Algérie

Décès de Jamal Eddine Bencheikh



Le Sindbad des mots rejoint le conte de l?éternité L?écrivain algérien Jamal Eddine Bencheikh, 75 ans, est décédé lundi dernier d?un cancer à Tours (centre de la France), a appris l?AFP mercredi auprès de sa famille. Né le 27 février 1930 à Casablanca d?une famille d?origine tlemcénienne, Jamal Eddine Bencheikh était agrégé d?arabe et docteur ès lettres. Il a enseigné la littérature arabe médiévale et la littérature comparée à Alger, Paris VIII Vincennes, puis Paris IV Sorbonne. Il est notamment connu pour sa traduction, en collaboration avec André Miquel, des Mille et Une Nuits, dont une nouvelle édition de 1250 pages vient d?être publiée en France par Gallimard. « Une traduction qu?on attendait depuis trois siècles », avait déclaré à Libération Claude Brémond, de l?Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Car, rappelle le quotidien français, c?est la première traduction en français non censurée, complète, avec la totalité des 1205 poèmes, fondée sur l?édition de Bulaq, du nom de la ville égyptienne où le texte a été imprimé pour la première fois en 1835, et considérée comme la moins mauvaise et la plus cohérente des versions arabes. Bencheikh s?est également distingué par une profonde analyse du texte mythifié des Mille et Une Nuits. Pour lui, Shahrazad « affronte la mort non pas pour sauver sa tête, mais pour garder la parole. D?ailleurs, elle ne représente pas les femmes, mais tout être de désir ». L?homme était également spécialiste de la poésie arabe et avait rédigé une introduction aux Prolégomènes d?Ibn Khaldoun, l?un des fondateurs de la sociologie. Quelques années après l?indépendance de l?Algérie, Jamal Eddine Bencheikh s?était imposé un « exil volontaire » en France pour protester contre les restrictions de libertés imposées par le régime de Houari Boumediène. Il avait également critiqué les politiques d?arabisation expliquant que l?échec des expériences d?arabisation ne peut être interprété comme un échec de la langue arabe, mais il concerne seulement les conditions dans lesquelles ont été tentées et réalisées ces expériences. Auteur de plusieurs contributions à caractère politique dans différents journaux et revues tels que Révolution Africaine, Jeune Afrique, Le Monde ou Le Nouvel Observateur, réunies en 2001 dans un recueil intitulé Ecrits politiques (1963-2000), Bencheikh avait notamment pris position contre l?intégrisme, en dénonçant une « poignée qui parle au nom de l?Islam de telle manière qu?elle est en train d?approfondir l?incompréhension entre les musulmans et l?Occident ». L?Institut du monde arabe à Paris (IMA) a, dans un communiqué répercuté hier par l?APS, exprimé sa tristesse rappelant que « cet immense connaisseur des littératures arabes, traducteur, commentateur, exégète et linguiste de renommée internationale, aura marqué de son empreinte, depuis quelque quarante ans, le monde de la recherche et de l?édition dans ses multiples domaines de compétence ». Rappelons parmi ses ouvrages Les poésies bachiques d?Abû Nuwâs (1964 ), Le rationalisme d?Ibn Khaldoun (1965), Le Voyage nocturne de Mahomet, suivi de l?Aventure de la parole (1988), Poétique arabe : essai sur un discours critique (1998), Rose noire sans parfum, chronique d?un vrai faux prophète (1998). Bencheikh a également publié 13 recueils poétiques depuis 1981 dont Le silence s?est déjà tu (1981), L?Homme poème (1983), Les Mémoires du sang (1988) et L?Aveugle au visage de grêle (1999). Les éditions Tarabustes ont publié, en 2002 et en 2003, deux volumes des ?uvres poétiques complètes.


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