Algérie

Débat sur la corruption


La corruption en Algérie a fait l'objet, hier, d'un débat assez intéressant au cours d'une rencontre organisée par les Douanes algériennes en collaboration avec l'Organisation mondiale des douanes. L'évaluation sur la corruption faite par deux hauts responsables mérite qu'on s'y attarde, car il est vrai que ce sujet est généralement effleuré dans les rencontres. Il est même traité à partir de slogans ou de formules généralistes spécialement conçus pour une consommation de circonstance.Si le directeur général des Douanes algériennes, Mohamed Abdou Bouderbala, a déclaré que «la corruption au sein des douanes est insignifiante. Il n'y a rien d'extraordinaire. Il n'y a pas de grande corruption». Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a par contre estimé que «personne ne peut nier qu'il y a des insuffisances, personne ne peut nier qu'il y a existence de la corruption et qu'il y a matière à travailler».
Si le premier responsable des Douanes tient à protéger l'institution qu'il dirige, le ministre ne peut nier «le fléau» qui touche tous les secteurs d'activité, à tel point que l'expression «démocratisation de la corruption» est entrée dans le langage politique.
Il est très difficile d'affirmer que l'institution des Douanes n'est pas touchée par la corruption quand on voit partout dans le pays le nombre de produits contrefaits en vente dans les magasins. Comme il n'est pas juste d'affirmer que des fonctionnaires des Douanes ne luttent pas contre la corruption.
Lors de la vague de froid qui a touché le pays récemment, pour ne citer que cet exemple, les citoyens ont constaté que la vente d'appareils de chauffage contrefaits (et mortels) était pratiquement «officielle» dans les magasins. Les pièces de rechange et autres accessoires d'origine douteuse (mortels eux aussi) sont également vendus au vu et au su de tout le monde. Des produits importés d'Asie et ramenés par conteneurs. Sans parler des produits cosmétiques exposés partout dans les magasins et vendus au grand jour.
Les citoyens ciblent les douanes parce que l'Algérie importe pratiquement tout et que les 46 milliards de dollars de produits introduits dans le pays passent par les services des Douanes, produits d'origine et produits contrefaits. Or, ces derniers ne peuvent être introduits que grâce à des complicités au niveau des ports et aéroports.
En niant la réalité et en essayant de la cacher, on encourage en quelque sorte la corruption.
Sur un autre plan, si le ministre refuse de nier l'existence de la corruption en rappelant les efforts faits pour la combattre, il laisse l'opinion sur sa faim. Car le grand problème de la lutte contre la corruption en Algérie est l'absence de suivi dans cette lutte, puisque généralement, ce sont les seconds couteaux qui sont ciblés. Tant que ce fléau n'est pas combattu sérieusement, il ne faut espérer aucun changement dans le pays.
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