Algérie

Débat autour de la fessée (II)



Débat autour de la fessée (II)
Si le journaliste a le sentiment objectif d'être « libre », c'est que son opinion personnelle coïncide avec celle de son employeur. L'idéologie, c'est d'ailleurs toujours ce qui émane des autres : islamistes, terroristes, communistes, antimondialistes, révisionnistes...Le journaliste aligné, lui, ne fait jamais dans l'idéologie, il exprime une pensée. Il pense, donc il suit... même si l'on débat de la fessée. Cela dit, on ne peut pas exiger d'un journaliste - aussi aligné et aussi conciliant soit-il - qu'il fasse sans cesse l'éloge de la politique, de l'idéologie et des personnes que ses employeurs lui demandent de défendre ou d'encenser. Dans la vie d'un plumitif professionnel, il faut aussi une place pour la critique. La difficulté en la matière réside dans le fait qu'on risque à tout moment d'enfreindre un tabou ou de s'attirer les foudres des tribunaux. Il y a, bien sûr, la critique souhaitée, « politi-quement correcte », celle qui fait partie des exigences de la profession et qui constitue le revers de la médaille idéologique imposée : donner la fessée à quiconque déplaît aux maîtres (Poutine, Ahmadinejad, Chavez, Castro, les Chinois, la Corée du Nord, les Serbes, la Stasi, les « staliniens », les Arabes, les musulmans et tous les adversaires d'Israël, les « négationnistes », les « antisémites », etc.) - la liste est longue. Mais le plus excitant consiste à attaquer des gens qui, la veille encore, étaient bien en cour ou dont personne ne se préoccupait. On donne ainsi l'impression de faire son travail, d'avoir mis le doigt sur un gros scandale ou sur un gros dysfonc-tionnement. On dénonce sans risque, on frappe à bras raccourcis sur quel-qu'un qui ne peut pas se défendre ou dont on sait qu'il ne le fera pas. De préférence des vedettes déchues ou presque, ou des fraudeurs fiscaux célèbres. A la rigueur, quand on n'a personne d'autre sous la main, des « parasites sociaux » anonymes qui essaient d'arrondir un peu leurs fins de mois, des « hackers » antimon-dialistes ou des « pirates » de 14 ans qui en ont marre de payer chère-ment pour un CD... C'est bien pratique et ça détourne l'attention de la réalité et des vrais problèmes dont il ne faut surtout pas parler : les dizaines de milliards de cadeaux faits aux grandes entreprises, le flicage systématique de la population, les pouvoirs illimités de la mafia musicale, les véritables abus des parasites antisociaux proches du gouvernement, les stars d'Hollywood qui s'opposent à la guerre, etc. « Le manque de logique, c'est-à-dire la perte de la possibilité de reconnaître instantanément ce qui est important et ce qui est mineur ou hors de la question ; ce qui est incompatible ou inversement pourrait bien être complémentaire ; tout ce qu'implique telle consé-quence et ce que, du même coup, elle interdit ; cette maladie a été volontairement injectée à haute dose dans la population par les anesthésistes-réanimateurs du spectacle. », disait le sociologue Guy Debord (1931-1994), dans son ouvrage La Société du spectacle. (suite et fin)




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