Algérie

Décédé en décembre 2001 Malek Ouary, l’écrivain d’Ighil Ali



Décédé en décembre 2001 Malek Ouary, l’écrivain d’Ighil Ali
Publié le 16.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Malek Ouary est un écrivain dont l’œuvre mérite d’être rééditée et vulgarisée. Ses livres ne sont plus disponibles dans notre pays.

Ses romans et ses textes font partie de ce qui a été écrit de mieux dans la littérature algérienne d'expression française. Mais l'écrivain étant décédé en décembre 2001, son oeuvre n'a plus fait l'objet de réédition depuis que les éditions Bouchène en ont publié une partie, une année avant le décès de Ouary. En plus de son oeuvre qui est introuvable aujourd'hui, Malek Ouary est également un écrivain méconnu surtout par les nouvelles générations de lecteurs. Ses livres les plus connus, les meilleurs aussi, sont les romans: «La montagne aux chacals» paru en 1981 pour la première fois et «La robe kabyle de Baya» publié en 2000 ainsi que «Le grain dans la meule» réédité en 2000 par Bouchène. Malek Ouary est également l'auteur d'autres ouvrages comme «Par les chemins d'émigration», «Le mouton de la fête», «Poèmes et chants de Kabylie» et d'autres textes publiés dans des revues et des périodiques.
Afin de faire connaître Malek Ouary et son oeuvre aux jeunes générations, l'écrivaine-essayiste Djoher Amhis Ouksel a eu l'ingénieuse idée de consacrer un ouvrage au livre «Le grain dans la meule» intitulé «Le prix de l'honneur» et paru aux éditions Casbah, en 2007. Ce livre met la lumière sur l'un des titres les plus importants de Malek Ouary qui a vécu discrètement durant toute sa vie et qui n'a pas cherché à écumer les feux des médias. Originaire d'Ighil Ali (Béjaïa) où il naquit un certain 27 janvier 1916, Malek Ouary était également journaliste.

Un écrivain méconnu par la nouvelle génération
Sa trajectoire ressemble tant à celle d'autres écrivains et artistes de la région qui finissent tôt et inéluctablement par quitter leurs villages natals en quête de lendemains meilleurs. La misère qui régnait dans les villages n'encourageait guère à se fixer dans ces hameaux surtout pour des personnes instruites ou dotées de talent ayant besoin de s'exprimer et de s'épanouir sous d'autres cieux.
C'est à Alger que Ouary atterrit pour la poursuite de ses études secondaires, mais aussi universitaires. Il choisit la littérature et la philosophie. Malek Ouary, une fois ses études supérieures terminées, opte pour une carrière d'enseignant, dans un premier temps.
Il devient journaliste ensuite à Radio Alger, dépendant de l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française). Ses compétences le propulsent vite. Il est nommé secrétaire de la rédaction. Le déclic dans sa vie d'écrivain a eu lieu après la lecture du livre «Chants berbères de Kabylie» de Jean El Mouhouv Amrouche.
Ce livre fut une sorte d'éveil pour lui, concernant la nécessité d'oeuvrer, même de manière modeste, à contribuer à la sauvegarde de la culture amazighe orale.
Il s'intéresse alors à tout ce qui est poésie, contes et autres textes à caractère littéraire, d'expression amazighe. Les textes collectés finiront par être publiés soit forme de livres ou dans des publications périodiques et spécialisées. Tout en menant ce travail avec passion, Malek Ouary s'est attaqué à l'écriture de son premier roman dans le début des années 50.

Mort dans l'anonymat
Et, c'est en 1956, que ce premier roman «Le grain dans la meule» est publié. Il s'agit «d'un roman de vengeance et de rédemption inspiré de faits réels s'étant déroulé dans un village de la région des Ait Abbas», localité natale de l'auteur. Le livre ne passe pas inaperçu, on peut même dire qu'il a obtenu un succès. Il faut rappeler qu'à l'époque, les écrivains algériens se comptaient sur les des doigts d'une seule main. Les critiques furent élogieuses. Et les lecteurs se sont satisfaits de la lecture de cette première fiction d'un auteur algérien qui venait allonger la liste à peine naissante. Le roman connait le même succès quand il est réédité en 2000 en Algérie par les éditions Bouchène. Les lecteurs se sont rués sur l'ouvrage qui s'est vite retrouvé absent des étals des librairies. Après ce premier roman, Malek Ouary s'initie au cinéma et écrit un scénario: Le Noël du petit cireur» adapté à l'écran sous forme de court métrage. En France, où il a vécu jusqu'à son décès en décembre 2001, Malek Ouary a été journaliste à l'Ortf, métier qu'il a exercé jusqu'à sa retraite. Son livre «Poèmes et chants berbères de Kabylie» a été publié en 1972. Il s'inscrit dans la même veine que les ouvrages réalisés dans ce sens par Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohamed Said Boulifa, etc. En 1981, parait le deuxième roman de Malek Ouary, intitulé «La montagne aux chacals».
«La robe kabyle de Baya», son troisième et dernier roman, ne vit le jour qu'une année avant sa mort,
en 2000.
Quand Malek Ouary est décédé en décembre 2001, il avait 85 ans. Il est mort dans l'anonymat.

Aomar MOHELLEBI



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