Algérie

Déjà la bataille des standards !


Déjà la bataille des standards !
Les prémisses d'une bataille de position sur le marché prometteur des objets connectés se dessinent un peu plus avec l'annonce, début juillet, de la création d'un troisième consortium pour la mise en place de standards de communication. L'initiative vient, comme attendu depuis longtemps, du géant de la recherche sur internet, Google qui annonce le lancement d'un projet industriel appelé Thread chargé de mettre en place un standard propre de connectivité pour objets. Google débarque ainsi dans le marché des objets connectés avec cette initiative qui sera la troisième du genre, après celles des géants de la micro-informatique Intel et puis Qualcom. Les velléités de Google sur ce marché ne sont un mystère pour personne, notamment depuis le rachat, en ce début d'année 2014, du fabricant américain de thermostats et de détecteurs de fumés connectés. L'acquisition de Nest Labs pour la coquette somme de 3,2 milliards de dollars était déjà un signal fort des ambitions de Google pour ce marché ; « il s'agit pour ce géant de la publicité d'étendre l'emprise de son propre écosystème numérique (système d'exploitation Android, applications), et de récolter encore plus de données sur ses clients », commentait alors le quotidien économique français lesechos.fr qui évoquait, en janvier dernier, « la volonté des géants du Net de structurer la maison intelligente à leur profit ». Le site faisait alors un rappel fort utile de la démarche structurée de Google pour mettre le pied dans les premières loges de ce marché, en soulignant le fait qu'il « avait préparé son entrée sur ce marché en achetant le spécialiste de la robotique Boston Dynamics en décembre et le fabricant de turbines Makani Power en mai. Nest, qui aurait vendu plus d'un million de thermostats aux Etats-Unis, est sa deuxième plus grosse acquisition après Motorola. Il s'agit, donc, d'une étape décisive et d'un signal pour le marché. » En faisant la présentation de son projet en juin dernier, le patron du nouveau consortium expliquait à Reuters que « Thread est un protocole réseau avec des caractéristiques de haute sécurité et de faible consommation, plus approprié pour connecter les appareils domestiques entre eux, à l'image du Wifi, du NFC, du Bluetooth ou de ZigBee ». D'après 01net.com, au début de cet été, « Nest avait ouvert ?'Works with Nest'', une API open source pour les développeurs permettant de connecter tout objet intelligent avec ses propres produits. » Au plan pratique, explique le même site, « les produits Nest utiliseraient déjà une version de Thread, tandis que les puces radios requises sur les objets connectés seraient également déjà commercialisées, comme celles des ampoules Hue de Philips. Un programme de certification de produits commencera l'année prochaine. » Peu de temps après sa présentation officielle, ce nouveau consortium a été rejoint par de nombreuses sociétés dont « Samsung Electronics, ARM Holdings, Freescale Semiconductor, Silicon Labs, Big Ass Fans, Yale, NXP et Atmel », ajoute 01.net Le timing du business plan de l'initiative de Google a vite été interprété par les observateurs comme une franche riposte aux deux autres projets de consortium et, notamment, après l'annonce, ces derniers jours, de l'adhésion Microsoft à l'un d'eux. Durant la première semaine de juillet, la presse s'était, en effet, faite l'écho de la décision de Microsoft de rejoindre le consortium Alliance Allseen du groupe Qualcomm. Ce projet, basé sur un logiciel en open source, a été conçu par ce groupe dans le but de contribuer « à la standardisation de technologies de communication pour l'internet des objets s'appuyant sur ses travaux autour de sa technologies Alljoyn », lit-on sur le site www.generation-nt.com qui note que « si l'Alliance Allseen se félicitait d'avoir passé le cap des 50 membres en juin, elle vient de recruter un acteur de poids avec l'arrivée, en son sein, d'un certain... Microsoft. » Sur le site www.developpez.com, le président de la AllSeen Alliance souligne qu'« aucune entreprise ne peut accomplir seule le niveau d'interopérabilité requis pour soutenir l'Internet des objets dans les usages réels au quotidien. La forte présence de Microsoft dans les foyers par l'intermédiaire d'ordinateurs, tablettes, téléphones, plateformes de jeu et leur capacité auprès des consommateurs, de l'entreprise, de l'éducation, et de l'automobile industrielles, est une occasion unique d'accélérer l'adoption de AllJoyn sur une très large offre de produits et de marchés verticaux ». L'agence Reuters, qui voyait en cette nouvelle adhésion une opportunité pour e consortium d'atteindre cette fameuse « masse critique », avisait alors « qu'un consortium concurrent devrait faire son appairition dès la semaine prochaine ». Quelques jours plus tard, effectivement, un autre groupe d'industriels et de sociétés de l'internet se réunissaient pour lancer un autre consortium « sous l'impulsion du géant américain, Inte,l sous la forme de l'Open Interconnect Consortium (OIC), avec pour compagnons d'arme les sociétés Atmel, Broadcom, Dell, Samsung et Wind River (filiale d'Intel) » d'après le site www.generation-nt.com/ qui précise que son objectif est de « pousser les technologies qui seront intégrées