Algérie

DECOUVERTE DE FOSSES COMMUNES AU SAHARA OCCIDENTAL



DECOUVERTE DE FOSSES COMMUNES AU SAHARA OCCIDENTAL
La découverte avant hier lundi, de deux fosses communes où huit corps de Sahraouis tués en février 1976 ont été identifiés par une équipe espagnole, replonge le Maroc dans la période des années de plomb et des exécutions. Des exécutions considérées comme crimes de guerre perpétrées par le Makhzen, à l'encontre du peuple sahraoui. Des exactions qui sont une violation des lois et des coutumes de guerre, d'une gravité particulière, condamnables en principe par la Cour Pénale Internationale.Le Maroc a jusqu'à présent toujours refusé de reconnaître les exécutions de civils sahraouis par son armée. La découverte tout à fait inédite effectuée par une équipe scientifique de renommée internationale marquera sans aucun doute une étape dans le combat mené par les familles de «disparus» sahraouies pour connaître la vérité sur la mort de leurs proches. Plus de 400 Sahraouis sont actuellement recensés comme victimes d'une disparition forcée. Beaucoup d'autres sont portés disparus par leur famille à la suite de bombardements de l'aviation marocaine. L'exhumation de ces premiers huit corps ouvre donc un dossier très sensible. Il a fallu qu'un berger, un de ceux qui nomadisent encore, malgré les très nombreuses mines, dans ce que les Sahraouis appellent les «territoires libérés», à l'est du Sahara occidental et du mur construit par les Marocains, trouve des restes humains éparpillés sur le sable, pour que l'équipe d'investigation et médico-légale de l'université du Pays basque soit sollicitée par l'Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis.Huit personnes, dont deux mineurs, ont été exécutées avec une arme à feuPour le Dr Carlos Martin Beristain, spécialiste de la mémoire collective dans les sociétés en reconstruction, et son collègue Francisco Etxeberria, spécialiste en médecine légale, qui a exhumé des centaines de victimes du franquisme, l'occasion est à saisir. L'existence de fosses communes dans cette zone d'Amgala est régulièrement mentionnée par les familles. Carlos Martin Beristain en a entendu parler au cours de son étude publiée en 2012 sur les violations des droits de l'homme au Sahara occidental. Mais, jusque-là impossible de lancer des recherches sur le terrain. La zone n'est pas facilement accessible. Elle se trouve dans ce qui est appelé le berm, cette bande de cinq kilomètres délimitée de part et d'autre du mur, interdite aux forces armées. Surtout, les autorités sahraouies veulent être particulièrement discrètes, de peur de voir les traces de ces exécutions extrajudiciaires éliminées par leur ennemi, le Maroc. Après avoir passé trois jours sur place, l'équipe est formelle : «l'analyse des preuves des témoins, des documents trouvés et l'analyse médico-légale, anthropologique et génétique sont en totale concordance avec les résultats obtenus». Pour elle, huit personnes, dont deux mineurs, ont été exécutées avec une arme à feu. «Le fait de retrouver leurs dépouilles sur place est symptomatique des exécutions extrajudiciaires», explique Carlos Beristain. Pour Mohamed, le fils d'une des personnes retrouvées dans ces fosses et qui vit depuis une vingtaine d'années en France, cette découverte est la confirmation tant attendue. « Très vite, après ce jour du 12 février 1976, le jeune qui a été le seul à survivre aux exécutions commises par l'armée marocaine était venu parler à mes grands-parents. Il avait raconté que mon père était à genou et qu'un soldat marocain lui demandait : "Où sont les militaires sahraouis '" Mon père lui a répondu : "Dieu seul le sait." Le soldat a alors tiré sur lui avec plusieurs balles. Le jeune a entendu ses cris. Par la suite, aucune recherche n'a pu être lancée. Tant que je n'ai pas eu la preuve matérielle et les circonstances précises de sa mort, je n'ai jamais pu faire mon deuil...»La Haute Cour espagnole auditionne des témoins sur les fosses communes découvertes au Sahara occidental. L'Association des Familles des prisonniers et disparus sahraouis a exprimé, dans un communiqué cité par SPS, son souhait que cette mesure ne soit pas liée à la décision du gouvernement espagnol de mettre fin à la compétence de la "justice universelle espagnole". L'association a critiqué la conduite du consulat d'Espagne et l"'indifférence" avec laquelle il a traité les demandes de visas de victimes, souhaitant que le gouvernement espagnol facilite les démarches pour que les témoins et les familles de victimes de disparitions forcées puissent être entendues par le juge.Par A.S.Mohsen




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