Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) a organisé, hier, une rencontre à
l'hôtel Sofitel d'Alger autour de la question du
«dispositif de développement de l'investissement en Algérie».
Le cadre législatif mis en place par le gouvernement en matière de
politique d'investissement n'est pas tout à fait du goût du FCE. Réda Hamiani, lors d'une
allocution, qualifie cette politique «d'ambivalente faite d'ouverture, de
contraintes et de dysfonctionnements».
Même s'il a essayé de ménager le gouvernement, le président du FCE a été
critique envers le dispositif de développement de l'investissement dans notre
pays en soulignant, toutefois, que «nous ne voulons pas apporter des avis
tranchants».
La rencontre organisée hier vise, ajoute Hamiani,
à faire un «état empirique» sur les règles régissant l'investissement.
Les responsables du FCE, qui se sont succédé hier à la tribune, ont
décortiqué plusieurs lois en les qualifiant notamment de «mesures de régulation
contradictoires et dont les objectifs sont opposés».
Les critiques formulées par le FCE n'ont pas été appréciées par le
directeur général de l'Agence nationale pour le développement de
l'investissement (ANDI), M. Mansouri, qui a vite fait
de réagir lors du débat.
Il soulignera, à cet effet, que depuis la promulgation de la règle du 51/49%,
l'engouement en matière d'investissements en Algérie n'est pas remis en cause.
Pour étayer ses dires, le directeur général de l'ANDI
fait savoir que plus de 25 milliards de dollars sont investis ces cinq
dernières années, dont 33% sont des investissements
directs étrangers, les fameux «IDE».
Mieux, M. Mansouri affirme même que le nombre
de dossiers déposés au niveau de l'ANDI a triplé
l'année dernière par rapport à 2010.
Plus de 7.000 dossiers d'investissement sont déposés en 2011, dira le
responsable de l'ANDI qui soutient que «c'est curieux,
mais les investisseurs se sentent plus sécurisés en s'engageant avec d'autres
partenaires».
LES PROPOSITIONS DU FCE
«Placée au centre du dispositif, la notion investissement est
polysémique», estime le FCE dans un document distribué à la presse. Le document
ajoute que cette caractéristique partagée tant par le langage courant que les
dispositifs de promotion de l'investissement se retrouve dans l'ordonnance 01-03
relative au développement de l'investissement qui lui donne, estime encore le
FCE, deux sens, celui «d'investissement-acquisition
d'actifs» et celui «d'investissement-participation».
Cette polysémie, de l'avis du FCE, est aggravée par plusieurs «confusions
terminologiques» autour de la notion d'investissement direct, de partenariat, de
sociétés et d'actionnariat, ce qui rend difficile la compréhension de cette
notion en l'absence de précisons complémentaires.
«Sa manipulation se complique davantage par son insertion dans une
classification de l'investissement en différents types (création, extension, restructuration
et réhabilitation) en fonction de son objectif, lit-on dans le document. Ce
dernier note dans le même cadre que la notion d'investissement fait l'objet de
mesures de régulation consistant, d'une part, en des mesures fiscales
d'incitation et d'orientation et, d'autre part, en des meures de filtration et
d'encadrement.
«De natures différentes et à objectifs opposés, les mesures de régulation
sont, en outre, appliquées de manière concomitante et selon des règles de mise
en Å“uvre atypiques qui s'écartent sensiblement des règles universelles
régissant les mesures de l'espèce», pense le Forum des chefs d'entreprises qui
souligne que «la complexité et l'illisibilité constituent le principal trait de
cette mise en Å“uvre».
Le FCE est par ailleurs catégorique. Il estime que les mesures prises, ces
dix dernières années, ont fini par perdre au dispositif de développement de
l'investissement toute son efficacité, sa cohérence et réduire à néant la
sécurité juridique que de tels instruments doivent avant tout inspirer.
Impacté par plus de 12 lois de finances initiales et complémentaires, deux
amendements à fondements opposés en 2006 et en 2009 ainsi que 4 lois
sectorielles, le dispositif, analyse encore le Forum des chefs d'entreprises, a
fini par éclater en s'éparpillant sur une pluralité de textes.
Pour y remédier, le FCE propose «la reconstruction» du dispositif par son
unification dans un seul instrument juridique dans le but «d'éliminer les
contradictions doctrinales, techniques et les confusions terminologiques».
Cette structuration, suggère le FCE, pourrait être bâtie sur des
fondements constitués notamment des principes de «liberté régulée de
l'investissement étranger», «de protection et de garantie restaurée de
l'investissement» et, enfin, de «l'encouragement ciblé de l'investissement». Réda Hamiani est convaincu que l'IDE, «porteur de progrès technique et de compétitivité», est
le seul moyen d'installer la concurrence et le développement dans l'économie
algérienne.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 19/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com