Algérie

Débat sur le «fonds»



On a débattu hier, au forum d'El Moudjahid, des fonds souverains, même si une panne d'électricité a écourté la rencontre. Dans l'ordre des choses, sur ce genre de questions nouvelles, on a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Quoi de plus normal dès lors qu'il s'agit du placement de fonds publics et que cela comporte une part de risques.

Des pays du Golfe ont certes essuyé les plâtres avec la crise des subprimes mais la manne financière aidant, ils ont pu prendre des actions dans des banques en difficulté. On a beaucoup - et surtout - entendu ceux qui sont contre. Ils ont des arguments raisonnables: il ne faut pas prendre des risques, nous n'aurions pas la capacité managériale, les fonds souverains commencent à susciter la suspicion des Etats occidentaux qui n'aiment pas qu'on vienne prendre leur fleuron industriel et qui soupçonneraient des investissements à but politique... Mais ces fonds souverains ont bien été d'un grand secours aux banques au moment de la crise des subprimes et les financiers n'ont pas la même suspicion que les politiques. Mais cette prudence peut aussi être lue comme une attitude conservatrice, celle qui préfère les placements pépères et peu rémunérateurs des bons de Trésor américain à une gestion plus dynamique des réserves de change.

Des paroles raisonnables ont été également dites sur l'intérêt à investir dans le secteur productif plutôt que d'aller renflouer les entreprises étrangères. Encore faut-il avoir une politique économique qui permet de relancer l'investissement productif, qui encourage l'entreprise algérienne. C'est une question essentielle et le patronat algérien, contraint dans l'expression, rage en silence contre des choix d'investissements et leurs échéanciers qui les excluent de fait.

On n'est pas loin du débat algérien sur les fonds souverains. Ce dont il est question est bien de l'usage économique de la manne financière accumulée avec l'augmentation des prix du pétrole. Si la question des fonds souverains est devenue « algérienne », c'est bien entendu au regard de ce que font d'autres pays pétroliers, du Golfe à la Norvège. Elle l'est devenue surtout en raison de l'augmentation régulière des réserves de change. Ceux qui ont préconisé la constitution d'un fonds souverain ne le font pas par pur mimétisme. Ils constatent seulement que l'économie algérienne n'a pas la capacité d'absorber ces fonds qui s'accumulent et préconisent une gestion qui permet de les rentabiliser. La question du risque ne leur échappe pas.

M. Chakib Khelil, le ministre de l'Energie, en évoquant la possibilité de constituer, dans quelques années, un fonds souverain algérien, fait une anticipation raisonnable sur des recettes d'hydrocarbures qui vont augmenter et donc des réserves de change aussi. Et il faudra bien, à défaut de pouvoir en injecter une partie dans l'économie, leur trouver une utilisation.




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