Retour, cinq mois après, sur le point noir de la décharge sauvage de Haï Chahid Mahmoud (plus connu sous son nom populaire : Douar Boudjemâa), commune de Hassi Bounif, daïra de Bir El-Djir. S'il y a un titre qui sied à la prise en charge de ce problème, c'est bien «le bricolage».Le dépotoir à l'air libre a été certes éradiqué et un muret construit de part et d'autre de la voie publique. Mais c'est peu dire que le travail a été à moitié fait, avec une grossièreté déconcertante et un goût d'inachevé insolite. On aurait pu mettre l'intervention municipale sur le compte des tracas financiers qui ne permettent pas de franchir un seuil minimal de dépenses s'il était, par exemple, question d'une opération PCD assez onéreuse. Bien loin de là, il s'agissait d'une simple petite action épiderme d'un montant plutôt dérisoire. Ce qui n'a pourtant pas empêché les services communaux à faire dans le rafistolage et l'à-peu-près, à tout point de vue. Le décor hideux d'une déchetterie sauvage à ciel ouvert a été démantelé et remplacé en lieu et place par bien sobre mur à hauteur d'appui en guise de garde-fou contre le jet d'ordures. Ni crépissage, ni peinture de mur, ni réfection de trottoirs et de chaussée, ni mise en place de caniveaux et canaux d'assainissement, ni plantation, ni ornement, ni rétablissement du réseau d'éclairage public… Mieux, on ne s'est même pas donné la peine de ramasser ses résidus de matériaux de construction après chantier si tant est qu'on puisse parler de chantier. Du coup, c'est le retour à pas feutrés des dépôts de déchets tout venant.
Pourtant, tout augurait au début d'une bonne prise en charge de ce problème, avec une grande opération d'aménagement urbain post-nettoyage en perspective. Dans le feu de l'action, on a eu droit à des messages de sensibilisation à destination des habitants du genre : «les habitudes ont la peau dure, il faut désormais éviter une éventuelle résurgence du point noir. Il y va de la responsabilité de la commune de préserver la propreté du périmètre et les habitants, quant à eux, doivent s'impliquer activement. Ils sont censés être les avant-gardes pour prémunir leur environnement contre la pollution et tout autre forme de dégradation».
Il ne faut pas se voiler la face : les habitants ne sont pas exempts de tout reproche dans l'émergence d'une décharge sauvage sur le pas de leur porte. Au mieux, ils ont fermé les yeux, pour certains d'entre eux. Au pire, ils en ont eux-mêmes profité, pour bien d'autres. Mais ce qui a véritablement favorisé l'apparition et la prolifération de cette immense déchetterie sauvage, c'est l'état d'abandon dans lequel se trouvait un domaine agricole collé à l'ensemble urbain. Ni cultivée ni entretenue, ouverte à tous les vents, cette terre agricole sans clôture murale ni végétale était devenue pour beaucoup l'endroit propice pour se débarrasser à peu de frais de ses ordures ménagères, déchets de construction, matériaux de seconde vie et autres résidus d'activités diverses.
Inexploité, délaissé, ce domaine agricole encrassait la cité au lieu de l'affiner, l'empestait au lieu de la parfumer, la noircissait au lieu de la verdoyer. Aux grands maux, les petits remèdes : de temps en temps, lorsque la route d'accès au village de «Boudjemâa», qui bifurque du chemin de wilaya reliant le 4ème périphérique à Hassi Bounif, s'encombrait par le trop-plein du dépotoir, la commune y intervenait au moyen d'engins de prestataires de services privés. On préférait ainsi les bons de commande, moyen facile et intéressant qui caresse le problème et le perpétue, à la solution qui le règle pour de bon.
