Le commissaire européen chargé de l'élargissement et de la politique
européenne de voisinage sera à Alger, dimanche prochain, pour s'imprégner des
demandes algériennes en matière de démantèlement tarifaire.
La visite de Stefan Füle intervient à quelques
jours du rendez-vous qui doit réunir à Bruxelles Algériens et Européens pour
discuter de la révision du calendrier du démantèlement tarifaire, mis en
exécution depuis l'entrée en vigueur de l'Accord d'association en septembre 2005.
Pris de panique par une déferlante de marchandises européennes sur le marché
algérien, sans contrepartie en terme de relance de l'entreprise ni même de
gains financiers, en plus de la clause de sauvegarde, les Algériens ont brandi
celle incluse aussi dans l'accord leur permettant de réviser certaines de ses
dispositions pour freiner les pertes qui affectent son économie. «Dans le cadre
des discussions étroites que nous avons eues sur la mise en Å“uvre de cet accord,
M. Stefan Füle (…), effectuera une visite en Algérie,
la semaine prochaine. C'est sa seconde visite en Algérie en moins d'un an,» a
fait savoir Laura Baeza, ambassadeur, chef de la
délégation de l'Union européenne en Algérie, à l'occasion de la fête de
l'Europe, organisée le 9 mai dernier au Sheraton-Club
des Pins d'Alger, en présence de responsables et cadres d'institutions
algériennes ainsi que les représentants des missions diplomatiques accréditées.
Bien que la salle était étouffante parce qu'elle n'était pas climatisée, les
invités ont dû patienter avant qu'elle ne lise son discours. Elle ne voulait
pas le faire avant l'arrivée des ministres algériens qui devaient représenter
le gouvernement, à cette cérémonie. La délégation européenne a été prévenue par
les services du protocole du ministère des Affaires étrangères que deux
ministres allaient être présents. Pour l'an dernier, le gouvernement algérien a
été représenté par le ministre des Finances et celui des TIC.
Baeza
n'a pas voulu donner à cette absence une interprétation politique. «Non, je ne
pense pas qu'elle est politique mais je la trouve mystérieuse,» nous a-t-elle
déclaré en marge de la cérémonie. Elle estime qu'il n'y a aucune raison qui
pousserait à politiser cette absence puisque indique-t-elle «le Commissaire européen
aura, la semaine prochaine à Alger, un programme assez chargé et bien étoffé.»
Elle a dit dans son allocution que «la coopération entre l'UE et l'Algérie se
déroule bien et les projets mis en Å“uvre avancent à un bon rythme.» Quatre
nouveaux programmes «de grande importance» ont été approuvés en 2010 et début 2011
pour un montant d'environ 96,5 millions d'euros (environ 9,65 milliards de
dinars).
Projets qui, dit-elle, «sont en cours de démarrage» sous forme de
programmes d'appui à la politique sectorielle de l'enseignement supérieur, au
secteur de l'eau et de l'assainissement et enfin à celui de la santé.
L'intégration européenne, la
Libye et la
Syrie
Baeza rappellera «la création d'un groupe d'amitié parlementaire entre «des
institutions aussi essentielles dans toute démocratie, que sont le Parlement
européen, le Conseil de la
Nation et l'Assemblée populaire nationale.»
