De temps à autre, l?on perçoit les échos diffus d?un chant patriotique. Les célébrations se suivent et se ressemblent. Monotones, sans enthousiasme ni effervescence. Les dates marquantes de notre histoire se perdent dans les méandres de l?oubli et de l?indifférence. Pour qui a connu ou vécu à Alger durant les premières années de l?indépendance, le contraste saute aux yeux. L?allégresse populaire, la communion autour d?un idéal se lisaient sur les visages. La cité, qui fut un des bastions de la résistance, célébrait avec ferveur, recueillement, les repères de sa brillante épopée. Ces scènes, à jamais gravées dans les mémoires, sont devenues des images presque mythiques. Beaucoup d?eau a coulé sous les ponts. Les despotismes successifs des « Mahdis » inspirés, le « providentialisme » des Césars autoproclamés, le culte de la personnalité, l?adulation intéressée à l?égard des diktats et des thaumaturges ont provoqué une désaffection ruineuse à propos de notre histoire devenue, par la force des choses, une scolastique captieuse, discours défraîchis, glose désséchée. Aujourd?hui, la remise à flot s?effectue péniblement parfois même en catimini. Le lyrisme diffus des pouvoirs publics est battu en brèche, bousculé. Des efforts méritoires sont accomplis qui tentent, autant que faire se peut, de jeter dessus bord, les tabous, les secrets, les amalgames, les oublis prémédités. Tout cela augure une heureuse reprise de conscience qui mette fin aux dérobades, aux silences programmés. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Le chemin à parcourir est lent. Il passe par des sentiers escarpés. Notamment celui de voir le citoyen réhabilité, restauré dans ses droits politique, syndical entre autres. Et ce n?est pas une mince affaire.
Posté Le : 07/07/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com