Algérie

Décès de Abdelmalek Benhabilès



Abdelmalek Benhabilès, cette figure encore méconnue de la plupart des jeunes Algériens, s'est éteint dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 décembre. Le personnage est resté plutôt effacé de la vie politique médiatisée, mais n'en reste pas moins un pilier des institutions juridiques algériennes, toujours soumises à plus de pression de toutes parts.Nedjma Merabet - Alger (Le Soir) - Membre fondateur du PPA (Parti du peuple algérien), il faisait partie des seuls et uniques magistrats «musulmans» du temps de la colonisation. Il fut ensuite militant du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) de l'Ugema (Union générale des étudiants musulmans d'Algérie), il a été également rédacteur au journal indépendantiste L'Etoile d'Algérie.
Figure de tous les combats, à l'indépendance, il fut assez brièvement secrétaire général au ministère des Affaires étrangères sous Boumediène, puis ambassadeur au Japon, en Tunisie, en Suisse, et même au Vatican, ce qui peut dénoter d'une certaine subtilité de son appréhension de la «chose politique».
Mais les générations qui étaient adultes lors des années de braise, celles des années 90, se souviennent d'un as discret de la politique, mais surtout du droit, et plus particulièrement du droit politique international. Sans sa maîtrise subtile de la législation, il aurait été plus difficile de justifier de la dissolution de l'Assemblée, de l'arrêt du processus, et encore moins de la mise au point du CNSA, dont il était à l'origine. Abdelmalek Benhabilès a été en mesure de proposer une interprétation judicieuse de la Constitution, pour la poursuite de sa viabilité autant que pour la continuité de l'Etat algérien. Grâce à lui, le monde a pu trouver des arguments juridiques incontournables pour justifier de la constitutionnalité de l'arrêt du processus électoral. En tant que président du Conseil constitutionnel, il aurait logiquement pu occuper le poste de président de la République par intérim, mais par conviction autant que par intégrité, il s'y refusa, car en réalité, la Constitution ne prévoyait pas l'accumulation de deux circonstances exceptionnelles : vacance du poste de président et dissolution de l'Assemblée. C'est ainsi qu'il a trouvé des assises juridiques solides pour la mise en place du CNSA, qui rassemblait une large frange de la société civile algérienne, fermement opposée à l'idéologie et aux pratiques politiques réactionnaires et antidémocratiques des islamistes soutenus par divers bords naturellement hostiles aux positions et à la stabilité de l'Algérie. Avec la complexification de la situation, Benhabilès s'est investi dans l'action civique. Il est également un des membres fondateurs de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme.
La jeunesse gagnerait donc à se pencher sur le parcours atypique autant qu'impressionnant de ces figures de l'Histoire de l'Algérie, qui sont aussi importantes qu'invisibles, d'autant qu'elles ont eu un rôle dans l'Histoire plus que présente du pays.
N.?M.


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