Le silence prudent de l?UGTA
Le gouvernement a effectivement relancé l?avant-projet de loi sur les hydrocarbures, bloqué au mois de décembre 2002 par le président de la République, sous la pression de l?UGTA. Ainsi, ce qui a été qualifié en septembre 2004 de « simple » déclaration d?un ministre s?est avéré fondé sur une réelle volonté des hautes autorités de privatiser Sonatrach, fleuron de l?économie nationale. Le texte a été, en effet, examiné en Conseil interministériel samedi dernier et atterrira bientôt en Conseil de gouvernement puis en Conseil des ministres avant d?être soumis à l?approbation du Parlement. Ce fameux texte de loi, ayant suscité des débats passionnés et une polémique jamais égalée, est remis au goût du jour après deux ans d?hibernation. Seulement, la centrale syndicale ne semble pas lui réserver le même degré d?importance qu?auparavant. Elle, qui avait occupé la scène sociale en pesant de tout son poids jusqu?à obtenir le retrait de cet avant-projet de loi, n?a jusque-là pas bougé le petit doigt pour rappeler à l?ordre l?Exécutif. Surtout qu?il s?agit de la même mouture, sujette à controverse, qui a été reconduite. Pourquoi ce silence ? Ne s?agit-il pas d?un revirement, surtout que les grands équilibres politiques ont changé depuis la présidentielle d?avril 2004 ? Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l?UGTA, refuse de réagir et de faire des commentaires sur la relance de cet avant-projet de loi. Contacté hier, le patron de la centrale syndicale dira : « Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je ne suis au courant de rien. Avant-projet de loi ? Non. Je n?ai rien à dire. » Sur notre insistance, il soulignera que « le moment n?est pas venu pour que l?UGTA manifeste sa position » par rapport à cet avant-projet de loi. Selon lui, « il faut attendre un peu et ne pas agir dans la précipitation. Attendons que l?Aïd passe ». Que veut-il insinuer par là ? Que l?UGTA va revoir sa position ? Qu?elle accepterait, cette fois-ci, cet avant-projet de loi ? Qu?il n?y a plus d?autre choix ? Difficile de répondre. Mais le silence de l?UGTA sur l?examen de cet avant-projet de loi en Conseil interministériel laisse à penser que quelque chose se trame dans le sérail afin de faire aboutir un projet longtemps gelé parce que contesté par les Algériens. Ce projet de loi, s?il venait à être approuvé et promulgué, consacrerait, selon les explications officielles, la séparation des rôles de Sonatrach et de l?Etat avec la suppression du monopole et le changement les statuts de cette compagnie de telle sorte qu?elle devienne une entreprise commerciale comme toutes les autres. Du côté syndical, on a souligné qu?il y a derrière ce projet des desseins inavoués qui ne sont autres que ceux de privatiser Sonatrach et de la vendre aux firmes internationales. Mohamed-Lakhdar Badreddine, secrétaire général de la Fédération nationale des pétroliers, avait qualifié pourtant, en septembre 2002, cet avant-projet de loi d?initiative visant à « mettre fin à la vie de Sonatrach ». « Ce qui est prévu, c?est bien la privatisation de la richesse naturelle nationale. Cela mérite un débat avec tout le monde pour, à la limite, la rendre positive », a-t-il déclaré le 16 septembre 2002 dans un entretien accordé à El Watan. Le 25 septembre 2004, quelques jours seulement après l?annonce du ministre de l?Energie et des Mines de la reconduction de ce fameux projet, M. Badreddine avait déclaré que sa fédération suivra la décision de Sidi-Saïd. Quelle sera donc la position du patron de l?UGTA ? Wait and see.
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Posté Le : 17/01/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokrane Ait Ouarabi
Source : www.elwatan.com