Algérie

Défaut d'humanisme, radicalisme et crise algérienne



Défaut d'humanisme, radicalisme et crise algérienne
L'observateur des événements politiques en Algérie, constate que l'interprétation de la crise algérienne faite aussi bien par les femmes et hommes politiques que par les intellectuels est variable. Les uns la considèrent comme datant du coup d'Etat de 1992. Les autres, estiment que le pays a fait un faux départ dès 62.
Pour ma part, je pense que les origines de la crise algérienne sont à rechercher dans l'histoire du mouvement national.
Dès les années 20 et précisément en 1926, de jeunes algériens créèrent autour de l'Emir Khaled, le petit fils de l'Emir Adelkader, l'étoile nord africaine. Ce parti politique et d'autres tels que le MTLD, les amis du manifeste algérien et le PPA, se sont fixés comme objectifs de militer pacifiquement pour défendre les droits fondamentaux du peuple algérien.
Les événements de Sétif, Kharata et Guelma, du 08 Mai 1945 et l'assassinat de milliers d'algériens par des troupes françaises, ont poussé le mouvement national à la radicalisation .
Malgré les oppositions de personnalités modérées comme Farhat Abbas et même Massali, les partisans d'une solution armée ont rapidement pris le dessus. La création du FLN en 1954 est le fruit de cette radicalisation.
Mouvement nationaliste et indépendantiste, le FLN a rapidement imposé aux algériens la pensée unique et la gestion rigoureuse. Sans moyens, les Moudjahidines qui manquaient d'équipements et de formation n'avaient comme véritables armes que leur foi et leur nationalisme. N'ayant pas le droit à l'erreur, le FLN a fait dans l'exagération, faisant mal à ses ennemis et même à certains de ses amis. L'assassinat d'Abane Ramdane et la guerre fratricide menée contre les messalistes du MNA (mouvement national algérien) en sont la grande preuve.
Souffrant de manque de moyens et de l'atrocité de la guerre, le FLN s'est de plus en plus radicalisé. Ses décisions sont irrévocables, ses positions sont catégoriques, sa vérité est absolue et ses solutions visent toujours la racine.
Ce radicalisme malgré ses inconvénients, fut un mode de gestion pour combler le manque de moyens et d'expérience dont souffraient les troupes de l'ALN qui réalisèrent en un temps record l'indépendance de l'Algérie qui reste un des grands événements du 20é siècle .
Instrument de destruction du système colonial, le FLN a dépassé son objectif en voulant construire l'Algérie post 62. Mouvement révolutionnaire armé, le FLN post indépendance a gardé ses reflexes de guerrier pour gérer les affaires de l'Etat. C'est ainsi qu'il a continué à entretenir la primauté du militaire sur le politique et à faire passer » les intérêts de la révolution » avant ceux du citoyen algérien.
En plus de son caractére radical, le FLN obnubilé par « la révolution » a oublié que le centre de tout développement est normalement l'homme. Autrement dit, la gestion FLN des affaires fut loin d'être humaniste.
Pourtant notre proximité de l'Europe aurait pu nous faire profiter de l'humanisme que les pays européens ont vécu dès le 15 é siècle.
Apparu en Italie, le mouvement humaniste s'est fait par le développement des arts, de la peinture et de l'architecture. Il avait pour but de faire de l'homme le centre de tout projet de développement. Les guerres qui opposèrent la France à l'Italie durant le 15é siècle font découvrir au roi français François 1er les capacités artistiques et scientifiques d'un certain Leonard de Vinci qu'il invita en France où il fini par s'installer . C'est ainsi que l'humanisme qui est apparu en Italie diffusa dans toute l'Europe .
Dès le 17 é siècle, à l'humanisme, succéda ce qu'on appelle les siècles des lumières avec l'apparition de philosophes de renommée tels que Montesquieu, Voltaire ou Jean Jacques Rousseau. Ces philosophes, consacrèrent leurs pensées à combattre les inégalités exercées par les différentes monarchies sur des peuples souffrant d'abus et d'injustice. C'est ainsi que l'humanisme qui caractérisa la période de la renaissance déboucha 200 ans plus tard sur les siècles de la lumière.
Le problème de l'Algérie et de tout le monde musulman, est que les élites au pouvoir depuis plus de 50 ans, ont sacrifié leurs peuples pour « sauver les révolutions». Après la disparition des « chefs révolutionnaires » tels que Djamel Abdenasser et Boumediéne, ces pays sombrèrent dans la prédation . Au fait le vide créé par les dictateurs « révolutionnaires » tels que Abdennasser et Boumediéne favorisa l'arrivée au pouvoir de personnalités médiocres qui transformèrent leurs pays en une propriété privée.
L'absence d'une politique de formation et d'émancipation de l'individu favorisa la médiocrité en permettant à des marginaux d'accéder au pouvoir.
Le printemps arabe est un moyen pour mettre fin à cette prédation. Espérant que cette fois,on accordera plus de place à l'homme et à son émancipation et qu'on ne le marginalisera pas cette fois ci au nom de tel ou tel slogan sacré . L'homme algérien et musulman en général doit être le centre de tout projet de réforme. Les dogmes et les visions idéologiques risquent une nouvelle fois de le marginaliser.
Le radicalisme que le FLN a transmis à toute une génération de dirigeants a provoqué beaucoup de dégâts . Le programme du FIS est dans son ensemble un programme radical, l'arrêt du processus électoral en 92 est une attitude radicale . La prise du pouvoir par le DRS depuis 92 est une stratégie radicale .
Ahmed


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