dans les standards de communication des milliards d'appareils de l'Internet des objets et fournir une spécification complète et accessible en open source, ainsi qu'un programme de certification des matériels afin de garantir leur interopérabilité ». Les ressorts de ces différentes tentatives sont clairement soulignés par ce site qui rappelle que « ceux qui créeront ces protocoles disposeront d'un avantage économique très fort en matière de droits de licence, d'orientation des technologies selon leurs attentes et de volumes de production de puces de communication. » La bataille ne fait que commencer, elle risque de durer et, surtout, de peser sur le développement de l'internet des objets. La multiplication des standards devant, en effet, empêcher le développement des multiples applications qui faciliteraient la communication entre les machines et les objets. Au moment où les intérêts et enjeux technologiques et marchands de ce secteur se dessinent clairement, il reste donc à régler le problème des standards qui pourraient peser lourd dans la balance pour les entreprises qui n'auraient pas bien négocié ce virage. « Alors que l'ensemble des industries veut connecter des assets avec d'autres assets, les technologies de l'Internet des objets sont aujourd'hui tout sauf standardisées, il est donc nécessaire d'atteindre un objectif de standardisation si l'on veut que le potentiel de l'Internet des objets soit une réalité », prévient un acteur industriel français cité par le site lemondeinformatique.fr. qui souligne que le processus de standardisation ne doit pas prendre « trop de temps, au risque de voir passer sous le nez des entreprises françaises le virage de l'innovation de l'IoT [ndlr : Internet of Things] et des perspectives business associées », s'appuyant sur le témoignage de cet acteur industriel français soucieux de voir que « les Américains ne se posent pas autant de questions que nous et le risque si l'on prend trop de temps, c'est de voir arriver des milliards d'objets connectés en provenance de Chine ou des Etats-Unis qui utiliseront des standards ouverts ». En tout cas, les prévisions sur ce marché ont de quoi justifier toutes les initiatives, si l'on considère, comme le note site lemondeinformatique.fr, que d'après des études du bureau d'études spécialisé « Gartner, le marché de l'Internet des objets pourrait atteindra 1.900 milliards de dollars en 2020. » S'appuyant sur des données du MIT, le site ajoute que « le nombre d'objets connectés devrait finir par dépasser le nombre de PC et de smartphones connectés dans moins d'une dizaine d'années alors que de son côté, l'IDATE estime à 80 milliards le nombre d'objets connectés à l'horizon 2020 (versus 15 milliards en 2012). » A recouper les statistiques émanant de différentes sources d'études, nous ne sommes, effectivement, plus loin, comme le note lemondeinformatique.fr, de ce futur qui « devrait marquer un tournant dans le monde des technologies de l'information, qui ne sera alors plus dominé par les smartphones, tablettes et autres PC hybrides, mais par des boîtiers et des puces à même de rendre communicants des objets qui, jusqu'à ce jour, ne l'étaient pas - ou encore très peu - comme des voitures, des bâtiments ou encore des compteurs de gaz et d'électricité. » Une chose serait alors sûre, notre époque aura ainsi franchi la troisième grande époque du monde de l'informatique et des nouvelles technologies. L'époque dite de « l'informatique ubiquitaire », une notion développée pour la première fois, selon l'encyclopédie en ligne Wikipedia, « en 1988 par Mark Weiser du Xerox PARC pour désigner sa vision du futur, l'informatique du xxie siècle telle qu'il l'a imaginée », ajoutant que, pour ce dernier, « les technologies les plus profondes sont celles qui sont devenues invisibles. Celles qui, nouées ensemble, forment le tissu de notre vie quotidienne au point d'en devenir indissociables. » Cette troisième époque de l'informatique ubiquitaire succèderait alors aux deux précédentes, celles du maiframe puis du PC. Wikipedia explique que pendant « l'ère des mainframes, un grand ordinateur était utilisé collectivement par plusieurs personnes. Dans l'ère suivante - celle des ordinateurs personnels - un ordinateur appartient et est utilisé exclusivement par une seule personne. » Avec l'internet des objets, les choses vont évoluer vers une communication entre machines, soit M2M, une sorte d'époque de « l'informatique omniprésente », selon l'encyclopédie en ligne qui explique ainsi que « l'utilisateur a à sa disposition une gamme de petits appareils informatiques tels que smartphone ou assistant personnel, et leur utilisation fait partie de l'ordinaire de sa vie quotidienne ». A l'instar de toute innovation technologique, l'impact social esttoujours à prendre en considération, notamment par les chercheurs en quête de validation des différentes hypothèses sur l'impact supposé des nouvelles technologies. Si comme le note l'universitaire française Laurence Allard, citée sur http://frenchweb.fr « certains considèrent que l'Internet des objets marque le dépassement de l'humain par les machines », il est opportun également de faire comme elle qui s'interrige si, comme certains le pensent, nous vivons alors « une mutation de l'humanité vers une transhumanité. »