Algérie

Déclarations glorifiant le colonialisme: les Algériens ne doivent "absolument pas tomber" dans le jeu


Les Algériens ne doivent "absolument pas tomber" dans le jeu de Marine Le Pen et de l'extrême-droite française, a averti vendredi l'universitaire et chercheur en histoire, Hassan Remaoun, rappelant le "visage hideux" de la colonisation française en Algérie."Evidemment, ma première réaction serait le mépris face à de pareils propos. Cependant, il faut savoir que Marine Le Pen tente de remuer les réflexes xénophobes et les sentiments pro-coloniaux de son potentiel électorat, notamment chez ceux, encore nombreux, imprégnés de 'Nostalgérie' et d'esprit de revanche face à une indépendance de l'Algérie mal assumée", a déclaré à l'APS M. Remaoun, estimant que les Algériens "ne doivent absolument pas tomber dans son jeu et celui de l'extrême-droite".
Réagissant aux propos de la présidente du parti français d'extrême droite glorifiant le fait colonial en Algérie, le chercheur associé au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran tient, cependant, à souligner que Marine Le Pen "s'adresse moins aux Algériens qu'à son potentiel électorat".
A ce propos, il a observé que "c'est là l'un des thèmes de propagande favoris de Marine Le Pen dont l'horizon est pointé vers l'élection présidentielle de 2022". Une échéance qui, selon lui, devrait "également nous intéresser autant que ceux qui se mobiliseront pour lui faire barrage, en France même, et ailleurs".
"De manière générale, aux différentes élections lors de ces deux dernières décennies, le Rassemblement national arrive à endosser entre 20 et 25% des électeurs effectifs, ce qui indique une véritable capacité de mobilisation. Ceci, même si le nombre d'abstentionnistes peut représenter et même dépasser les 50% des inscrits", a fait remarquer M. Remaoun, s'agissant du poids de ce courant au sein de la classe politique et de l'opinion publique française.
Le chercheur ajoute qu'en France, comme presque partout dans le monde, l'extrême-droite "mobilise dans les milieux les plus conservateurs, au sein des vieilles générations, des religieux intégristes, des campagnes marginalisées, etc... mais beaucoup moins chez les jeunes et les plus éduqués". De même qu'elle est présente dans des "zones d'ombre marquées par la précarité des services sociaux et la désindustrialisation", sachant que celles-ci ont pu être, par le passé, des "bastions de la gauche", a-t-il expliqué.
"Les opposants à l'extrême-droite peuvent, néanmoins, disposer d'importantes ressources au sein de la société pour faire barrage au Rassemblement national et continuer à le mettre en échec. En outre, beaucoup d'entre eux sont à l'écoute des anciens colonisés et des peuples du Sud de la planète", a-t-il mentionné, plaidant pour "être nous-mêmes à l'écoute" de ces parties.
Le visage hideux de la colonisation
Abordant le récent rapatriement en Algérie des restes mortuaires de 24 héros de la résistance populaire à la colonisation française, l'enseignant à l'Université d'Oran 2 estime que "ces crânes, qui sortent de l'oubli, ne peuvent que rappeler le visage hideux de la colonisation. Ce qui déstabilise profondément l'extrême-droite française, en même temps que la présence importante en France d'une immigration issue d'anciennes colonies".
L'intervenant plaide, à ce propos, pour "rappeler toujours, de façon pédagogique et intelligente, à notre jeunesse les crimes commis contre les Algériens, en particulier, et contre l'humanité, de façon plus générale". Une démarche devant être menée "tout en incitant les jeunes à regarder vers l'avenir", préconise-t-il.
"La discipline de l'histoire devra plus que jamais contribuer à lier le devoir de mémoire à la nécessité de prospective envers ceux qui, à travers les générations, ont fait l'Algérie. Et en cela, ce sont les plus jeunes qui porteront le flambeau pour éclairer les voies de la progression vers l'avenir", commente M. Remaoun, avant de conclure en ces termes : "Il faudrait que l'adage les chiens aboient, la caravane passe ne soit pas un vain mot".
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