Entre 4.000 et 5.000 dossiers de demandes de validation de mariage et de
filiation ont été traités par la justice algérienne en 2008. Un chiffre qui, en
dépit de son importance, est loin de traduire la véritable proportion des
mariages coutumiers (Orfi) ou dits «Bi El-Fatiha», qui, en réalité, «restent
beaucoup plus répandus dans notre société». C'est le constat dressé hier par
les participants au Colloque international sur «le droit positif et son
effectivité en matière matrimoniale : les formes de conjugalité et les formes
de filiation». Un colloque ouvert hier à Oran pour deux jours de travaux sur
initiative du Laboratoire des droits de l'enfant (LADREN) de la Faculté de
droit et des sciences politiques de l'université d'Oran-Es-Sénia, en
collaboration avec le CERFAP (Université Montesquieu Bordeaux IV).
Pour Fatiha Zanoun Messabih,
professeur à l'université d'Oran Es-Sénia, qui a présenté une communication
intitulée «la question du mariage Orfi ou Bi El-Fatiha : le droit et la
réalité», «si le mariage civil ne pose aucun problème parce qu'il est
automatiquement transcrit dans le registre d'état civil, le mariage Bi
El-Fatiha est source de nombreux problèmes pour les époux pendant et après la
dissolution du lien conjugal, mais aussi pour les enfants issus de ce mariage
et des héritiers après le décès de l'un ou des deux époux.». Ce qui paraît
surprenant, selon la conférencière, c'est que cette forme d'union (Bi
El-Fatiha), couramment utilisée avant l'indépendance pour des raisons connues,
continue de se perpétuer 47 ans après, et «est considérée depuis la
modification du Code de la famille en 2005 comme équivalent à un mariage telle
que stipulé dans l'article 6, alinéa 2».
Selon Fatiha Zanoun Messabih,
entre 4.000 et 5.000 dossiers de demandes de validation de mariage et de filiation
ont été traités par la justice algérienne en 2008. Au premier semestre de cette
même année, et rien qu'à Oran, la justice a eu à traiter 451 dossiers de
demandes de validation de mariage et de filiation.
Pour le professeur Boulenouar
Azzemou Malika, directrice du LADREN, l'objectif de ce colloque de deux jours
est d'ouvrir un débat autour des problématiques de la société algérienne, et du
Maghreb en général, induites par les unions conjugales dites en marge de la
légalité. Il y sera aussi question de tenter de développer des pistes de
réflexions pour permettre une mise en adéquation des textes avec la réalité.
Les deux principaux thèmes de cette manifestation, les formes de conjugalité et
les formes de filiation, seront consacrés chacun à trois sous-thèmes, à savoir
respectivement «Mariage légal, Mariage par la Fatiha, Concubinage réel ou
supposé» et «Filiation légitime, Kafala ou filiation diminuée, L'attribution de
paternité». Une centaine d'universitaires et chercheurs, dont dix-huit
communicants, en provenance de différents établissements universitaires du
pays, d'Espagne et de France notamment, participent à ce colloque. Cette
rencontre intervient dans le sillage de l'ouverture, à l'université d'Oran,
d'un nouveau cycle de post-graduation (magister) consacré à la «Famille et
enfant», a souligné le Pr Boulenouar.
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Posté Le : 22/02/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti
Source : www.lequotidien-oran.com