UNE SOLUTION A LA RACINE MAIS…
A raison d'une fois tous les deux à trois mois donc, le site avait droit à un petit traitement épiderme d'à peine une demi-journée qui permettait de dégager la voie non pas par évacuation des tas de détritus mais simplement par repoussement de l'excédent vers l'arrière-plan. Un trompe-l'?il, un cache-misère. Même pas : les monticules d'ordures restaient visibles à perte de vue. Un grotesque palliatif qu'on combinait parfois avec l'incinération pêle-mêle des tassements d'où se dégageaient une odeur irrespirable et une épaisse fumée toxique qui se répandaient plusieurs kilomètres à la ronde. Parfois jusqu'à la rue commerçante qui pullule de points de vente de viande issue d'abattage clandestin. Désenchantés et au bord de l'exaspération, ne voyant rien venir de leurs responsables locaux pour prendre en charge un petit problème qui relève des missions régaliennes de la commune, voire de ses raisons d'être, les habitants de cette contrée en ont en juillet dernier appelé au wali par le biais du journal. Instruction a été donnée illico presto aux gestionnaires communaux pour résoudre ce problème à la racine. S'ensuit, après un diagnostic de la situation, un branle-bas de combat sur place : la décharge a été éradiquée jusqu'aux derniers recoins. Déblayé, dégagé, libéré de bout en bout, le site devait être aménagé par la suite par la mise en place notamment d'un mur de clôture de part et d'autre de la voie d'accès au quartier ainsi que la réfection du trottoir, la chaussée, l'éclairage et tout ce qui s'ensuit.
Cependant, pour pérenniser cet état, la veille et l'alerte doivent rester de mise, aussi bien côté APC que côté population, d'où la nécessité de mettre en coordination les services municipaux et les comités de quartier. Il faut également mettre à jour le dispositif de collecte des déchets ménagers au niveau de cette grande délégation communale de Hassi Bounif.
UN DISPOSITIF DE COLLECTE A METTRE A JOUR
Une dotation en moyens d'enlèvement et de collecte d'ordures, dont des bacs à ordures notamment, au profit de cette commune s'avère indispensable en raison du déficit criard en la matière dont souffre cet étendu territoire relevant administrativement de la daïra de Bir El-Djir. Il y a lieu de rappeler que ce qui a, d'après les habitants, encouragé l'émergence et la prolifération de ce dépôt d'ordures à l'air libre, c'est une terre agricole en friche ouverte à tous les vents. L'absence d'une clôture, notamment sur le côté de cette terre inculte qui longe la route traversière accédant au village, a encouragé les gens à transformer ce terrain nu et non surveillé en «vide-ordures». «Ils viennent de tous bords, d'ici et d'ailleurs, des autochtones comme des intrus ou de simples passagers, qui pour jeter ses sacs-poubelles, qui pour vider des fourgons ou camions d'excédents de matériaux de construction ou autres déchets d'activités industrielle, agricole ou commerciale. Le rejet se fait de jour comme de nuit, de façon anarchique.
C'est devenu, fort malheureusement, une déchetterie sauvage de renommée wilayale», s'insurge un résident de ce quartier en plein essor, avec ses nouvelles cités de types collectif et semi-collectif, de l'Agence foncière et de l'OPGI qui sont venus se greffer au vieux Douar Boudjemâa et les lotissements des années 1990-2000. Un essor urbain et une croissance démographique qui a fini par se faire accompagner bon gré mal gré par une certaine dynamique de développement local, avec notamment de récentes opérations PCD d'aménagement urbain et de VRD et, plus récemment, un projet en cours d'achèvement de dédoublement de la voie d'accès Rocade-Chahid Mahmoud et de traitement de l'entrée du village. Or, le moins qu'on puisse dire c'est que ces actions de mise à jour de la voirie et du cadre de vie urbains contrastaient fortement avec la désinvolture et le laisser-aller des autorités publiques locales dans le cas de la décharge sauvage grandeur nature qui, dans un passé récent, entachait et souillait le paysage.
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Posté Le : 27/12/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : H S
Source : www.lequotidien-oran.com