Algérie

Décembre en rouge, blanc et noir, décembre dans l'Histoire



Ouali Aït-Ahmed, ancien officier de l'ALN
Si dans la mythologie grecque, Mars est le dieu de la guerre, décembre constitue, pour nous Algériens, le mois de l'intersection des actions fastes et néfastes de la guerre de Libération nationale et de la révolution. D'aucuns verront une sorte de pléonasme dans ces deux termes. Je ne peux que les inviter à revoir et à analyser le contenu et le sens du premier couplet du deuxième septain de l'hymne national, qui énonçait, dans le feu de l'action : «Nah-nu djundûn fî sabîl el-haq thur-nâ, Wa ilâ stiqlalî-nâ, bîl'harb qûm-nâ.» «Nous soldats, nous menons une révolution pour l'instauration de la justice, et pour l'indépendance, nous avons déclenché une guerre.»
Donc, le combat du 1er novembre 1954 au 19 mars 1962 était à la fois une guerre et une révolution : une guerre contre le colonialisme français qui a su affiner ses armes de division et de colonisation sans partage, et une révolution au sein du peuple pour lutter contre toute forme d'idolâtrie, de fanatisme religieux ou d'exploitation de l'homme par l'homme, tout en s'imprégnant des principes et des idéaux d'unité nationale et de cohésion sociale fondées sur l'égalité de tous les citoyens, en droits et en devoirs, sans distinction d'aucune sorte. Mais l'ennemi, au contact direct avec les réalités internes et externes, et rompu aux bouleversements aussi rapides qu'inattendus, avait plus de mille tours dans sa besace pour ouvrir des failles et des brèches dans les obstacles qu'il pouvait rencontrer. Sa devise préférée «diviser pour mieux régner» est vite mise en branle, dès le déclenchement du 1er novembre 1954. Outre les arrestations opérées dans les milieux nationalistes et les exactions au sein de la population (viols, matraquages, de 24 nationalistes habillés en civil, dans le seul mois de novembre,…), l'ennemi procédera à la mise en place, par personne interposée, le MNA (Mouvement national algérien) pour succéder au MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) devenu désuet aux yeux de la puissance occupante. C'était un certain 14 décembre 1954, un mois et demi du 1er novembre 1954, et 5 mois après le congrès d'Hornu (Belgique) où les émissaires de Krim Belkacem étaient convaincus des manœuvres dilatoires de la direction du parti. Cette poussée du nouveau sigle ressemble étrangement à celle échafaudée en 1937 où l'on verra le PPA (Parti du peuple algérien) étouffer dans l'œuf le PUA (Parti pour l'unité et l'action) lancé par Imache Amar, ancien secrétaire général de l'ENA (Etoile nord-africaine) et de la GENA (Glorieuse étoile nord-africaine) qui n'a eu de cesse d'avoir des démêlés avec le «zaïm». La lettre lancée par le créateur du PUA, aussi instructive que pathétique, étale au public la véritable personnalité de Messali Hadj qui ne cessait de faire de la diversion (voir annexe n°1). Mais les conditions et les circonstances n'étant pas les mêmes, le FLN (Front de libération nationale) réussissait là où le PUA a échoué. Cela ne peut s'expliquer que par la prise de conscience et l'unité d'action, après tant de décennies de «zaïnisme », d'hésitations, de diversion et de manœuvres dilatoires. La première confrontation entre le FLN et le MNA eut lieu à Alger où ce dernier a lancé un mot d'ordre à la population pour boycotter les commerçants mozabites, très nombreux dans cette agglomération. Cette action de division des masses populaires a lamentablement échoué devant la réaction rapide de l'organisation tissée par le FLN, sous la direction intelligente et éclairée de Abane Ramdane et l'adhésion, corps et âme, au combat libérateur, de l'un des plus illustres fils du M'zab, qui avait composé de sa cellule de prison, sur demande de ce dernier (Abane) et par l'intermédiaire d'Amara Rachid le plus bel hymne offert à la liberté et à la souveraineté nationale. De son crû, de son âme, le poète révolutionnaire, Moufdi Zakaria, a su répondre à l'appel de la nation et, par-là, contribuer, à la mise en échec d'une opération qui aurait pu tourner à l'avantage du MNA et des services psychologiques de la puissance coloniale. Si décembre 1954, noirci d'un gros nuage porteur de probables intempéries, s'est éclairci à la satisfaction de tous, il n'en fut pas de même de