Algérie

Démonstration de force



Démonstration de force
Presque une année après la réélection de Bouteflika pour un quatrième mandat, le pays ne s'est jamais retrouvé dans une impasse politique aussi préoccupante. Fragile et virtuelle, la «pax algeria» dans laquelle baigne le pays risque de rompre à tout instant. Le président Bouteflika avait placé son nouveau mandat sous le signe des réformes politiques et institutionnelles profondes. Il s'était engagé, dans son programme électoral, à entrer dans le vif du sujet dès sa prise de fonction, allant jusqu'à chasser sur les terres de l'opposition en reprenant à son compte, avec cynisme, la revendication de l'avènement de la IIe République.S'en est suivie une longue période d'hibernation politique avant que ne soient lancées, sous la houlette d'Ahmed Ouyahia rappelé sous les drapeaux, les consultations sur le projet de révision constitutionnelle. Flairant ce qu'ils considèrent comme une énième man?uvre politique du pouvoir destinée à gagner du temps en vue de la pérennisation du système, des partis de l'opposition, de toutes obédiences, renforcés par des personnalités nationales, ont entrepris d'unir leurs forces pour lancer un contre-projet politique alternatif dans le cadre de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD).De son côté, la société civile a tenté de s'organiser à travers le mouvement Barakat, qui a fini par s'émousser pour ne plus se manifester que par des apparitions sporadiques du fait de la répression qu'il a subie et de la faiblesse de sa structuration. Pendant tout l'intermède qui avait suivi les luttes au sommet du pouvoir et les attaques contre les services de renseignement confiées au chargé de mission Amar Saadani, patron du FLN, les relais politiques et la clientèle traditionnelle du système, désarçonnés, ont fait le dos rond, ne sachant plus dans quelle direction soufflait le vent.L'initiative du Front des forces socialistes (FFS) de la tenue de la «conférence du consensus national», présentée par ses concepteurs comme le recours de la dernière chance pour sortir l'Algérie de la crise politique et institutionnelle, a participé de manière consciente ou non à brouiller encore davantage les cartes. Comme l'atteste le lâchage sans état d'âme des partis du pouvoir qui ont fait croire un moment au parti de M. Aït Ahmed qu'ils adhéraient pleinement à son projet.Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui siège au sein de la CNLTD, choisit ce moment de doute et d'échec annoncé de la démarche du FFS pour surenchérir en jetant une autre bouteille à l'encre de consultations politiques incluant le pouvoir. Nul doute qu'elle connaîtra le même sort que celle du FFS et les réformes promises par le pouvoir.La meilleure preuve de l'impasse politique, dans laquelle est enlisé le pays, est illustrée par cet arbitrage de la rue que l'opposition et les partis apparentés au pouvoir s'apprêtent à solliciter, demain, pour se donner la réplique sur le terrain. L'échec du dialogue politique ne semble plus offrir que cette alternative porteuse de tous les dangers pour un pays comme le nôtre, dont la stabilité ne tient qu'à un fil ténu. En poussant les partis du pouvoir à sortir dans la rue pour une démonstration de force afin de contrer l'opposition, le pouvoir prend le risque de jouer avec le feu en dressant les Algériens les uns contre les autres.




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