Le multipartisme est-il à lui seul un gage suffisant de la démocratisation d?une société ? L?élection présidentielle en Egypte, qui se déroule aujourd?hui, met, certes, pour la première fois en compétition des candidats de plusieurs couleurs politiques face au candidat du Pouvoir, le Président sortant Hosni Moubarak, qui brigue un quatrième mandat. Mais serait-ce pour autant une élection libre et ouverte qui augure d?un renouveau démocratique dans ce pays où le Président Moubarak a été élu et réélu successivement trois fois en un quart de siècle par référendum sans avoir eu à subir l?épreuve démocratique d?un scrutin libre et pluraliste ? Avant l?Egypte, d?autres pays arabes et musulmans, pour ne parler que de cette sphère géopolitique proche de l?Algérie, et qui présente des similitudes dans leurs systèmes politiques, se sont essayés, contraints et forcés, sous la pression conjuguée à la fois interne et externe, à apporter quelques changements, beaucoup plus de façade et de circonstance que de fond, au fonctionnement de leurs institutions politiques. Les régimes autoritaires en place dans les pays arabes ont pris conscience, aujourd?hui, de la nécessité impérieuse d?alléger la chape de plomb qui leur a permis, pendant de longues années, de régner en maîtres absolus sur leurs peuples, ne laissant aucune chance à la moindre opposition de s?exprimer. Mais que l?on ne s?y trompe pas : c?est juste une illusion démocratique destinée à soigner leur image vis-à-vis de leurs partenaires étrangers. Passée la période de la campagne électorale, où les pouvoirs en place tolèrent le débat contradictoire et la critique de la gestion du pays, où la presse locale et l?opposition retrouvent, le temps d?un scrutin, la liberté de critiquer les représentants du système et leur gestion, la « normalisation » du système reprend tout de suite ses droits avec la fin du scrutin. C?est le même scénario qui se répète inlassablement dans tous les pays arabes, y compris en Algérie, qui ont organisé ces dernières années des élections prétendument libres, mais qui n?ont été en vérité que des simulacres de démocratie n?ayant apporté aucun changement significatif dans l?exercice du pouvoir. Le plus inquiétant, c?est que cette démocratie à la carte semble avoir le plein assentiment des puissances occidentales et des Américains. Ces derniers n?hésitent pas à délivrer des satisfecit et des labels de démocratie à des régimes comme celui de Moubarak et d?autres encore pourtant largement contestés par leurs opinions et qui auraient sans nul doute bien du mal à survivre si des élections réellement libres et démocratiques devaient être organisées dans ces pays.
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Posté Le : 07/09/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Bensalem Sofiane
Source : www.elwatan.com