003 lors de l?année de l?Algérie en France, mais qui n?a pas été payé pour toutes ses prestations à Blida durant toute une année. Mon plaisir à moi, quand je retourne à Blida, est de retrouver le dernier héritier du monde gnawa mais qui ne trouve aucune considération morale et/ou financière du côté des responsables et même de la population locale qui s?étonne cependant de le voir à la télévision et de le lui dire ensuite mais personne ne le défend pour qu?il puisse vivre décemment. A chaque fois que je viens en Algérie, il me plaît de pouvoir le voir et travailler avec lui. Dans l?expo Art en liberté, il est présent comme il sera présent durant le mois de juillet pour les activités projetées chez les Aït Kaïd avec lecture dans l?oued des Ouadhias en Kabylie. Il sera même la tête de file de la procession lors de la clôture. Et il y a encore d?autres personnes ainsi à Blida comme le vieux Youcef Ouragui tout le temps avec ses anciennes cartes postales et qui fait les comparaisons entre hier et aujourd?hui. C?est la crise de la ville ? Oui en quelque sorte, parce qu?on n?éprouve plus le plaisir, la poésie des lieux. Nous ne sentons pas la beauté de l?espace. Comme illustration, vous avez le café de Bab Sebt, le Novelty, fermé pour des histoires d?héritage et des habitués qui se considèrent comme des SDF.


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