décembre 1957 qui prendra une teinte lugubre et macabre. L'idéologie et la méthodologie «harkistes» — harki ne vient-il pas du terme haraka ou mouvement donc du MNA — auront présidé à l'assassinat, le 27 du mois, l'un des plus illustres des membres du CCE (Comité de coordination et d'exécution), Abane Ramdane. Incriminer les uns ou les autres dans cet abominable assassinat qui a retardé l'avènement de l'indépendance n'éclaire pas l'acte, en lui-même, d'autant que les auteurs ne sont plus de ce monde. Abane Ramdane était trop grand pour ne pas constituer une cible préférée de l'ennemi et de ses agents bien imprégnés de la politique d'assimilation. Il était déjà ciblé lors de l'interception de «l'appel aux intellectuels algériens», paru le 1er avril 1955. La colonel Schoën a vu, en l'auteur du tract, «un cerveau» qui risquait de faire évoluer «la révolte des indigènes » en révolution. Il suffisait de créer un climat suspicieux pour mettre la machine infernale en marche. Les premiers à se manifester, dans ce branle-bas de combat, étaient ceux qui n'ont pas eu le courage de faire la dure et dangereuse route du maquis pour rejoindre le congrès de la Soummam, alors qu'ils en étaient avisés dès le mois de février 1956. Ils feront tout pour rendre caduques la primauté du politique sur le militaire, de l'intérieur sur l'extérieur, la responsabilité collégiale pour lutter contre le «zaïnisme» générateur de plusieurs crises au sein du nationalisme. L'arrestation des «cinq», le 22 octobre 1956, apportera de l'eau au moulin adverse, puisque l'ennemi aura récupéré la plateforme de la Soummam et le CCE aura l'intelligence de la publier dans un numéro spécial d' El-Moudjahid, daté du 1er novembre 1956, pour éviter toute exploitation insidieuse de la part de l'ennemi. Mais ce qui vaudra son élimination, sans état d'âme, procédera du rapport qu'il a présenté, au nom du CCE, à la session du CNRA (Comité national de la révolution algérienne), en août 1957. Avec l'honnêteté intellectuelle et le courage qui le caractérisaient, il avait mis le doigt sur la plaie qui rongeait le système mis en place, hors frontières. Il y dénonçait le caractère islamique de la future République algérienne prôné par certains et qu'il considérait comme démagogique (voir annexe n°2 extrait du rapport), le train de vie mené par les responsables de l'extérieur (voir annexe n°3, extrait du rapport). Avec ces deux vérités irréfutables, il était advenu que son destin était ceint. Lors de cette session, les principes ci-dessus énoncés seront remis en cause et Abane Ramdane sera relégué au poste de chef du département «information», dans un CCE élargi de 5 à 9 membres, et un CNRA dont le nombre sera porté à 54 au lieu de 34. Son assassinat n'était l'œuvre ni de X ni de Y. Elle est à toutes à l'actif de l'ennemi qui avait infiltré les rangs. Mais ne dit-on pas qu'il n'y a pas de guerre propre ' Robespierre n'était-il pas victime de la Révolution française ' Pour les jeunes générations et pour que le pays aille de l'avant, la concrétisation du message de Novembre 1954 est la meilleure façon et la plus noble de rendre hommage à Abane Ramdane, dont l'espèce est rare, en ce bas monde. Son élimination physique, avec celle de Larbi Ben M'hidi en mars 1957, avait facilité la mise en place d'une stratégie de pouvoir dont les wilayas de l'intérieur souffriront énormément du fait de l'arrêt de leur approvisionnement en armes et en munitions. Cela dit, passons à décembre 1958, le 10 plus exactement, qui nous amènera l'une des conséquences du dévoiement, des principes fondamentaux de la plateforme de la Soummam. Avec les activités sans relâche de l'ALN, symbolisées par l'enlèvement du poste militaire de Hourrane (M'sila) où pas moins de 35 charges de mulet d'armes, de munitions et d'effets militaires ont été récupérées, avec 17 prisonniers de l'armée française dont le lieutenant Dubos, les munitions ne pouvaient que diminuer au fil des jours. Bataillons, compagnies de régions et sections de secteur mettaient, sous abri, les armes collectives et n'en gardaient que les individuelles. En outre, la nouvelle lancée par le mensuel El-Moudjahid à propos «de la tombée au champ d'honneur de Abane Ramdane à l'intérieur» suscitait maintes interrogations au sein des responsables de wilayas historiques, d'autant