Algérie

Démocratie électronique



Amar Saâdani ne plaisante pas : l'APN est « un temple de la démocratie ». Le propos est contenu dans « le bilan de la 5e législature », rendu public hier, et il semble sérieux. Le président de la Chambre basse du Parlement n'a pas expliqué par quel miracle l'hémicycle Zighoud Youcef est devenu un temple. Aucune idée sur l'activité culturelle et cultuelle qui s'y déroule. L'APN, qui occupe un espace impressionnant à Alger, n'est pas ouvert au public, éventuellement intéressé par une visite touristique. La bâtisse n'a aucun intérêt esthétique ou historique. Il est vrai que des citoyens sont de temps à autre reçus par les fonctionnaires de l'Assemblée et par quelques députés. Mais pas plus. L'APN ne joue pas un rôle d'intermédiaire ou de médiateur. Elle ne peut pas le faire parce qu'elle en est incapable. Incapable parce qu'elle n'a aucune volonté de le faire, n'a aucune autonomie pour le faire et peu de compétence pour assumer cette charge. Qu'en est-il de la « démocratie » ' Réduite à quelques députés, il n'existe presque plus d'opposition à l'APN. Il n'y a pas de débat libre. Personne n'a pris l'initiative de proposer une loi qui remet en cause des politiques gouvernementales. Pas de commissions d'enquête non plus. Aucun député, à commencer par Amar Saâdani, n'est en mesure d'expliquer au peuple comment les budgets de l'Etat sont fixés et comment ils sont dépensés. L'APN n'a jamais revendiqué un droit de regard sur la signature des gros contrats commerciaux et sur l'affectation des projets. Elle ne s'est jamais inquiétée des atteintes répétées aux libertés syndicales. Elle n'a jamais demandé la levée de l'état d'urgence. Elle n'a jamais délégué un groupe de députés pour s'enquérir du fonctionnement des tribunaux. Elle ne s'est jamais préoccupée de la situation désastreuse dans les prisons. Elle n'a jamais exigé des pouvoirs publics de libérer le champ médiatique audiovisuel, d'ouvrir la télévision et de respecter le peu de liberté d'expression qui existe dans le pays. L'APN, qui est une représentation nationale, n'a pas jugé utile d'essayer savoir pourquoi les citoyens s'expriment par l'émeute pour se faire entendre. Les députés qui, dans leur wilaya se confondent aux petits rois locaux, ne sont pas, pour les citoyens, un recours. Parce qu'ils ne peuvent rien faire. Et parce qu'ils n'ont presque aucune crédibilité, sauf rare exception. L'APN, qui a soutenu, sans débat, la charte pour la paix et la réconciliation nationale, n'a pris aucune initiative pour établir un rapport sur les droits de l'homme dans le pays. Comme elle ne s'est jamais intéressée aux dossiers des disparitions forcées ou des victimes du terrorisme. Le président de l'APN, dans le même bilan, a évoqué « la démocratie électronique ». Ce nouveau « concept » paraît confus. Mais on est convaincu au moins d'une chose : les députés continuent de voter à main levée alors que des appareils modernes existent. Appareils jamais utilisés. Alors électronique...


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