Avec un chiffre d'affaires de 24,8 milliards de dinars au premier trimestre 2012, selon les chiffres du Conseil national des assurances (CNA) algérien, le secteur enregistre une très modeste croissance de 2,7%. Une contreperformance causée essentiellement par la régression brutale du chiffre d'affaire des assurances de personnes.
Le domaine de l'assurance des personnes semblait, jusqu'à une date récente, particulièrement prometteur pour les assureurs algériens. L'activité qui représentait un peu plus de 8% de la production globale du secteur en 2010 et 2011 était considérée un domaine de croissance privilégié par l'ensemble des compagnies. Pour le moment, elles déchantent, les perspectives connaissant, pour l'instant, un coup d'arrêt brutal. Depuis juillet 2011, les compagnies d'assurances algériennes ont été tenues de séparer les assurances de personnes et les assurances de dommages. En dehors de Cardif, filiale de BNP Paribas, seules les trois compagnies publiques ont constitué des filiales spécialisées et étaient donc autorisées à souscrire et à commercialiser des produits d'assurance de personnes. Elles ont été rejointes par Macir-vie, créée par la CIAR, première compagnie privée algérienne par le chiffre d'affaires et par la filiale assurances de personnes d'Axa 'Algérie. Ces nouveaux n'ont pas empêché la chute brutale du chiffre d'affaire des assurances de personnes. Il est de moins d'un 1 milliard de dinars au 1er trimestre 2012, divisé par deux par rapport à la même période de 2011 et ne représente qu'à peine 4% de l'activité des assurances algériennes.
De larges alliances internationales
Des acteurs désormais spécialisés qui se sont pourtant donné les moyens de réussir en s'appuyant, pour la plupart d'entre eux, sur des alliances souvent ouvertes à des partenaires internationaux et qui privilégient la nouvelle activité de la bancassurance. Cardif et la CNEP ont ouvert la voie dès 2008 et ont été imités par l'ensemble des compagnies publiques qui ont formé des attelages associant les banques publiques au capital des nouvelles entités créées en juillet 2011. La filiale algérienne d'AXA s'est également pliée à cette règle en signant avec la BEA. L'avantage le plus visible de ces associations réside d'abord dans la constitution de vastes réseaux de distribution « multi canal » qui vont utiliser à la fois le propre réseau des compagnies d'assurance et les points de vente constitués par les agences bancaires. Pierre Olivier Adrey, PDG de la SAPS (filiale commune de SAA, la Macif, BDL et BADR) relève qu'avec la loi sur la séparation entre assurances de personnes et assurances de dommages, « nous avons la faculté, jusqu'à la fin 2012, de diffuser nos produits par le biais des agences directes SAA. Nous avons lancé simultanément une opération de contractualisation des mandats des agents généraux et des courtiers avec la SAPS ». Des conventions de distribution vont également être signées avec la Badr et la BDL « pour une distribution de nos produits au sein d'un certain nombre d'agences de ces deux banques ». La SAPS va développer progressivement son propre réseau d'agences directes dans les grandes villes. « La première d'entre elles sera inaugurée prochainement au centre d'Alger » indique P.O Adrey en relevant cependant que la compagnie n'a pas vocation à s'engager « trop largement dans cette voie, compte tenu de la capacité de distribution de nos actionnaires qui disposent déjà d'un réseau de près d'un millier de points de vente. ».
Les nouveaux produits se font attendre
Pour développer un marché au « potentiel reconnu », les compagnies vont devoir affronter à la fois le défi de la diffusion des produits existants et celui plus ardu de la conception de nouveaux produits adaptés aux besoins des algériens. Selon le PDG de Cardif el djazair, François Xavier Hussenot, l'attention se concentre « sur les produits de prévoyance ». « Nous faisons de l'assurance emprunteur. Nous travaillons sur la santé et les produits d'assistance. On a également un produit pour le rapatriement des corps » explique-t-il. De «petits produits unitaires » qui permettent quand même à la compagnie de compter près de 150 000 clients dans le domaine de la prévoyance. Du coté de la SAPS, on va commencer par «récupérer le portefeuille de la SAA qui va être transféré au cours de l'année 2012, au terme d'une opération d'évaluation qui permettra de déterminer son prix de cession. Un portefeuille constitué essentiellement d'assurances individuelles accidents ou décès, d'assurances voyage et rapatriement de corps, et d'assurances collectives groupes pour les entreprises souhaitant protéger leurs salariés dans le domaine de la prévoyance santé. » .
Pour l'instant les nouveaux produits se font attendre. La Macir vient de lancer un produit spécial Omra, SAPS lance une assurance emprunteur de prêts immobiliers et annonce des projets de mise au point de produits d'assurance santé ou de produits 'accidents de la vie" adaptés spécifiquement aux clients algériens. La plupart des opérateurs soulignent qu'à l'avenir le principal obstacle au développement des assurances de personnes réside dans le caractère embryonnaire du marché financier algérien qui bloque le lancement de produits d'épargne. « Sur les produits d'épargne, nous sommes en stand by » indique P.O. Adrey. Selon lui, il faudra surmonter un obstacle d'importance: « le marché des placements n'offre actuellement pas assez de supports d'actifs financiers et de possibilités de rentabilité à moyen et long terme, pour permettre un développement significatif de produits comme l'assurance vie ou les retraites complémentaires par exemple. »
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Posté Le : 21/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yazid Taleb
Source : www.maghrebemergent.info