Elle estime par ailleurs, que
«dans un monde caractérisé par des crispations et des replis sur soi, il nous a
semblé essentiel de renforcer notre dialogue interculturel.» Elle citera entre
autres, l'organisation l'an dernier, d'une rencontre euromaghrébine des
écrivains et d'une résidence de photographes européens et algériens. Une
rencontre des écrivains euro-algériens est prévue
pour le 13 juin prochain. Elle considère cependant que «l'activité phare de
notre délégation (…), c'est le festival culturel européen (…) qui arrive cette
année à sa 12ème édition et fait partie désormais de la scène culturelle
algéroise.» Le festival a débuté hier à la salle Ibn Zeydoun
et durera jusqu'au 31 mai. Tout au début de son allocution, Baeza
a souligné que «cet anniversaire (l'année de l'Europe ndrl)
a une signification particulière, au moment où plusieurs pays méditerranéens
voisins de l'UE vivent d'importants changements historiques et, certains dans
la douleur comme c'est le cas de la
Libye et de la Syrie.» Rappel qui n'a pas été du goût de
beaucoup d'Algériens présents à la réception parce qu'ont-ils pensé, «elle n'a
pas à évoquer ces situations dans une pareille circonstance.» La responsable
européenne entame son rappel du 9 mai 1950, date de la déclaration de Robert
Schuman «par laquelle il a appelé l'Allemagne et les autres pays européens à
s'engager à respecter des objectifs de paix, de progrès social, de
développement économique et de solidarité.» Elle estime que «le point essentiel
de cette déclaration était la proposition aux Etats de céder leur souveraineté
nationale sur deux matières premières essentielles et stratégiques, le charbon
et l'acier, qui étaient à l'époque, la base de la puissance économique et
militaire.» C'est le début du processus d'intégration européen pour aujourd'hui
une union de 27 atteints et 600 millions de citoyens, «un marché et une monnaie
unique, et un espace de paix, de solidarité et de liberté où les personnes, les
biens, les services et les capitaux peuvent circuler librement.»
La feuille de route européenne pour les pays du Sud
Un rappel historique qui explique selon elle «l'intérêt de l'UE pour les
événements chez ses partenaires du Sud méditerranéen avec lesquels elle
entretient des relations étroites de coopération, depuis 1979.» Elle précise
que «dans le cas particulier des dirigeants libyens et syriens, d'autres
mesures plus contraignantes ont été prises tel que le gel de leurs avoirs
extérieurs.» Elle reprend le président de la CE, José Manuel Barroso
qui avait dit entre autres à cet effet que «notre place est aux côtés de ceux
qui revendiquent la liberté politique et le respect de la dignité humaine.» Du
coup «une nouvelle approche politique» a jailli des esprits européens. Il
s'agit du «Partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le
sud de la Méditerranée.»
L'UE propose ainsi «une plus grande intégration économique à
ses voisins et une coopération politique plus étroite» par son soutien «à la
mutation démocratique et à la consolidation des institutions avec l'accent sur
les droits de l'Homme, les réformes institutionnelles et judiciaire et la lutte
contre la corruption, le partenariat étroit avec les populations notamment un
soutien à la société civile et plus d'opportunités d'établissement de relations
interpersonnelles, surtout avec les jeunes et enfin aux PME.» Elle a aussi
décidé «de réorienter pour 2011-2013, les programmes d'aide substantiels en
faveur de ses voisins du Sud.» Le tout coïncide avec l'entrée en vigueur depuis
décembre dernier, du Service européen d'action extérieure (SEAE), une nouvelle
institution chargée, dit Baeza «de renforcer la
cohésion de la politique extérieure de l'UE et de lui donner une plus grande
visibilité sur la scène internationale.» Dirigée par Catherine Ashton, vice-présidente
de la Commission
et haute représentante de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique
de sécurité, le SEAE englobe toutes les représentations de l'UE à travers le
monde y compris la délégation en Algérie.
En portant à la connaissance de ses invités, cette feuille de route que
l'Europe compte appliquer chez ses voisins, Baeza n'a
rien dit sur les velléités de l'Italie et notamment de la France de réviser les
Accords Schengen en vue de repousser les nouveaux migrants tunisiens et libyens
vers leurs pays.
Elle a indiqué cependant qu' «avec les mouvements qui ont agité la région
du sud de la Méditerranée
et le Proche-Orient, le SEAE a été au centre de l'action.» Par ailleurs, l'UE a
créé un nouveau mécanisme pour préserver la stabilité financière de l'ensemble
de la zone euro.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 11/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com