L'information est tombée comme un couperet, samedi dernier, sur les réseaux sociaux et a été annoncée notamment par Mourad Senouci, directeur du théâtre d'Oran: le metteur en scène et comédien Hassan Assous est décédé dans la nuit du vendredi à samedi à l'âge de 72 ans à Sidi Bel Abbès où il a eu à diriger le théâtre de sa ville.«Hassan Assous a été évacué en urgence à l'hôpital suite à un malaise cardiaque. Il y a rendu l'âme quelques heures plus tard», a affirmé Mohamed Yahiaoui, actuel directeur du Théâtre national algérien Mahiéddine-Bachatarzi (TNA). Natif de Jijel, Hassan Assous, a entamé sa carrière dans le 4e art avec une troupe théâtrale Aliflam, non sans peine.
Le sourire blessé
Ancien enseignant de langue française, le défunt a fondé, au début des années 1990, la troupe nommée «Alif lam», qui a produit plusieurs spectacles dont «El basma el majrouha» (Le Sourire blessé). Au début du troisième millénaire, Hassan Assous a eu à diriger le Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, en lui donnant une nouvelle dynamique à travers l'implication des professionnels du 4e art et universitaires dans les spectacles produits par cet établissement culturel. Il a aussi contribué à la réalisation de spectacles destinés aux personnes handicapées comme «La chambre d'amis» de Sadek El Kebir, jouée par des comédiens non voyants. Hassan Assous a signé la mise en scène de «La poudre d'intelligence», une adaptation de la pièce éponyme de Kateb Yacine.
Dans une interview accordée a 24H Algérie, le metteur en scène était revenu en mars dernier sur l'expérience de sa troupe Ali lam de Sidi bel Abbès, évoquant toutes sortes d'embûches qu'il a rencontrées à ses débuts. C'est un homme épris avant tout de liberté qui s'est révélé au fil des lignes. Hassan Assous dira: «En 1989, nous étions des comédiens au Théâtre régional de Sidi Bel Abbès. À l'époque, il y avait un blocage à l'intérieur du secteur public avec l'absence de moyens et de visions.
La liberté avant tout
Le Théâtre de Bel Abbès était dirigé par Kateb Yacine. À sa mort, en 1989, les choses avaient changé avec la création de clans». À noter que Hassan Assous a été l'un des premiers à avoir lancé sa coopérative alors que le système de l'époque en était contre. Il est toutefois encouragé par la création de Aliflam après que Abdelkader Alloula ait crée la coopérative du 1er Mai à Oran, en 1988. Résultat des courses, il est licencié» lui et sa femme du théâtre de Sidi Bel Abbès. Sans ressources, ils ne devaient compter que sur eux-mêmes et sur les amis et ainsi sur la représentation de «El Besma al majrouha» (le sourire blessé) d'après un texte de Omar Fetmouche.
Cette dernière rempotera un franc succès en 1992 malgré la morose ambiance du début des années noires en Algérie.
Le succès est au rendez-vous puisque la pièce prend part au Festival de Carthage sur proposition d'Amine Zaoui qui était à l'époque directeur du Palais de la culture. Elle participera également à la représentation dans d'autres pays notamment en Italie et en Grande-Bretagne. Hassan Assous qui a dirigé pendant plusieurs années le Théâtre régional de Sidi Bel Abbes (Trsb) ne se cache pas sur le fait d'avoir «géré le Trsb comme une coopérative, une compagnie», et ce, afin d'éviter une forme de «volonté de caporalisation par l'administration des coopératives théâtrales.» peut-on lire encore. Il est à noter qu'Hassan Assous qui travaillait avec Kateb Yacine, était subventionné par le ministère du Travail. L'on comprend mieux aujourd'hui sa détermination et ce regard lucide éternellement brillant qui le caractérisait et ne le lâchait jamais.
Homme téméraire, profondément libre dans ses choix et ses motivations, c'est une grande perte que vient de vivre le monde du théatre.
Une grande perte qui compte déjà la troisième personne disparue en à peine une semaine dans le monde du 4ème art.
Pour ainsi dire, une vraie hécatombe humaine. Une tragédie réelle..
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Posté Le : 26/07/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O HIND
Source : www.lexpressiondz.com