plus qu'aucun d'eux ne l'avait confirmée sur sa circonscription respective. L'on verra, alors, le colonel si Amirouche, chef de la Wilaya III historique, envoyer des émissaires, à travers le territoire national, pour une concertation commune pour la prise de décisions à même de sauver le combat libérateur. La rencontre aura lieu le 10 décembre 1958, dans les maquis d'Ouled Askeur (Tahen) en Wilaya II historique. Seuls deux chefs de Wilaya avaient fait faux bond, à savoir le colonel Ali Kafi qui avait délégué Lamine Khen et celui de la Wilaya V. Les quatre autres (Hadj Lakhdar (W. I), si Amirouche (W. III), si M'hamed Bouguerra (W. IV) et si El- Houas de la Wilaya VI) avaient pris le taureau par les cornes pour faire le point et demander des comptes, notamment l'arrêt de l'acheminement d'armes et munitions, vers l'intérieur et la disparition de Abane Ramdane. Les congressistes ont délégué les colonels si Amirouche et si El-Houas pour voir de visu ce qui se passait à Tunis, que ce soit au CCE ou au GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne) qui venait d'être créé le 19 septembre 1958. Nous savons tous ce qu'il était advenu de ces deux héros, le 28 mars — et non le 29 — au Djebel Thameur, près de Bou-Saâda. La version donnée par un ancien capitaine, le 2 décembre 2012, au musée du Moudjahid de Tizi-Ouzou, à l'occasion de la journée d'étude sur le colonel Akli Mohand Oulhadj, qui avait succédé à si Amirouche en Wilaya III historique est truffée de mensonges et dénuée de fondements, lorsque l'on sait que la Wilaya III ne disposait plus de postes de transmissions, après l'explosion de la batterie qui avait tué les trois techniciens et blessé «Amghar» et un lieutenant de l'ALN. En outre, il n'avait aucune prérogative pour communiquer avec l'extérieur, les responsables de la wilaya III confiant leurs messages à la Wilaya II pour transmission à Tunis. Une année après, le 26 décembre 1959, le général de Gaulle, président de la République française, écrivait à ses troupes (voir annexe de mon article paru dans le Soir d'Algérie du 31/10/2012) que la situation s'assombrissait, pour son pays, malgré tous les
moyens matériels et humains mis à leur disposition. Il mettait en exergue l'échec total devant le FLN et le GPRA, malgré le déséquilibre flagrant des forces en présence, passant sous silence l'existence du MNA puisque faisant partie de ses troupes, tout comme les harkis, les goumiers, les chefs d'îlot et les collaborateurs de tout acabit. Décembre 1954, avec la création du MNA par Messali Hadj, décembre 1957 et le 27 avec l'assassinat de Abane Ramdane, décembre 1958 et le 10, avec la réunion des chefs de wilaya dans le Nord constantinois, décembre 1959 avec la lettre du général de Gaulle à ses troupes, ce mois vire du noir au rouge avec des éclaircies plus ou moins nettes, portant des traces de pourpres ou de couleurs de feuilles d'automne. Mais le ciel brillera de ses mille feux, durant les Sept glorieuses, allant du 9 au 15 décembre 1960. Nous avons tendance à ne mettre en relief que la journée du 11, alors que son amplitude de dimension nationale n'était que la réplique de l'onde de choc dont l'épicentre se situait à Aïn Témouchent, un certain vendredi 9 décembre, jour de marché. Cette ville faisait partie du calendrier de visite du général de Gaulle. Après les manifestations d'ultra et de fils de colons à Tlemcen, première étape de son périple à travers l'Algérie, les militants du FLN s'étaient infiltrés parmi la foule qui remplissait le marché pour passer des mots d'ordre, dans le cas où le colonat imiterait la scène qui s'était déroulée à Tlemcen. Lorsque de Gaulle arriva à Aïn Témouchent, c'était un déferlement des «pieds noirs» qui hurlaient à tue-tête «Algérie française». Les contre-manifestations ne tarderont pas à sortir du marché pour gagner toute la ville. La peur avait changé de camp, avec les slogans du FLN «Algérie algérienne». Accolés aux postes transitoires, au PC de la Wilaya III historique dans l'Akfadou, nous suivions le cours des évènements. L'embrasement avait gagné les villes proches dans les moments qui suivaient. Le lendemain, d'autres villes se soulevaient en poussant les mêmes slogans pour une Algérie indépendante. L'onde de choc gagna tout le territoire national, le 11 décembre, dont