Algérie

Démocratie en panne



Le multipartisme politique a-t-il encore de l?avenir dans notre pays ? Une année après la victoire de Abdelaziz Bouteflika à l?élection présidentielle, à la suite d?une campagne électorale ouverte, âpre et peut-être un peu dure par certains côtés, mais qui demeure unique dans le monde arabe tant l?expression d?opinions divergentes a été réelle et large, l?on se pose sérieusement la question. L?expression politique depuis une année est exclusivement menée et assurée par les différentes représentations du Pouvoir. Le chef de l?Etat, le chef du gouvernement, les ministres, les représentants des partis au pouvoir (FLN, RND et MSP) occupent la scène de manière quasi permanente. Le jeu politique se réduit à offrir aux Algériens un seul et unique discours, sans qu?il puisse être critiqué, analysé ou éventuellement remis en cause. Mis à part les querelles entre deux visions contradictoires sur la manière de conduire les réformes économiques opposant le chef du gouvernement à son ministre des Finances, les tentatives désespérées de Louisa Hanoune pour faire entendre sa spécificité sur un certain nombre de questions politiques et économiques ou bien celles de Sid-Ahmed Ghozali pour combattre le projet de loi sur les hydrocarbures, le point de vue officiel reste outrageusement dominant. L?APN et le Sénat, dont la vocation est d?assurer une relative représentativité populaire, ne sont en réalité que de simples caisses de résonance. Les projets de loi sont traités à la légère et ne font jamais l?objet de débats approfondis. C?est dire le courroux des citoyens à l?égard des députés. L?APN n?est même plus une tribune pour l?opposition. La presse indépendante est largement en recul en raison, peut-être, de sa trop grande implication dans le jeu politique avant le 8 avril 2004, mais surtout pour des raisons plus objectives liées au traitement qu?elle subit depuis la suspension du Matin et l?emprisonnement de Mohamed Benchicou. Les lourdes peines de prison, même avec sursis, les fortes amendes frappant les éditeurs et les journalistes et le maintien des dispositions outrageusement répressives du code pénal ont rendu le travail des journalistes bien pénible, à peine remis d?une décennie où ils risquaient leur vie tous les jours. Maintenant que le prix du pétrole retrouve un cours normal - même à 60 dollars, le baril reste encore loin de sa valeur réelle des années 1980 -, les autorités sont tentées de réguler la société uniquement par les leviers financiers avec l?espoir de faire décoller rapidement l?économie. La représentation politique prend les allures de schémas classiques que l?Algérie a connus dans les années 1970 et 1980. Le Pouvoir est aidé, il est vrai, dans sa démarche par une opposition qui ne donne l?impression d?exister qu?à l?approche de l?élection présidentielle. Le reste du temps, c?est le vide sidéral. De toute évidence, l?état des lieux sur le multipartisme dans notre pays pousse à l?inquiétude. Pour le moment, la régulation se fait par l?argent du pétrole. Mais est-ce suffisant ?


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