Algérie

Début de bras de fer entre l'UGTT et Ennahda : Un tournant dans la crise en Tunisie '



Début de bras de fer entre l'UGTT et Ennahda : Un tournant dans la crise en Tunisie '
La crise politique tunisienne est peut-être dans un tournant avec l'évolution de la centrale syndicale, UGTT, du rôle de médiateur à celui d'acteur offensif contre la troïka au pouvoir et plus précisément le mouvement Ennahda. Après avoir accusé le mouvement Ennahda d'accepter du bout des lèvres le plan de sortie de crise présenté par le «quatuor» (centrale syndicale, patronat Utica, ordre national des avocats et la Ligue tunisienne des droits de l'homme), l'UGTT est passée à l'offensive en annonçant, hier, le lancement de manifestations «pacifiques». Sans donner de date précise à cette campagne de protestation, l'UGTT prévoit une «grande manifestation nationale pacifique» à Tunis et des rassemblements dans toutes les régions tunisiennes. «Nous avons décidé d'activer toutes les formes de protestations civiques et pacifiques dans tous les secteurs», a résumé l'UGTT dans un communiqué. Le but est d'exercer une pression sur la troïka au pouvoir dominée par Ennahda qui a accepté officiellement le plan du quatuor mais a refusé d'avaliser l'idée d'une démission «immédiate» du gouvernement. Le quatuor a accusé Ennahda de cultiver l'ambiguïté et de ne pas accepter franchement la feuille de route qui demande aux différentes parties de se réunir pour «un dialogue national» avec le président Moncef Marzouki et le Premier ministre Ali Larayedh et annoncer solennellement que le gouvernement sera remplacé d'ici trois semaines par un cabinet de «compétences nationales».La peur du vide
Pour Ennahda tout doit aller de pair pour éviter de créer une situation de vide. L'appréhension d'Ennahda, partagée par ses pairs de la coalition, est de voir créer une situation de «vide» qui serait mise à profit par ceux qui craignent la sanction électorale pour faire perdurer la crise. Ennahda avait réagi aux accusations du quatuor en demandant à ces derniers de ne pas s'aligner sur l'opposition et de faire preuve de neutralité. Ils soulignent, non sans raison, que les partis de l'opposition n'ont pas accepté non plus toutes les clauses de la feuille de route proposée mais ne font pas l'objet d'accusation de la part de l'UGTT. Le vice-président du mouvement Ennahda, Abdelhamid Jlassi, s'est dit en faveur du «consensus et du parachèvement au plus vite que possible du processus de transition» mais qu'il refusait «d'hypothéquer l'avenir du pays en le livrant au vide et en le laissant aller vers l'inconnu». Ennahda, a-t-il réaffirmé, a accepté l'initiative du quartet qui parraine le dialogue sur «la base de la corrélation entre les processus constituant et gouvernemental». Ennahda a appelé «à entamer un dialogue immédiat pour s'entendre sur les détails des différentes dimensions de la rédaction de la Constitution, le calendrier des élections et la formation gouvernement».
«Atmosphère» et «coup d'Etat sécuritaire»
En appelant à manifester, l'UGTT, la plus puissante organisation syndicale avec officiellement un demi-million d'adhérents, tente de mettre la pression sur Ennahda, parti majoritaire aux élections qui dirige une coalition comprenant aussi des laïcs. Ce début de bras de fer entre les deux plus puissantes organisations du pays intervient dans un contexte de crise politique entre le gouvernement et l'opposition depuis l'assassinat, le 25 juillet dernier, du député d'opposition Mohamed Brahmi. Un climat de méfiance et de surenchère politique règne dans le pays où les médias sont globalement très hostiles à la troïka au pouvoir. A l'image du site Business Week en campagne permanente contre Ennahda qui affirme en se basant sur des «sources bien informées» qu'il pourrait y avoir un «soulèvement du personnel sécuritaire qui ne tolère plus les crises au sein du ministère et le flou politique qui règne dans le pays». Le site parle même «d'atmosphère générale» dans ce ministère qui «rappelle celle qui a précédé «le coup d'Etat sécuritaire contre l'ancien président Ben Ali». Ce n'est pas un «lapsus». Business Week -qui correspond à la tendance dominante- ne parle pas de «révolution» mais de «coup d'Etat sécuritaire» contre Ben Ali. Cela ressemble presque à un appel… au coup d'Etat.


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