Un autre authentique soldat de l'ombre vient de nous quitter, il faisait
partie de ces grands hommes qui ont marqué leurs noms en lettres d'or sur le
livre de l'histoire de la révolution algérienne. Le moudjahid Abdelkrim Hassani
est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 78 ans à l'hôpital
Mohamed-Seghir-Nekkache (Aïn Naâdja) à la suite d'un accident cérébral. Le
moudjahid Hassani, dit Si El-Ghaouti durant la guerre de libération, était un
officier de l'Armée de libération nationale (ALN). Il fut membre du ministère
de l'Armement et des Liaisons générales (MALG) et s'occupa de la formation des
opérateurs radio. En 1976, il fut nommé DG de la Fonction publique succédant
ainsi à Abderrahmane Kiouane, avant de devenir dans les années 1990 président
de la Confédération des industriels et des producteurs algériens.
Le défunt moudjahid, compagnon de
Si Tahar et beau-frère de Larbi Ben M'hidi, est né le 23 février 1931 à Biskra.
Il poursuivit ses études primaires et secondaires dans cette même ville, avant
de rejoindre le lycée Albertini de Sétif où il a obtenu son baccalauréat
mathématiques avec mention bien. Devenu membre du Parti du peuple algérien
alors qu'il était lycéen, Abdelkrim Hassani s'est véritablement engagé dans la
lutte armée contre le colonialisme français en 1955 en tant que membre de
l'organisation politique du FLN. Il sera appréhendé en 1955 par la police à
Biskra et en 1956 à Tizi Ouzou. Son amour du pays le poussera à abandonner ses
études à l'université d'Alger lors de la grève des étudiants du 19 mai 1956 où
il était membre actif de l'UGEMA. Il rejoindra ensuite la Wilaya 5 pour devenir
officier et être l'un des principaux collaborateurs de Abdelhafid Boussouf.
Nommé lieutenant vers la fin de
l'année 1956, il est chargé de l'instruction du corps des transmissions. Après
avoir dirigé les écoles de transmission de l'ALN, il reçoit l'ordre en 1959 de
rejoindre le ministère de l'Armement et des Liaisons générales du GPRA à Tunis
pour superviser la formation d'opérateurs en transmissions. Il sera commandant
de la base nationale de la documentation et de la recherche, dite base
«Didouche», jusqu'à l'indépendance. Après l'indépendance, il deviendra
directeur des transmissions nationales à la présidence puis au ministère de
l'Intérieur, directeur de la Fonction publique, député, puis membre du comité
central. Le défunt qui a obtenu un doctorat en droit comparé en arabe et un
doctorat en physique, occupera d'autres responsabilités tout aussi importantes
notamment directeur général de la GCRA, directeur général de l'ENSI, président
et membre actif du patronat algérien, rapporteur du CNES, président d'honneur
de l'association d'amitié algéro-vietnamienne, et membre fondateur de
l'association nationale des moudjahidine de l'armement et des liaisons
générales.
A la fin des années 80, feu
Abdelkrim Hassani a écrit un livre passionnant qui s'intitule «Guérilla sans
visage» qui relate la naissance du corps des transmissions pendant la guerre de
libération. Le livre contient des documents de l'époque et de nombreuses photos.
A travers ce qu'il a vécu et les témoignages de ses camarades de combat,
Abdelkrim Hassani a prouvé que les déclarations du général Henri Jacquin, qui
affirmait le «noyautage» des transmissions algériennes, étaient fausses. Le
livre se veut une Å“uvre témoignage sur la guerre de l'ombre. Feu Hassani n'a
pas cessé ces dernières années d'apporter ses témoignages sur la guerre de
libération nationale en prenant part à tous les débats et tables rondes sur
l'histoire de la révolution algérienne, notamment la mise en place des réseaux
de transmission radio. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales,
M. Daho Ould Kablia, président également de l'association du MALG, a adressé
ses condoléances à la famille du défunt moudjahid. L'enterrement a eu lieu hier
au cimetière d'El-Alia à Alger.
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Posté Le : 07/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Belaifa
Source : www.lequotidien-oran.com