De Tighzert à Soustara, tel est le titre du roman de l'auteur Lounis Amokrane, paru dernièrement aux éditions Galaxie.
Diplômé en médecine nucléaire de l'Institut des sciences et technologiques nucléaires de Saclay en France, Lounis Amokrane est le premier médecin nucléaire en 1980. Deux ans plus tard, il obtient le grade de maître-assistant en médecine. En 1988, il soutient une thèse sur les cancers thyroïdiens. Il a occupé pendant de longues années le poste de professeur hospitalo-universitaire à la faculté de médecine d'Alger. Ainsi, Lounis Amokrane a troqué ses instruments de médecine pour se livrer à c'ur joie à l'écriture autobiographique.
En effet, à travers 262 pages bien pleines, l'auteur convie le lecteur à découvrir les arcanes de son enfance et de son adolescence, dans son village natal à Tighzert, puis ensuite à Soustara. A travers une narration claire, Lounis Amokrane égrène, tel un chapelet, des moments nostalgiques de son existence, révolus à jamais. Au fil de ces souvenirs heureux, c'est toute une époque qui revit. Tighzert est un petit village kabyle, tout près de Beni Douala, chef-lieu de l'ancienne commune, située à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou.
C'est dans ce village enchanteur, plus exactement dans la maison paternelle, que naquit, en 1947, Lounis Amokrane. Ce dernier y passera des moments de bonheur et de complicité avec sa famille et ses camarades. Il brosse des tableaux chatoyants de sa région à la nature luxuriante et s'attarde sur les us et coutumes de la kabylie. Il revient avec précision dans les détails sur sa toute première participation à la célébration du lieu saint du village de son ancêtre, sur le sacrifice du b'uf et de la chorale des femmes kabyles, sur les devinettes et contes que les vieilles femmes se plaisaient à raconter le soir au coin du feu.
Ses moments de jeux avec ses amis du même âge que lui, ses soirées hivernales et la joie du premier printemps occupent une place de choix. Lounis Amokrane se rappelle également du petit déjeuner pris chez Mouloud Feraoun et du tête-à-tête de son père avec Ahmed Oumeri, le célèbre bandit d'honneur. De Tighzert à Soustara se décline également sous la forme d'un roman, où la tristesse
est présente en force. En témoignent ces quelques séquences de vie. Après une année d'études à l'école Ighil Bouzerou, la scolarité de Lounis est interrompue à cause du déclenchement de la guerre de libération. La répression coloniale n'épargne pas la population civile et touchera le père, la mère et le frère de l'auteur.
En novembre 1958, la famille s'établit dans un quartier musulman de Soustara. Le petit garçon poursuit sa scolarité primaire au cours complémentaire Sarrouy. Il y découvre avec ravissement la capitale, ses boulevards, ses squares et ses cinémas. Lounis, dit Younès, accomplira avec brio ses trois années de scolarité perdues. Cette joie sera de courte durée, puisque la folie meurtrière de l'OAS pousse le paternel de Lounis à quitter Alger pour s'installer à Tizi Ouzou. De Thigzert à Soustara est un livre qui dresse des portraits de personnes attachantes, où le récit plein de tendresse est un véritable témoignage du vécu des personnages, ainsi que les noms de villages et de quartiers constituent ainsi une véritable cartographie géographique.
Lounis Amokrane. De Tighzert à Soustara / Editions Galaxie. 262 pages, 2012.
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Posté Le : 19/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nacima Chabani
Source : www.elwatan.com