La Tunisie a voté. Les Tunisiens ont choisi démocratiquement les responsables de la rédaction de la future constitution. Certains se réjouissent de voir un parti islamiste majoritaire et d'autres expriment des craintes de voir leurs libertés se restreindre au nom d'une lecture passéiste de la religion. Ce qui est sûr, c'est que les Tunisiens ont su passer d'un pouvoir autocratique à une démocratie électorale.Le débat s'installe maintenant sur la nature et l'exercice du pouvoir chez nos voisins. C'est maintenant que le dialogue entre les formations politiques doit se maintenir. La nouvelle classe politique aura également à gérer le nouveau mode de communication des Tunisiens : la violence lorsque l'on n'est pas satisfait.Le vote passé, c'est de nouveaux canaux de dialogue social qui va falloir instaurer, c'est une nouvelle démarche qu'il va falloir adopter pour faire accepter la récession, le chômage et l'inadéquation de la formation avec l'emploi. Il va falloir aussi réprimer les Tunisiens qui veulent se rendre à Lempedusa. Le temps des discours pour les politiques tunisiens est terminé, celui, Ô combien difficile, de l'action est venu.Les tentations d'appliquer la Charia sont évacuées des discours. Mais la base sociale qui a envoyé une majorité de «Nahdaouis» pour rédiger la constitution attend une réponse à ses aspirations et il convient d'en tenir compte. La guerre civile en Libye et les incertitudes concernant l'avenir des Libyens pèsent de manière lourde sur l'industrie touristique tunisienne. La crise économique en Europe également. La transition tunisienne et la manière dont elle sera menée sont des éléments de comparaison pour tous les peuples qui vivent encore sous une démocratie non accomplie. L'exemple tunisien sera suivi de l'égyptien. Et là encore, il s'agit d'un pays dont l'économie dépend du tourisme et où la tentation d'instaurer la Charia existe.La démarche de ceux qui ont dirigé ces deux pays a été basée sur des investissements dans le secteur touristique grand pourvoyeur de devises et gros employeur également. L'instabilité dans laquelle se trouvent ces deux Etats ne permet pas de voir l'avenir immédiat radieux au niveau économique. Les besoins sociaux se font ressentir de manière plus forte maintenant que la parole s'est libérée. Et dans cette situation, les réponses sont souvent exigées de manière immédiate.La revanche prise sur les régimes se transformera rapidement contre les nouveaux puissants. «Comme nous avons fait dégager Ben Ali, nous ferons dégager Ennahda», disent les Tunisiens. Les Egyptiens ont repris les manifestations sur la place Ettahrir.Le plus grand apprentissage de la démocratie réside dans le fait de ne pas la confondre avec anarchie. Le FIS algérien les avait confondues. La suite, le monde entier la connaît.
A. E.
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Posté Le : 29/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amine Echikr
Source : www.latribune-online.com