Ainsi donc, la Fédération gambienne de football (GFA) a saisi la FIFA pour se plaindre de « menaces terroristes » qui auraient été proférées, à l'extérieur, par des joueurs algériens contre les joueurs de l'équipe gambienne. Il paraît que dans ce jeu, assez mystérieux, que l'on appelle « football », la guerre psychologique est quelque chose de fondamental. Et qu'elle a commencé dès la fin du match aller.
Nos amis gambiens le savent, mais à l'évidence, ils en rajoutent énormément. Au point de suggérer que le match retour qui aura lieu en Algérie ne les opposera pas à l'équipe nationale de football mais à une équipe d'Al Qaeda du Maghreb, que certains voient partout. Waou ! Mais qu'attendent donc la CIA et les troupes du général Petraeus pour venir, ici, éplucher la liste des joueurs algériens et débusquer les dangereux terroristes qui s'y seraient infiltrés au su et au regard de tous, même des services de sécurité algériens. D'ailleurs, aux dires de la Fédération gambienne de football qui a saisi la FIFA et informé la CAF, ces joueurs ne sont même pas des infiltrés. Ils se seraient ouvertement proclamés « terroristes » et auraient promis de « déposer une bombe » à l'hôtel qui hébergera les joueurs gambiens. Alors, vous comprenez, la fédération gambienne ne peut que prendre « au sérieux » ces menaces. Bien sûr, l'Algérie est régulièrement citée dans la presse internationale pour les activités des terroristes, mais le sens de l'opportunité de la fédération gambienne est si grossier qu'elle feint de croire qu'ils seront sur le terrain. Voire même qu'un joueur-l'avant-centre, par exemple-va foncer, ceinture explosive autour de la taille, pour faire exploser le but gambien et marquer le but. Même pour une BD farfelue, on n'arrive pas à imaginer un scénario aussi déjanté.
Bien sûr, les joueurs, d'ici et d'ailleurs, ne se disent pas que des choses courtoises sur un stade ou dans les vestiaires, ce sport est rude et les tacles sévères. On y échange force amabilités. On menace le père, la mère, on insulte la soeur comme cet italien avec Zidane, on a de vilains gestes, mais des joueurs qui se piqueraient de bombarder des hôtels, c'est une innovation stupéfiante. Un « coup bas » dit la Fédération algérienne de football. On se croirait dans une terrible guerre asymétrique ! Un match explosif avec deux superpuissances du ballon rond. Sans rire !
Allez, délirons avec nos frères de Gambie. On pourrait les soupçonner à notre tour d'usage frauduleux de vaudou et de recours indu à la magie... Il faut exiger en urgence que ce soit l'Organisation mondiale de la santé qui désigne une équipe de psychiatres pour arbitrer ce match. Et, à l'évidence, les arbitres ne devront pas se contenter d'ausculter les joueurs, ils devront étendre l'application de leur science aux dirigeants.
Après tout, les Gambiens ne doivent pas être rassurés par l'efficacité des gris-gris et des amulettes à vocation sportive. Ils ne savent pas quelle parade trouver à un avant-centre kamikaze qui fausserait définitivement le cours du match. A moins qu'il ne faille être plus radical et exiger que le Conseil de sécurité se réunisse d'urgence pour envoyer une force d'interposition qui s'installerait dans le rond central. On peut aller loin dans le délire. Les accusations de la fédération gambienne ne devraient pas porter à conséquence. Sauf peut-être à donner de mauvaises idées de slogans à des galeries de supporters qui, on le sait, sont souvent si insupportables et si grossiers, qu'on ne peut se risquer au stade en famille. Il faut espérer que la réponse algérienne à ce coup d'intox faiblement « psychologique » soit la plus élégante possible. Comme de faire en sorte que les Gambiens se sentent comme chez eux voire mieux. Il ne s'agit après tout que d'un jeu, ce n'est pas la guerre...
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Posté Le : 19/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com