la plus forte se situait à Alger où des centaines de morts ont été signalés, avec en tête, la jeune Saliha Ouatiki originaire de Tizi-Ouzou, âgée de 12 ans, tombée raide morte l'emblème national à la main. Les manifestations continueront jusqu'au 15 décembre, diminuant d'intensité, à mesure que les jours passaient. L'appel au calme lancé par Ferhat Abbas, président du GPRA pour féliciter les masses populaires et préserver cette énergie en mesure de démolir des montagnes, a été suivi sans rechignement ni grogne. La bombe explosée, plus puissante que la bombe atomique qui détruisit Hiroshima, ne tarda pas à ébranler les coulisses de Manhattan où la délégation menée par Krim Belkacem a reçu un tonneau d'applaudissements et d'ovation qui ne tarderont pas à être suivis par le bruit assourdissant que faisait Nikita Khroutchev, président du Soviet suprême (URSS) à l'aide de sa chaussure sur le pupitre, afin de rallier, à la cause algérienne, les chefs d'Etat, membres de l'ONU qui hésitaient encore à reconnaître le GPRA et la guerre menée par le FLN/ALN contre le colonialisme. Cette énergie, dont avait parlé le président Ferhat Abbas, sera encore utilisée en avril 1961 pour dénoncer la déclaration de Louis Joxe à Oran qui demandait la participation du MNA à la table des négociations, ainsi que le 5 juillet de la même année, où une grève générale déclenchée par le FLN/ALN sera suivie sur l'ensemble du territoire national, contre la partition de l'Algérie soulevée par la délégation française lors des négociations avec son homologue algérienne. Les militants de la Fédération de France du FLN ne tarderont pas à emboîter le pas, un certain 17 octobre 1961, à Paris où les barbouzes du préfet de police, Maurice Papon, avec la bénédiction de de Gaulle, réprimeront une manifestation pacifique. La Seine en était témoin tout en étant gloutonne involontaire de la chair humaine. Quant au dernier mois de décembre de la guerre de Libération (1961) et le vendredi 15, l'ALN connaîtra la perte d'hommes de valeurs après la découverte, sur dénonciation à ne pas écarter, des PC du secteur 3 et de la région 1 de la zone 3, à Chaoufa (Mekla). L'ennemi utilisera les forces terrestres et aériennes pour venir à bout de la résistance soutenue par le capitaine si Ahmed Amrane dit «Moustache», le souslieutenant si Ouakli N'zekri, chef de région, les aspirants Izri Omar dit Omar Atiliw et si Moh Belkas, le secrétaire de région Ali Libdri, dit si Ali Icheriden et deux autres maquisards. Les deux PC se trouvaient à proximité de Lazib de Hand Ath M'hand (Alilèche), dont l'activité de militant de la cause nationale ne cessa qu'avec le cessez- le-feu. Un projet d'érection de stèle commémorative sera d'une importance capitale, pour peu que les autorités concernées y mettent de la volonté. Il en sera de même de celle envisagée à la mémoire du capitaine Halliche Hocine, si Mohand Arab dit «Moustache» et de leurs compagnons tombés au champ d'honneur, le mercredi 7 mars 1962, à 12 jours de la proclamation du cessez-le-feu. En conclusion, nous verrons que les graines jetées en terre par les bras robustes, le 1er novembre 1954, d'une poignée d'hommes imprégnés d'une conscience aiguë et d'une noble vision d'unité nationale ont donné de riches moissons qui doivent profiter à tout le peuple et à toutes les régions du pays, sans en oublier un pouce. Mais faut-il encore lutter contre toute forme de division dont le trytique «arabité, islamité, amazighité» est le plus exécrable du fait que chacun des termes est en pleine contradiction avec les valeurs véhiculées par l'esprit de novembre et de la plateforme de la Soummam. L'algérianité, la laïcité et la citoyenneté sont à forger et à promouvoir pour consolider l'unité nationale et la cohésion sociale. Mais passer de théos à logos suppose un enseignement de qualité, en mesure d'amener l'élève et son maître à une communion de réflexion et d'idées. Alors et alors seulement, le terme «laïcité» ne sera plus un effroyable monstre et reprendra sa véritable signification dans une gouvernance idéale où le trait de séparation du champ politique et religieux sera clair et dénué de toute équivoque de tout tabou. «Allah lâ yughayru mâ bî qawmin, ilâ yughayru mâ bi nefsî-hi». «Dieu ne transforme une nation que si celle-ci ne la fasse elle-même.»
