Algérie

Décès hier de l?acteur Yahia Benmabrouk



« L?Abrenti » rejoint l?Inspecteur Une tension artérielle et un diabète tenace ont eu raison d?un personnage qui a consacré sa vie pour l?art. Celui qui incarnait le rire, aux côtés de l?Inspecteur, a fini par rejoindre son confrère sachant que, depuis la mort, en 1981, de son « supérieur », Yahia Benmabrouk fera l?impasse sur le cinéma si ce n?est un bref retour devant les caméras au détour du film Le Clandestin, qui confirma, une fois de plus, le talent émérite de l?artiste. « L?Abrenti », cet ancien élève de l?école Sarrouy de la Casbah d?Alger, l?ancien scout de La Pêcherie, l?ancien footballeur du prestigieux CCA, a débuté sa carrière sur les planches du théâtre sous la houlette de Mustapha Kateb. Il côtoya les Kouiret, Raïs, Rouiched et beaucoup d?autres. Il ne pouvait alors que réussir dans sa vie d?artiste. Mais c?est son duo avec l?Inspecteur Tahar qui allait le propulser sur le devant de la scène. C?est ainsi qu?il mènera, avec « l?Inspecteur », une enquête. Il partira, toujours avec « l?Inspecteur », en vacances. Il jouera au « chat » et à la « souris ». Bref une série de films et de sketchs qui tiendront le haut de l?affiche durant plusieurs années. « L?Inspecteur » et « son Abrenti », c?était le duo de choc des années 1970 qui a su concilier le public algérien avec son cinéma, comme il a su donner une touche purement algérienne à des images qui resteront gravées dans la mémoire de plusieurs générations. Dans la vie, Yahia Benmabrouk était très simple. Il ne se lassait pas de parcourir les ruelles de la Casbah qui l?a vu grandir, comme il ne ratait que rarement les matchs du Mouloudia au stade de Bologhine. Il ne se lassait pas de rencontrer ses amis d?enfance, qu?il retrouvait au niveau des terrasses du café Malakof ou celui café Tlemçani. La mer, c?était aussi un de ses passe-temps favoris. Et de sa terrasse à La Vigie, commune des Deux Moulins, il restait des heures durant à regarder le reflux des vagues. Il allait souvent à la rencontre de son public auquel il réservait toujours un mot pour rire. Lorsque des jeunes gens étaient étonnés de le voir à pied, il ne manquait pas de leur dire : « Et alors vous croyez que je roule en Cadillac ! » Mais voilà « l?Abrenti », celui qui incarne le rire, est tombé malade. Une hémiplégie est venue tourmenter la vie de l?artiste qui finira par perdre le sourire. Il sera cloué sur une chaise roulante et perdra même la parole. Il n?avait alors que ses yeux pour voir, de son balcon, cette Alger où il avait grandi, qu?il a chérie. Silencieux, pour oublier sa maladie, il se remémore les images de cet acteur tout jeune, tout frêle, qui est venu taquiner les planches du théâtre, qui a fait de la prison parce qu?il a participé à la Révolution armée de son pays, qui s?est amusé avec les caméras du cinéma, qui a fait rire une Algérie tout entière. Il aura quand même un pincement au c?ur lorsqu?il se rappelle que sa maladie n?a pas été prise en charge d?une façon effective si ce n?est une hospitalisation grâce à des amis. Mais bof ! la carrière a été plus riche, alors pourquoi penser à ces menus détails ? Mieux vaut dormir en paix. Dans la postérité, une voix s?élève : « L?Abrenti tu es là ? » « Oui, ya Inspecteur ! »




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