Algérie - A la une


Il y a quelque part dans ces mouvements sociaux quelque chose d'excessif. Un geste, une déclaration, une intention de trop qui fait capoter toute initiative vers un règlement de ces conflits qui commencent à empoisonner la vie des citoyens. A inquiéter dans les chaumières sur une année scolaire blanche. Un bac raté, une année perdue. Un avenir qui s'assombrit. Et puis, il y a également cette terrible force, cette puissance institutionnelle, qui est là, qui regarde et qui semble perdue dans ces vagues incessantes de revendications sociales qui reviennent chaque année comme un ressac violent qui vient rappeler au gouvernement l'ampleur de la demande sociale.A Alger, les médecins résidents ont forcé le blocus institutionnel lundi pour aller plaider leur cause devant les représentants du peuple. Une forme de dialogue de l'extrême, l'expression de l'échec de toutes les tentatives de cette corporation de se faire comprendre. En dépit du bon sens, les parties dans ce bras de fer jouent autant au pourrissement qu'à une extraordinaire démarche concertée de démobilisation accélérée des Algériens et leur rejet d'une situation où, au final, il n'y aura ni vainqueur ni vaincu, mais juste un précieux temps de perdu pour tous. La grogne des médecins résidents et celle, encore plus dure, des enseignants du secondaire peuvent-elles être l'expression de l'exercice de la démocratie et du droit inaliénable à la grève, garanti par la Constitution, ou simplement une sorte de fuite en avant de tous les acteurs, y compris les ministres de l'Education nationale et de la Santé, alimentant les braises d'une inutile et tragique crise sociale (sociétale) '
Dans cette atmosphère morose et de fuite en avant, il y a cette réaction terriblement lucide du ministre du Travail pour qui le droit des enfants à l'école a été oublié. Le même exemple est également applicable dans le cas des médecins résidents qui eux aussi, et au-delà de la légitimité ou pas de leurs revendications, semblent avoir oublié les droits des malades aux soins, à la prise en charge médicale. Les deux ministères concernés sont eux également impliqués et ont leurs pleines responsabilités engagées, et ne sont surtout pas exempts de tout reproche, puisque s'ils avaient réellement une volonté de régler les choses, ils auraient évité de laisser la situation les déborder. Seulement, il y a un «hic''. Le dialogue n'a jamais été le point fort de nos institutions qui préfèrent plus le bâton que la carotte. Résultat : les solutions deviennent difficiles, les sorties de crise impossibles, des grèves à répétition, exacerbation du marasme social.
Les deux secteurs sur lesquels la vie des Algériens est organisée, leur santé et l'éducation de leurs enfants, sont de plus en plus menacés, hypothéqués par une sorte de puérile guerre de positions, d'un absurde bras de fer qui aurait été ailleurs rapidement réglé, quitte à ce que l'honneur de tel ou tel partenaire soit écorné, pourvu que l'intérêt général l'emporte. Nous ne sommes, malheureusement, pas dans cette noble configuration politique. D'autant que le silence du gouvernement, qui tarde à intervenir et éviter l'irréparable dans ces conflits sociaux, s'explique difficilement. Même s'il n'est pas de tradition, une fois encore malheureusement, que nos gouvernements s'expriment à chaud sur des conflits sociaux, il est maintenant plus que souhaitable que le Premier ministre prenne ses responsabilités. Et délivre un message au moins rassurant pour tous ceux qui vont aux hôpitaux la peur au ventre de ne pas trouver de médecin, ou à ces parents qui pensent déjà à une année blanche pour leurs enfants. Une façon de dire que la récréation est finie.


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