Algérie

Débats de la Loi de Finances 2020 en Tunisie : Incapacités économiques et tiraillements politiques



Difficultés du gouvernement à réunir les besoins financiers du Budget. Problèmes pour trouver une majorité soutenant le projet du gouvernement. Absence de toute stratégie économique. Propos déplacés du député Affes contre les Femmes et tollé général des féministes.Il suffit de savoir que la commission des Finances de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a rejeté 11 articles du projet de Loi de Finances 2021, présenté par le gouvernement Mechichi, avant la plénière d'adoption, pour avoir une idée sur la profondeur du fossé entre les pouvoirs en Tunisie et l'ampleur des tiraillements au sein de l'ARP. Le gouvernement Mechichi ne dispose pas de ceinture parlementaire. Les tiraillements sont la règle et imposent au gouvernement des marchandages avec l'ARP, loin de toute stratégie pour faire sortir le pays de sa crise.
La stratégie économique fait défaut en Tunisie. Et comment ose-t-on parler de planification, avec 12 gouvernements en moins de 10 ans ! C'est donc le règne de l'improvisation. Et, spécialement pour ce gouvernement Mechichi, les accrobaties seraient nécessaires pour résister, faute de toute majorité parlementaire. La Loi 38 sur l'emploi des diplômés, anciens de plus de 10 ans, voté en 2020, constitue l'exemple-type de ces fantaisies. C'étaient les islamistes d'Ennahdha, épaulés par Qalb Tounes et le bloc Qarama, qui avaient défendu ce projet, contre la volonté du gouvernement Fakhfakh, qui déplorait l'absence de Fonds pour pareil projet. Le gouvernement Méchichi a proposé, dans le projet de la Loi de Finances 2021, de créer un Fonds pour subvenir aux recrutements dans le cadre de la Loi 38/2020. Cela semble cohérent, sauf que Ennahdha et Qalb Tounes s'opposent à cet article de la Loi de Fiances 2021. Ils véhiculent sur les réseaux sociaux que c'est l'opposition qui a crucifié cet article.
L'objectif, c'est de créer du bruit accusant l'opposition, notamment le parti Chaab, auquel appartient Heykal Mekki, le président de la commission des Finances, d'être derrière ce blocage. Ensuite, Ennahdha et Qalb Tounes feraient du bruit pour dire qu'ils sont derrière la réintégration de cet article. Entretemps, Qalb Tounes cherche à négocier des amendements sur le régime des amnisties fiscales, pouvant permettre à Nessma TV d'épurer son registre fiscal. Pareille accrobatie a été déjà rejetée par la commission. C'est à pareils jeux que procèdent les partis politiques face à un gouvernement qui n'a pas vraiment d'alternatives.
Polémique sur la Femme
L'hémicycle de l'ARP connait, par ailleurs, depuis jeudi de véritables tiraillements concernant les acquis de la Femme en Tunisie, entre les députés du Bloc Karama et ceux du Parti Destourien Libre, suite à l'intervention du député, Mohamed Affes, hostile à la Femme, lors de l'examen du Budget du Ministère de la Femme. Le député avait dénigré tous ceux qui défendent les droits des femmes et les libertés individuelles, les accusant d'avoir humilié la femme et les a qualifiés de « traitres » et de « menteurs ». Affes a affirmé, sous la coupôle de l'Assemblée, que son unique référence c'est la Chariâa, qu'il considère comme ligne rouge. Il a, par ailleurs, précisé que les acquis des femmes, prônés par les défenseurs des droits des femmes et des libertés, sont « les mères célibataires, les relations sexuelles hors mariage, le droit à l'avortement, la pratique de l'adultère et de l'homosexualité ». Concernant les mères célibataires, le député les considère « soit des trainées ou des femmes violées ».
De tels propos ont provoqué une onde de choc en Tunisie. L'Union nationale de la femme tunisienne (UNFT) a condamné sévèrement les propos « hostiles aux droits de la Femme » tenus par cet élu, les considérant « une banalisation des réalisations des Tunisiennes et une atteinte aux droits humains et aux conventions internationales », lit-on dans le communiqué, publié à l'occasion. L'UNFT a décidé de saisir la justice pour « pareilles atteintes à la Constitution » . L'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) a également dénoncé les propos du député Affes et compte saisir la justice. Au niveau de l'Assemblée, la présidente du bloc du Parti Destourien Libre (PDL), Abir Moussi, a appelé à tenir une réunion du bureau de l'ARP, avec pour seul sujet « publier un communiqué condamnant les propos de l'élu islamiste et présenter les excuses de l'ARP auprès des femmes tunisiennes ». Moussi accuse les islamistes de freiner la tenue de pareille réunion. Il serait utile de rappeler qu'en 2013, alors qu'il était Imam de la Grande Mosquée de Sfax, avant qu'il ne soit destitué en 2014, Affes avait toléré « Jihad Nikah », trouvant alors que « les Moujahdines ont besoin d'apaisement sexuel auprès de femmes recrutées pour cette tache ». Et plusieurs femmes tunisiennes avaient émigré en Syrie et Libye pour de pareilles sales besognes. Certaines sont rentrées avec leurs enfants.
Tunis
De notre correspondant
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