Algérie

Décédé le 15 septembre 2018 Djamel Allam reviendra toujours



Publié le 16.09.2024 dans le Quotidien l’Expression

C'est au conservatoire de musique de Béjaia que Djamel Allam a tété les rudiments de la musique.

Djamel Allam fait partie des artistes qui ne nous quittent pas vraiment. Certes, son corps n'est plus parmi nous depuis le 15 septembre 2018, mais sa voix, ses chansons, ses souvenirs ne nous quittent pas. Ils restent omniprésents. On en parle et on écoute ses chansons. Il n'existe pas beaucoup de chanteurs de sa trempe dans son style musical. Celui qui a été le précurseur de la modernisation de la musique kabyle reste d'actualité. Il faisait partie des très rares chanteurs de l'époque ayant compris prématurément que la chanson algérienne d'expression kabyle avait besoin d'être secouée. Elle devait sortir des sentiers battus. Sans remettre aucunement en cause les chefs- d'oeuvre ayant été produits par les monuments de la chanson kabyle ancienne, ayant chanté dans un style plutôt traditionnel, Djamel Allam s'est investi dans l'innovation musicale comme le feront plus tard ses disciples qui ont suivi ses traces. Djamel Allam n'avait pas fait que composer et chanter mais il a pris son bâton de pèlerin pour «plaider sa cause». C'est-à-dire qu' il a investi le terrain et les espaces de la promotion musicale afin de permettre à sa voix de porter loin, très loin. En traversant même les frontières. Le fils de Béjaia a compris très tôt l'universalité du langage musical. On peut écouter de la musique, interagir avec elle-même quand on ne comprend pas les textes. Avant son avènement ainsi que celui d'autres icones comme l'incontournable Idir ou encore le groupe mythique les Abranis, la chanson kabyle était extrêmement basée sur le texte et la poésie. Une tradition était ancrée, celle consistant à donner la priorité aux mots et surtout aux messages.
La raison, entre autres, avait trait au fait que la langue amazighe, n'ayant pas été reconnue politiquement, il fallait pouvoir lui donner une place prépondérante dans la chanson. Il fallait que les poèmes chantés soient l'expression d'une revendication identitaire légitime et incontestable. Slimane Azem et tous les autres artistes de l'époque avaient donc mis le paquet sur la poésie souvent au détriment du travail professionnel devant être fourni en matière musicale. Exception bien sûr faite au géant Chérif Kheddam. Mais même ce maître, bien qu'ayant professionnalisé de manière géniale ses musiques, il n'en demeure pas moins que les genres musicaux qu'il maniait surfaient entre le traditionnel local et l'oriental.
La jeunesse des années soixante et soixante-dix qui allait ouvrir les oreilles sur la musique occidentale très prenante et séduisante devait donc être servie et satisfaite localement. Et qui mieux que Djamel Allam avait su répondre formidablement à ce voeu! Il a pu allier tradition et modernité dans ses chansons. Grace à son don inné, mais aussi aux enseignements reçus des mains du maître Sadek Bedjaoui dans sa ville natale.
C'est au conservatoire de musique de Béjaia que Djamel Allam a tété les rudiments de la musique. Il était d'ailleurs l'un des rares chanteurs kabyles, toutes générations confondues, à avoir bénéficié d'une formation musicale. En un laps de temps, il parvint à s'imposer dans le ciel de la chanson kabyle, déjà pleine d'étoiles. Car la période qui a vu s'imposer Djamel Allam a été l'une des plus fastes qu'ait connue la chanson kabyle. Aujourd'hui, six ans après son décès, sa voix vibre toujours et son nom scintille encore.
Aomar MOHELLEBI



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