O. A.-A.
ANNEXE n°1 : Extrait de la lettre d'Imache Amar «Ô peuple vaillant et malheureux, seras-tu donc éternellement victime de la naïveté et de la crédulité ' Tu te trouves égaré, alors que ta route est largement tracée ' Tu ne t'aperçois donc pas qu'on t'a fait faire demi-tour ' On t'a tiré du fétichisme, du fanatisme et tu verses dans un autre plus dangereux. On t'a réveillé de l'idolâtrie, on t'a conseillé de tout voir, tout comprendre, tout contrôler et tu tombes à genoux en extase devant de nouvelles idoles ! Tu oses prêter une vertu divine, même aux poils de barbe ' Tu te demandes maintenant pourquoi tout est saccagé, détruit, sans t'apercevoir que c'est toi qui as fourni le matériel aux démolisseurs, et monté la garde pour empêcher qu'on les dérange ' Tu te demandes pourquoi nous sommes désunis ; c'est pourtant chez toi qu'on raconte la légende de la bête noire, oui, le bœuf noir qui déparait ses frères.»
ANNEXE n°2 : Extrait du rapport d'Abane Ramdane (CNRA, session août 1957) «Pour ce qui est du caractère islamique de la future République algérienne, le CCE considère que c'est là un argument démagogique auquel ne croient même pas ses auteurs. Les frères de la Santé n'ont pas été les seuls à contester les décisions du congrès. Il y aurait aussi Mahsas qui avait été désigné par Ben Bella comme responsable de la base à Tunis. Le congrès avait désigné Mezhoudi et Benaouda pour se rendre à Tunis afin de clarifier la situation et activer l'envoi des armes. Dès leur arrivée, ils se heurtèrent à Mahsas qui était déjà maître de la situation. Ce dernier, non seulement conteste les décisions du congrès mais entreprend un travail de sape et dresse les éléments des zones frontalières (Souk Ahras, Aurès-Nemmenches) contre le Congrès et le CCE. Le résultat est que les armes sont bloquées. Il s'ensuit une lutte anarchique entre Algériens. Ces agissements atteignent dangereusement le prestige du FLN auprès des autorités tunisiennes qui tiennent compte de la situation à leurs frontières. La réaction de la délégation à l'extérieur tant au Caire qu'à Tunis, une lettre officielle du CCE au gouvernement tunisien et enfin l'arrivée d'Ouamrane devaient isoler Mahsas qui parvint cependant à fuir. La situation est aujourd'hui complètement rétablie et un tribunal militaire vient de clore la crise Mahsas en prononçant 13 condamnations à mort dont deux par contumace (Mahsas et Ben Boulaïd Omar)».
ANNEXE n°3 : Extrait du rapport d'Abane Ramdane (CNRA, session août 1957) : «Chacun de nous devra faire son examen de conscience. Des sommes énormes sont dilapidées par nous à l'extérieur. L'esprit d'économie n'existe chez aucun d'entre nous. Nous vivons dans des palaces et au moindre de nos déplacements, nous louons un taxi, des voyages inutiles et onéreux sont effectués par les nôtres. Tous les jours, des millions sont ainsi gaspillés alors que le peuple dans certaines régions, comme à Ténès par exemple, mange de l'herbe. Nous reviendrons sur cette question dans les perspectives d'avenir.»


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