U n long métrage de fiction d'une grande intensité. Le public nombreux de la troisième soirée des 15es Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB) s'en est montré en tout cas fasciné.Le film prend ses marques dans des apparences de paix vite rattrapées par des souvenirs anxieux de la Tunisie de Ben Ali.
Avec une linéarité complètement éclatée, il met en scène l'histoire de deux copines, auxquelles se joint un jeune de 15 ans, pour former un trio d'amis né dans la convulsion de la rue tunisienne. Zeineb (Anissa Daoud), journaliste, et Elyssa (Doria Achour, la fille du réalisateur), prof d'une classe de sourds-muets, tentent de vaincre le souvenir d'un passé troublé d'il y a trois ans. Mais des indices criants les rappellent à un épisode qui déborde lourdement sur leur présent. Nous sommes encore dans les lendemains encore fumants de l'après-Ben Ali. Des lendemains désenchanteurs.
Un flash-back nous livre le bout de fil. 14 janvier 2011. Une manif éclate, la police charge violemment les manifestants.
Dans la foule, des femmes et des hommes, des jeunes et des moins jeunes, parmi eux Zeineb, Elyssa, et Houssine, 16 ans. En fuyant, les trois se retrouvent sur une terrasse d'un immeuble, dans une nuit de cauchemar. Pourtant le 14 janvier de cette année-là, c'est le jour où Ben Ali s'enfuit vers l'Arabie Saoudite. Une voix l'annonce au loin : «Ben Ali s'est enfui. Respirez la liberté.» Trois ans plus tard, les trois personnages ne retrouvent pas leur quiétude méritée.
lnstrumentalisation de la religion
Les deux jeunes femmes, étendues sur une plage, replongent dans leurs souvenirs, engageant l'histoire, encore une fois, dans un récit analeptique qui nous apprend que Houssine est pris à partie par deux policiers qui le tabassent dans l'isolement d'un coin sombre.
Mais des coups violents avec une barre de fer pleuvent sur l'un d'eux, terrassé par une Zeineb, qui a vidé sa colère. Le film immortalise ainsi les exactions du régime totalitaire, dont les injustices ont continué avec l'instrumentalisation de la justice, lorsqu'un procureur de la République reçoit des injonctions pour défendre le dossier de l'un des policiers agresseurs. Le film dénonce aussi, dans une autre scène, et avec un humour efficace, l'instrumentalisation de la religion.
Depuis cette nuit cauchemardesque du 11 janvier, les deux femmes ont perdu de vue Houssine, mais elles se lancent à sa recherche vers la fin du film pour une découverte douloureuse. Avant cela, Zeineb a continué à vivre avec ses aspirations, et son amour pour Zeid, jusqu'au jour où elle rencontre le père souffrant de celui-ci. C'est le choc. Trois ans après le fameux 11 janvier, elle découvre que le vieux père malade n'est autre que?.
Des liens se défont, des espoirs s'effondrent, et la désillusion est grande. Demain dès l'aube, qui se greffe de fort belle manière sur la révolution tunisienne, accomplit un devoir de mémoire précieux, dans un tableau esthétique qui jongle avec les techniques cinématographiques.
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Posté Le : 14/09/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Medjdoub
Source : www.elwatan.com