Algérie

Démontages et chutes



Demain, tels des forrains, des dizaines d'ouvriers viendront démonter les chapiteaux du Salon International du livre, faisant douter de l'effervescence qui y régnait. Qu'en retiendra-t-on, hormis les découvertes livresques et les rencontres humaines ' Sans doute l'intervention, trois jours après l'inauguration, de Khalida Toumi sur la lecture et le livre. La ministre de la Culture qui n'a pas attendu la fin de la manifestation, comme on s'y attendait, voulait-elle recentrer le débat, ou plutôt le lancer, puisqu'on n'avait eu, en guise d'échanges, que bégaiements, allusions, jérémiades et qu'en-dira-t-on et ce beau slogan, enthousiaste mais sans ligne éditoriale : «Place aux merveilles». Oui, mais lesquelles ' Un rendez-vous comme le SILA doit àªtre sans doute un lieu d'émerveillement, car le livre est lié à  cette gracieuse émotion. Mais il ne peut àªtre que cela. Il doit àªtre aussi et surtout le lieu d'essor de l'édition et du livre, un tremplin, un moment de réflexion, de propositions et d'impulsion de ce monde merveilleux qui, chez nous, est hanté par d'innombrables fantômes, ogres et àªtres en perdition.
La ministre a mis en exergue certaines des actions menées par son département et, notamment, l'effort en direction de la lecture publique qui n'a pas bénéficié de la visibilité qu'il mérite. Car, franchement, jusqu'à quand continuera-t-on à  caresser l'idée perverse que tous les Algériens doivent acheter tous les livres qu'ils doivent lire quand, partout dans le monde, la bibliothèque est le temple à  partir duquel prospère le reste de la chaîne du livre : auteurs, éditeurs, libraires, imprimeurs, distributeurs… ' Elle a annoncé une mesure qui pourrait àªtre révolutionnaire (et ne concerne pas que le livre) : l'alimentation du fonds de la promotion des arts et des lettres par une taxe de 0,5% du chiffre d'affaires de la téléphonie mobile. Une manière originale de financer l'écrit et l'imprimé par la «culture orale». Elle a rappelé les mesures économiques et fiscales récemment prises en faveur du livre et annoncé la nomination, à  l'issue du Salon, du directeur du Centre national dulivre. Bref, des «merveilles» qui attendent d'être mises en «place» et dont nous reparlerons. Une telle entreprise ne saurait cependant se passer de la mobilisation des acteurs du monde du livre et de leur véritable implication. Le sociologue de la culture, Hadj Miliani (lire ci-contre sa contribution, écrite avant le SILA), aborde les aspects sensibles de la lecture et du livre, ces deux indissociables.  Et vous trouverez également dans cet Arts & Lettres, les belles percées de notre cinéma à  Carthage et Montpellier, toutes ces manifestations qui, tel le SILA, viennent de démonter leurs décors.
Quand aux chutes, oui, il s'agit de celles des façades d'immeubles anciens que les dernières intempéries ont accentuées. Outre le danger qu'elles font courir aux personnes, c'est tout un patrimoine architectural unique qui se trouve en péril !


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