De rouille et d'os

Que serait l'homme s'il ne disposait pas d'un système aussi parfait que celui qui régit ses articulations ' Il suffirait pour cela de jeter un regard, loin de toute compassion misérabiliste, sur ce que vit un tétraplégique même si cet impressionnant handicap est plus ou moins dépassé, pour ne pas dire domestiqué dans les pays développés grâce à toutes les technologies possibles que la science n'arrête pas de produire par la grâce du génie humain. Mais, hélas il faudrait revenir sur terre et se dire, et que Dieu en préserve tous les semblables, qu'en Algérie il ne faudrait en aucun cas oublier de caresser l'espoir de ne pas se retrouver dans le cas du cul-de-jatte, de l'estropié circonstanciel ou de la personne qui ne disposerait pas, en raison d'un fait de la nature, de ses bras, ses mains ou de l'usage de ce qui fait l'essentiel de l'armature du squelette en l'occurrence la colonne vertébrale. Nul parmi les Algériens n'ignore qu'un léger bobo, dans le meilleur des cas, un grave incident dans le pire qui cloue dans un lit un être aimé, un proche, un ami ne peut que rappeler combien est important l'usage des membres en ce qu'ils confèrent de facilité dans le déplacement et accomplissement de tâches tellement et essentiellement ordinaires qu'utiles. Le cou, les doigts, les mains, les pieds, les jambes ne s'avèrent hélas tellement importants que lorsque tout individu, autre que celui qui est en condamné naturellement à la naissance, en arrive à constater à ses dépens l'extraordinaire utilité, sans doute jusqu'à considérer que «si l'on bouge, on est» comme peut l'être chacun de nos semblables, disposer de la faculté de parler, de voir, de disposer de la plénitude de son système cérébral et se dire finalement que rien ne vaut que d'avoir la santé. Au jour d'aujourd'hui, l'architecture osseuse de l'homme et plus particulièrement de nos concitoyens est otage des accidents de la vie courante, dont malheureusement se placent en pôle position les accidents de la route où le pays détient, pour une fois qu'il en a un, le triste record mondial.A. L.