Algérie

Démineurs



Dans cette Kabylie en proie à un terrorisme qui ne donne aucun signe d'essoufflement, ce sont les bergers qui « jouent » à présent aux démineurs. Hier, c'est un jeune berger qui a découvert deux bombes artisanales près de la route nationale, à Yakouren, à l'est de Tizi Ouzou. Les artificiers de l'ANP sont intervenus pour désamorcer les engins explosifs, offrant à la population locale un énième épisode de la guerre antiterroriste. Un attentat déjoué est un vrai motif de soulagement lorsqu'on sait que quatre militaires avaient péri, mercredi dernier à Tadmaït, à l'ouest de Tizi Ouzou, dans une attaque à l'explosif.Cet enchaînement infernal d'attentats perpétrés aux portes des agglomérations rappelle néanmoins que les groupes armés islamistes ne sont pas laminés et qu'ils restent décidés à maintenir la chape de plomb sur la population en multipliant les attaques contre les services de sécurité.Ces derniers continuent à payer un très lourd tribut dans la lutte contre la branche locale d'Al Qaîda, une mission compliquée par la batterie de lois initialement destinées à ramener la paix mais qui ont constitué des trêves inespérées pour les terroristes dans leur souci de réorganiser et d'étoffer leurs maquis.Dans ce climat délétère où les opérations commanditées par l'ex-GSPC rythment la chronique quotidienne, le discours des pouvoirs publics relatif aux efforts de développement sonne creux. A Yakouren, qui revient périodiquement dans l'actualité sécuritaire, un projet de lancement d'une zone d'expansion touristique a été annoncé récemment par les autorités locales, plaidant en faveur de l'aménagement d'espaces dédiés au tourisme de montagne. Ces projets ambitieux, susceptibles d'ouvrir les perspectives d'un véritable essor économique, sont contrebalancés par une réalité dramatique qui n'est pas près de revenir à la normale.Dans cette même localité où un berger a détecté, hier, la présence d'engins meurtriers, une mère de famille a été grièvement blessée en mai dernier, dans l'explosion d'une bombe à quelques dizaines de mètres de son domicile et, à la même période, un citoyen, croyant à l'ouverture de parties de chasse en forêt, était mortellement touché, la nuit, par des militaires qui étaient sur la trace des terroristes. Aujourd'hui, les autorités ne se déplacent pas dans ces localités, y compris lors des occasions officielles, même en déployant tous les moyens de sécurisation temporaire. L'on se rend compte alors de la déconnexion entre le discours rassérénant sur le retour à la paix et au développement et un terrain véritablement miné.


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