Algérie

Déclarations de Abdelhamid Mehri




- Quid du partage du pouvoir entre militaires et politiques '
Le partage du pouvoir se fait en fonction des intérêts. C'est une évidence. Pourquoi il y a partage en catimini du pouvoir ' C'est la grande question. Le pouvoir est un mandat qui doit àªtre conféré par le peuple en fonction de règles établies et acceptées par tous. Or, nous assistons à  un partage qui se fait en fonction des intérêts personnels, tribaux, villageois, etc.
Entre politique et militaire, depuis que l'humanité existe, il y a un conflit ouvert. Ces pouvoirs se disputent la gestion de la cité.
Dans notre cas, il faut situer les responsabilités. Les deux pouvoirs existent. La convergence de leurs compétences peut àªtre positive pour une idée démocratique saine. S'il y a une compétition entre ces deux pouvoirs, en dehors du peuple, ça sera forcément négatif. Ce qui se faisait pendant la période de la Révolution, et qui peut àªtre considéré comme une somme d'erreurs, était le résultat d'un manque d'information, de dialogue, de débats imposés par les circonstances de la guerre. Aujourd'hui nous n'avons pas ces contraintes : si on accepte un régime où les décisions sont prises en catimini, où le pouvoir démocratique du peuple est inexistant, on reconstitue artificiellement le contexte de la guerre. Ou on est bête ou bien… donc entre le militaire et le politique, il y a un équilibre positif. Parfois, le militaire empiète sur le politique : à  ce moment-là on crie au manque de légitimité, dans d'autres cas, – c'est rare –, c'est l'inverse qui se produit et on désigne les politiques comme des incompétents. De toute façon, il n'y a pas de fatalité à  ce que les rapports entre politiques et militaires soient inscrits en rouge, c'est-à-dire s'établissent contre l'intérêt du peuple. Il y a aujourd'hui une possibilité, une vie démocratique, un débat, une gestion démocratique de la société est capable d'imposer des règles pour que les deux fonctions, civile et militaire convergent vers l'intérêt du peuple.  
- Amazighité : «Je n'ai pas un avis personnel»
Le problème de l'identité se pose à  différents niveaux. Au niveau d'une certaine élite, au niveau du peuple. C'est un problème à  débattre clairement dans une démarche consensuelle pour mettre l'Algérie sur les rails. En 1994, on a fait des propositions au Haut Conseil d'Etat pour un dialogue en vue de résoudre la crise, on a posé carrément le problème d'une politique de langue et d'identité à  débattre comme un élément de la solution à  la crise.
Je n'ai pas un avis personnel à  donner ici.
En gros, les éléments de l'identité sont reconnus par tout le monde, leur agencement ou fonctionnement, la politique concrète pour les soutenir est à  débattre.    - Réformes politiques : Une nécessité»
Sur la possibilité de réforme, du changement du système, je crois, non pas à  une possibilité, mais à  une nécessité de changement du système. Cette nécessité ou bien elle est perçue par tout le monde, et on l'aborde d'une façon consensuelle et volontaire, ou bien elle sera imposée par les circonstances. Le système de gouvernement établi depuis l'indépendance a fait son temps. Il est arrivé à  bout, c'est-à-dire il n'est plus efficace : il ne peut ni résoudre les problèmes du pays ni ses problèmes particuliers. Il faut donc œuvrer pour que ce changement ait lieu. Ce changement ne peut pas venir uniquement du système. Ne peut pas venir de telle ou telle partie. Mon point de vue est qu'on doit y aller avec une démarche consensuelle et non avec des discours creux, une démarche expectative qui fait que même les partis de l'opposition ne peuvent pas se rencontrer, dialoguer, faire la preuve de leur disponibilité à  écouter l'autre. Si c'est ainsi, le changement n'aura pas lieu, il viendra, je ne sais pas d'où. Si on veut un changement pensé par la société, il faudrait que les forces de la société se mettent à  dialoguer et à  chercher le chemin pour une sortie de crise. A la question de savoir si nous sommes à  la fin d'une phase politique, je réponds : oui. La revendication du changement est à  peu près générale, car les Algériens sentent que la manière avec laquelle les affaires sont conduites n'est plus à  même de résoudre leur problème. Ce régime est incapable de produire une politique économique cohérente. Depuis l'indépendance, tout le monde parle d'une économie capable de relever le défi de l'après-pétrole. Or, tous les pronostics nous disent que l'après-pétrole c'est pour 25, 30 ans. Ce qui veut dire que la génération d'aujourd'hui peut vivre la fin du pétrole. J'ai dit à  certains responsables que si aujourd'hui l'Algérie à  des problèmes parce que les prix du sucre et de l'huile ont augmenté sur le marché international, dans 30 ans, alors que dira-t-on quand ce sera la fin du pétrole !

- Sur la non-présence au Congrès de la Soummam

Je n'ai pas participé, parce que je n'ai aucune qualité pour y àªtre. Pour ce qui est du principe de la primauté du politique sur le militaire, je suis pour aucune réserve. Je vous dis simplement que le déclenchement de la Révolution, le 1er Novembre, ça a été une décision éminemment politique. Certains des dirigeants de la Révolution, comme Ben Bella, étaient même contre parce qu'ils conditionnaient la lutte armée par la possession d'un certain potentiel militaire, une alliance avec la Tunisie et le Maroc, l'union des toutes les forces politiques en Algérie, etc. Cette stratégie valable mais inapplicable. Toutes les révolutions anticolonialistes ont fait primer le raisonnement politique sur le raisonnement militaire. 
 


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