Algérie

Déchets plastiques et ferreux à Tizi Ouzou



Quand les décharges créent de l?emploi La récupération et la transformation des déchets ferreux et du plastique intéressent un nombre de plus en plus croissant de personnes à Tizi Ouzou. Près d?une dizaine de stations de stockage est installée sur les deux bords de la RN 12. D?autres sites existent aussi à proximité des grandes décharges et au long des grands axes routiers de la wilaya. Ces stations sont, pour la plupart, détenues par des personnes originaires de l?est du pays où cette activité est florissante grâce notamment à l?existence du port de Djendjen, dans la wilaya de Jijel. Tizi Ouzou : De notre bureau L?approvisionnement de ces parcs de stockage se fait par des particuliers qui veulent se débarrasser de leurs vieux ustensiles de cuisine et autres équipements ménagers. Des personnes se déplacent aussi dans les villages à la recherche des déchets ferreux et du plastique inutilisable. Ce dernier est vendu à de petites unités de broyage locales et de transformation de cette matière en produits finis (caisses de boissons, cageots et tubes pour câbles électriques). Les déchets ferreux sont vendus, quant à eux, aux grands récupérateurs qui les exportent à l?étranger, principalement en Italie. Mais ce secteur est en crise depuis l?interdiction, par les pouvoirs publics, de l?exportation des déchets ferreux, en raison de l?immense trafic et de l?anarchie qu?a connus cette activité. Les gérants de petites unités locales de transformation d?aluminium viennent toutefois s?approvisionner chez ces récupérateurs, contraints de vendre leur marchandise presque au prix de son achat. Le coût élevé du transport empêche l?entreprise d?El Hadjar, à Annaba, d?aller récupérer ces grandes quantités de déchets ferreux, stockées à travers tout le territoire national. Mohamed est originaire de Mila où il a travaillé dans le domaine de la récupération des déchets ferreux et du plastique pendant six ans. Il s?est installé à Tizi Ouzou, il y a seulement trois ans, encouragé par un marché porteur, encore vierge dans la région. Adossé au mur d?une baraque en parpaing, près de laquelle est stationnée une voiture de marque Mercedes, Mohamed se plaint pourtant de la baisse du rythme de travail ces derniers mois. C?est le cas aussi chez les autres récupérateurs approchés, constate-t-on. Ce que ne disent toutefois pas ces marchands de métal et du plastique, c?est qu?ils disposent de nombreuses stations de récupération où ils emploient parfois entre 4 et 6 personnes dans le triage des matières. Les transformateurs du plastique en caisses de boissons gazeuses et alcoolisées, de fruits et légumes, et en chaussures ne prennent que de petites quantités, indique-t-on. Les prix de vente d?un kilo de plastique diffèrent d?une saison à une autre et sont soumis à la loi de l?offre et de la demande. Mais ce sujet demeure tabou chez tous les récupérateurs rencontrés qui avancent des chiffres loin de la réalité du terrain. Le gérant d?une unité de broyage, installé sur le bord de la RN 12 déclare que le prix d?un kg de plastique broyé, utilisé pour la fabrication des divers types de caisses, se situe entre 40 et 45 dinars. Un kilogramme de la matière utilisée pour la fabrication des bidons est cédé à 17 dinars quand la demande est importante, déclare-t-il. " En ce moment c?est le plastique qui sert à la confection des chaises qui se vend à un prix élevé. Le kilogramme de ce produit, broyé, coûte jusqu?à 50 dinars ", révèle-t-il. Chez les ouvriers, l?on avance d?autres chiffres. " Un kilo de plastique broyé et qui sert à fabriquer des caisses se situe entre 60 et 70 dinars, soit le double de son prix d?achat", déclare un ouvrier chargé du triage au niveau d?une unité de récupération. Concernant les déchets ferreux, c?est l?aluminium qui se vend le plus cher. Un kilo est cédé à 80 dinars lorsque la demande est importante. L?absence d?unités de recyclage et de transformation du plastique, suffisamment équipées dans la wilaya de Tizi Ouzou, freine l?élan de cette activité fort lucrative. Les déchets récupérés s?entassent ainsi dans ces parcs pendant des semaines faute de preneurs. " Nos clients viennent des entreprises installées à Boumerdès, à Rouiba (Alger), à Blida et à Tipasa. Ces entreprises n?achètent que de petites quantités et ne viennent pas régulièrement", explique un récupérateur. A une centaine de mètres, sur le RN 12, Abderahmane, la trentaine, s?est lancé depuis quelques années dans le domaine de la transformation du plastique. Il affirme que cette activité ne s?est pas encore frayée un chemin dans la wilaya de Tizi Ouzou. " Les gens ont tendance à mépriser ce métier qui me permet de gagner ma vie dignement ", ajoute-t-il. La petite unité de broyage assure un emploi permanent à 4 personnes. De jeunes étudiants travaillent aussi dans cette unité régulièrement, durant les week-ends et les jours de vacances pour subvenir à leurs besoins. De petites unités de broyage existent à travers d?autres localités de la wilaya. Mais les jeunes investisseurs qui souhaitent se lancer dans ce métier buttent sur les lenteurs administratives pour se faire délivrer une autorisation d?exploitation. Selon certaines informations, les autorités craignent la multiplication des vols de câbles électriques arrachés et des lignes téléphoniques, que des groupes de malfaiteurs proposent en grandes quantités aux transformateurs du plastique et du cuivre. L?absence d?entreprises de transformation du plastique et des déchets ferreux dans la wilaya et l?incapacité de l?Etat à contrôler l?activité des récupérateurs de ces matières empêche ainsi l?essor d?une industrie qui participe pourtant à la protection de l?environnement, en plus des emplois qu?elle génère.


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